La Cour suprême pakistanaise continue mardi à délibérer sur la légalité du processus qui a permis au Premier ministre Imran Khan d’obtenir la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation d’élections anticipées, lui évitant ainsi d’être renversé.
Le Pakistan, une république islamique de 220 millions d’habitants dotée de l’arme nucléaire, qui fête cette année ses 75 ans d’existence, est plongé dans une nouvelle crise constitutionnelle depuis dimanche.
M. Khan, 69 ans, une ancienne star du cricket qui avait remporté les élections en 2018, semblait sur le point de perdre sa majorité parlementaire, l’opposition ayant rallié suffisamment de voix pour faire adopter une motion de censure à son encontre.
Mais une manœuvre de dernière minute, dont la Cour doit dire si elle était légale ou non, lui a permis d’éviter le sort de tous ses prédécesseurs.
Aucun Premier ministre n’est jamais allé au bout de son mandat au Pakistan, un pays qui depuis son indépendance en 1947 a connu quatre putschs militaires réussis et au moins autant de tentatives de coups d’Etat, et a passé plus de trois décennies sous un régime militaire.
Le vice-président de l’Assemblée nationale, un fidèle d’Imran Khan, a refusé de soumettre dimanche la motion de censure au vote, en faisant valoir qu’elle était inconstitutionnelle car résultant d’une « ingérence étrangère ».
M. Khan a plusieurs fois ces derniers jours accusé les Etats-Unis de vouloir obtenir son départ, en raison de son refus de s’aligner sur les positions américaines concernant la Russie et la Chine, et reproché à l’opposition d’être de connivence avec Washington, qui a fermement nié toute implication.
Le chef du gouvernement a ensuite obtenu dimanche du président de la République, Arif Alvi, un autre de ses alliés, la dissolution de l’Assemblée nationale, ce qui entraîne la convocation de législatives anticipées sous 90 jours.
Plus haute instance judiciaire du pays, la Cour suprême est en théorie indépendante. Mais elle a souvent été accusée par le passé d’être aux ordres des administrations civiles ou militaires successives.
Imran Khan restera en poste jusqu’à la formation d’un gouvernement intérimaire chargé d’organiser les élections. Le Premier ministre par intérim est nommé par le président sur proposition de l’actuel chef du gouvernement et du chef de l’opposition dans l’Assemblée dissoute, Shehbaz Sharif.
M. Khan a proposé lundi le nom du précédent président de la Cour suprême, Gulzar Ahmed, qui a quitté ses fonctions au début février.
Mais M. Sharif, le chef de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), qui était pressenti pour devenir Premier ministre si la motion de censure avait été approuvée, s’est refusé à coopérer avec un président qu’il a accusé d’avoir « abrogé la Constitution » en ordonnant la dissolution.
Source: AFP