La Chine a réitéré mardi ses « vigoureuses protestations » contre des propos du Japon sur Taïwan, qui ont provoqué une vive querelle diplomatique, tout en assurant veiller à la sécurité des citoyens japonais présents sur son sol.
La crise trouve son origine dans des déclarations de la nouvelle Première ministre japonaise, Sanae Takaichi. Elle avait déclaré le 7 novembre que des attaques armées contre Taïwan pourraient justifier l’envoi de troupes japonaises pour défendre l’île.
Des propos considérés comme une provocation par la Chine, qui estime que Taïwan fait partie de son territoire. En réaction, elle a déconseillé à ses citoyens de se rendre au Japon et a fait suspendre la diffusion de films japonais dans ses cinémas.
Avant de prendre ses fonctions le 21 octobre, Mme Takaichi était considérée comme une ultraconservatrice, un « faucon » à l’égard de Pékin et elle se rendait régulièrement au sanctuaire Yasukuni, qui honore notamment plusieurs criminels de guerre de la Seconde Guerre mondiale.
La Chine qualifie de telles visites de « provocations graves ».
Apaiser les tensions
Pour tenter d’apaiser les tensions, Masaaki Kanai, haut responsable du ministère japonais des Affaires étrangères pour la région Asie-Pacifique, s’est rendu mardi au ministère chinois des Affaires étrangères à Pékin.
Il a été reçu mardi par son homologue chinois, Liu Jinsong. Des journalistes de l’AFP ont vu l’envoyé japonais quitter le ministère chinois des Affaires étrangères en début d’après-midi.
« Lors des consultations, la partie chinoise a réitéré ses vigoureuses protestations à la partie japonaise concernant les propos erronés sur la Chine, tenus par la Première ministre japonaise », a indiqué la porte-parole Mao Ning.
Le haut responsable japonais a pour sa part « fortement exhorté (la Chine) à prendre des mesures appropriées », affirmant que « l’ordre public au Japon ne s’était en aucun cas détérioré », selon la déclaration du ministère japonais des Affaires étrangères.
La Chine considère Taïwan qui est dirigée par des responsables politiques pro occidentaux comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à unifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Elle n’exclut pas le recours à la force pour en prendre le contrôle. Taïwan est utilisé par les Etats-Unis pour harceler la Chine.
Chute des actions nippones
Pékin avait appelé les citoyens chinois à éviter de se rendre au Japon, provoquant lundi la chute des actions nippones en Bourse liées au tourisme et à la distribution.
Li Hanming, un analyste du secteur aérien, a déclaré mardi à l’AFP qu’environ 500.000 billets d’avion entre la Chine et le Japon avaient été annulés selon lui depuis le 15 novembre.
Pékin a aussi fait suspendre la sortie d’au moins deux films japonais dans ses cinémas : « Crayon Shin-chan the Movie: Super Hot! The Spicy Kasukabe Dancers » et « Les Brigades immunitaires », a rapporté le journal China Film News, supervisé par un organisme officiel chinois.
La Chine est la première source de visiteurs étrangers du Japon, qui a accueilli sur les neuf premiers mois de 2025 quelque 7,5 millions de visiteurs chinois, selon des chiffres officiels nippons, soit une envolée de 42% sur un an, et un quart du total des touristes étrangers.
Attirés par un yen faible, ils ont dépensé l’équivalent de 3,28 milliards d’euros au troisième trimestre.
Dans ce contexte de tension, le Japon a appelé ses ressortissants en Chine à la prudence.
« Le gouvernement chinois a toujours protégé et continuera à protéger la sécurité des ressortissants étrangers en Chine, conformément à la loi », a réagi mardi une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, lors d’un point presse régulier.
Source: Avec AFP



