Le président russe Vladimir Poutine et son homologue iranien Ebrahim Raïssi ont affiché le mercredi 19 janvier leur entente, lors d’une rencontre à Moscou, à un moment décisif des négociations internationales visant à sauver l’accord sur le nucléaire iranien. La partie iranienne a remis à Moscou un projet d’accord de coopération stratégique pour une période de 20 ans, a déclaré le président iranien au terme de leur entretien.
« Nous avons remis à nos collègues russes un document concernant une coopération stratégique entre nos pays pour une période d’au moins 20 ans », a déclaré le président iranien.
« Nous souhaitons que nos relations avec la Russie soient renforcées. Ces relations sont prévues sur le long terme et sont stratégiques », a noté M.Raïssi.
Il a en outre remercié son homologue russe « d’avoir facilité l’entrée de Téhéran dans l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) ». Il s’agit d’une organisation intergouvernementale agissant sur le plan politique et économique en Asie centrale. Elle a pour but la sécurité mutuelle (de ses membres), la coopération politique et militaire ainsi que leur développement économique.
« Nous, en Iran, n’avons pas de limite pour un renforcement de nos liens avec la Russie », a assuré M. Raïssi. Et de souligner que: « ces liens ne seront pas temporaires, mais permanents et stratégiques ».
« Je pense que la situation exceptionnelle d’aujourd’hui demande une synergie significative entre les deux pays contre l’unilatéralisme des États-Unis », a-t-il lancé, rapporte l’AFP.
Poutine: le soutien irano-russe a prévenu les menaces terroristes en Syrie
Pour sa part, M. Poutine a fait l’éloge de la « coopération étroite » entre les deux pays sur la scène internationale et du « contact permanent » entre Moscou et Téhéran.
Le président russe a déclaré que le soutien iranien et russe avait contribué à prévenir les menaces terroristes en Syrie.
S’adressant à M. Raïssi, il a souligné : « Depuis votre investiture, nous sommes en contact permanent, mais en aucun cas, la visioconférence ou les appels téléphoniques ne peuvent remplacer une rencontre en face-à-face. Malgré les conditions difficiles de la pandémie, les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu une augmentation de 6% l’an dernier ».
Et le président russe d’ajouter : « De grands projets bilatéraux sont en cours et nous coopérons dans divers domaines. Nous sommes en étroite collaboration sur la scène internationale. Grâce aux efforts de nos deux pays, nous avons pu aider la Syrie dans la lutte contre le terrorisme international ».
« La situation en Afghanistan présente un intérêt particulier pour les deux parties, et je voudrais discuter avec vous de ces questions importantes », a en outre précisé M. Poutine, cité par le site iranien francophone PressTV.
« En vertu d’un accord intérimaire, les relations entre l’Iran et l’Union économique eurasienne seront élargies et nous travaillons activement à établir une base permanente sous forme d’une zone de libre-échange entre l’Iran et l’Union eurasienne. L’Iran agit en tant qu’observateur au sein de l’Organisation de Shanghai », a-t-il indiqué.
« Nous pouvons dire que nous avons un vaste programme devant nous. Je suis très heureux de vous rencontrer. Tout au début de notre entretien, je voudrais vous demander de transmettre mes meilleurs vœux de santé au Leader de la Révolution islamique l’Ayatollah Khamenei », a dit le président russe.
« Il m’est très important d’avoir votre avis sur le Plan d’action global commun » sur l’Iran, dont le sort fait l’objet de discussions internationales intenses à Vienne, a-t-il en outre précisé.
Ces derniers jours, la Chine et l’Iran ont également prévu de mettre en œuvre un accord de coopération économique et politique stratégique, malgré les sanctions américaines. Il devrait couvrir des secteurs tels que l’énergie, les infrastructures, la sécurité et les communications.
La Russie est – aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Chine, de la France et de l’Allemagne – l’un des pays partie à l’accord conclu en 2015 avec l’Iran sur son programme nucléaire.
L’accord offrait à Téhéran la levée d’une partie des sanctions internationales en échange d’une réduction drastique de ses ambitions dans le secteur nucléaire, placé sous le strict contrôle de l’ONU.
Mais après le retrait unilatéral des Américains de l’accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, Téhéran a progressivement abandonné ses engagements. Les États-Unis ont en retour imposé des sanctions.
Des pourparlers ont été relancés en novembre dernier à Vienne pour annuler les sanctions, faire revenir Washington dans ce pacte et ramener Téhéran au respect de ses engagements.
Après des débuts difficiles, un vent d’optimisme souffle depuis quelques semaines sur les pourparlers à Vienne.
La Russie s’était ainsi dite « optimiste », vendredi, au sujet de ces négociations internationales, notant que des « progrès » avaient été réalisés.
L’ordre du jour de M.Raïssi à Moscou
Rappelons que le président iranien qui est parti pour la Russie à l’invitation officielle de son homologue russe pour développer les interactions économiques, politiques et culturelles, est arrivé ce mercredi après-midi à l’aéroport de Moscou.
Le discours à la session plénière de la Douma, la rencontre avec des Iraniens résidant en Russie et la réunion avec des militants économiques russes figurent à l’agenda du président iranien lors de sa visite en Russie.
Avant de partir pour Moscou, le président iranien a déclaré : « Lors de ce voyage, nous discuterons des relations bilatérales dans les domaines politique, économique, énergétique et aérospatiale. La coopération commerciale et économique du passé n’est pas satisfaisante ni pour les Russes ni pour les Iraniens, il est donc nécessaire de relever le niveau des coopérations bilatérales dans ces domaines. »