Le milliardaire américain juif George Soros a prévenu que la civilisation «peut ne pas survivre» à la guerre en Ukraine, estimant toutefois que l’Europe pourrait être dans «une position plus forte» qu’elle ne le pense concernant le gaz russe.
«L’invasion (de l’Ukraine par la Russie) a peut-être été le début de la Troisième guerre mondiale et notre civilisation peut ne pas y survivre», a-t-il déclaré le mardi 24 mai, dans un discours prononcé lors du dîner qu’il organise traditionnellement à Davos (Suisse) en marge de la réunion du Forum économique mondial.
«La meilleure et seule façon de préserver notre civilisation, c’est de battre (le président russe Vladimir) Poutine aussi tôt que possible», a insisté celui qui avait causé la crise de la livre sterling britannique en 1992, en en vendant pour 10 milliards de dollars dans un temps score et qui a été alors baptisé « L’homme qui a fait sauter la banque d’Angleterre ».
L’UE peine actuellement à se mettre d’accord sur un nouveau paquet de sanctions contre Moscou, notamment car certains de ses Etats membres sont très dépendants des hydrocarbures russes pour leur approvisionnement en énergie et rechignent donc à s’y attaquer.
«Je pense que Poutine est très malin et en quelque sorte fait chanter l’Europe en menaçant de couper le gaz. Mais en réalité, son dossier est moins solide qu’il ne le prétend», a déclaré M. Soros.
Il argumente que la Russie a volontairement créé une situation de pénurie l’hiver dernier en stockant son gaz plutôt que de l’envoyer en Europe, ce qui a fait grimper les prix, mais aussi rempli ses réservoirs qui seront «pleins d’ici juillet».
Le président russe «est dans une crise, et il a réussi d’une manière ou d’une autre à terrifier l’Europe». Or «il est dans une situation tendue. Il doit faire quelque chose avec ce gaz, et le seul endroit qui peut l’absorber, parce qu’il y a des pipelines, c’est l’Europe», fait valoir le milliardaire.
Il a précisé avoir expliqué ceci dans une lettre adressée au Premier ministre italien Mario Draghi, à laquelle il a dit n’avoir pas encore eu de réponse.
George Soros a mis en cause en particulier la politique de l’ex-chancelière allemande Angela Merkel pour expliquer la dépendance selon lui toujours « excessive » de l’Europe au hydrocarbures russes. « Elle a passé des accords spéciaux avec la Russie pour la fourniture de gaz, et fait de la Chine le plus gros partenaire de l’Allemagne à l’exportation. Cela a fait de l’Allemagne le pays affichant la meilleure performance (économique) en Europe, mais maintenant il y a un lourd prix payer », a-t-il dit.
Outre Vladimir Poutine, le milliardaire s’en est aussi une nouvelle fois pris au président chinois Xi Jinping, appelant les deux hommes « les deux dictateurs ». « Aujourd’hui, la Chine et la Russie représentent la plus grande menace pour une société ouverte », a-t-il affirmé.
Dans un point de vue publié par Project Syndicate le 11 mars, Soros avait écrit : « Je suis surpris que le président chinois Xi Jinping ait donné carte blanche à Poutine pour cette guerre en Ukraine. »
En 2020, George Soros estimait que la Chine avait détrôné la Russie comme principal ennemi de l’Europe.
Dans son allocution à Davos, Soros a partagé le monde en deux parties : le monde libre et les régimes dictatoriaux et « le monde entre eux est témoin d’une menace existentielle de la civilisation ».
Selon lui, la crise climatique transfrontalière occupe la seconde place après la guerre en Ukraine qui devrait être prioritaire.
Source: Divers