Des centaines de milliers d’Iraniens ont manifesté dans plusieurs villes iraniennes ce vendredi 23 septembre pour protester contre les actions de vandalisme et les meurtres qui ont entachés les protestations qui ont éclaté à la suite de la mort de Mahsa Amini, la femme arrêtée par la police des mœurs. Les manifestations de soutien à la police ont eu lieu dans la capitale Téhéran et dans les principales villes du pays comme Ispahan (centre), Tabriz (nord-ouest), Qom (nord) et Ahvaz (ouest).
Elles étaient organisées par le Conseil islamique de coordination du développement, chargé d’organiser des manifestations officielles.
Les manifestants ont brandi pour leur part des pancartes remerciant les forces d’ordre, « colonne vertébrale du pays »,
Dans un communiqué, ils ont condamné « les comploteurs et ceux qui ont violé les préceptes sacrés de la religion ».
« Aujourd’hui plus que jamais, l’arbre de la Révolution est robuste et enraciné », ajoutent-ils.
Une manifestation de femmes a aussi eu lieu pour protester contre les atteintes au port du voile parmi les protestataires dont certaines jeunes filles ont été filmées en train de le brûler. « Prôner la fin du voile, c’est faire la politique des Américains », ont-elles scandé. Elles ont aussi salué les policiers qui ont fait l’objet d’attaques de la part de certains émeutiers.
Par l’arme de la loi
L’imam de la prière du vendredi Sayed Ahmad Khatami a donné le ton dans son prêche à l’université de Téhéran. « Je demande fermement au pouvoir judiciaire d’agir vite contre les émeutiers qui brutalisent les gens, qui mettent le feu aux biens publics et brûlent le Coran », a-t-il dit, selon des images de la télévision d’Etat.
« Punissez ces criminels avec l’arme de la loi », a-t-il lancé.
Au moins 17 personnes ont été tuées dans ces protestations déclenchées par le décès de Mahsa Amini, le 13 septembre, selon un bilan des autorités qui démentent toute implication dans ces violences. Quatre policiers font partie des morts.
Des assassinats ciblés
Dans la province de Qazwin, située à 130 km à l’ouest de Téhéran, son responsable sécuritaire a assuré qu’un membre des bassidji a été poignardé mortellement pendant les actes de vandalisme dans la ville de Takestan; selon le site web de la télévision iranienne arabophone al-Alam.
Il est aussi question dans la ville Alvand, toujours dans la province de Qazwin de la mort d’un fauteur de troubles, tué dans des conditions imprécises.
Un autre bassidji, a également été tué le 22 septembre dans la ville sainte de Machhad, au nord-est du pays, alors qu’il était venu au secours d’un autre bassidji poignardé dans le bras. Rassoul Doust Mohamadi, a été mortellement poignardé dans la poitrine par l’un des fauteurs de trouble qui a pris la fuite avant d’être arrêté plus tard.
Les fauteurs de trouble avaient attaqué un convoi de visiteurs-pèlerins qui voulaient se rendre au sanctuaire de l’Imam Reda.
Toujours dans la ville de Machhad, un policier a été brûlé vif. Les images vidéo postées sur la Toile montrent des jeunes accourir pour éteindre le feu.
Des biens publics et gouvernementaux ont été vandalisés et détruits dans l’après-midi et la soirée de jeudi 22 septembre.
Selon le ministère iranien de la Santé, 61 ambulances ont été détruites par les émeutiers dans le pays.
Mahsa Amini, âgée 22 ans, a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » par la police des mœurs chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République islamique. Elle est décédée trois jours plus tard à l’hôpital.
Les autorités iraniennes qui démentent toute implication dans sa mort, ont diffusé les images qui ont précédé sa mort. Elle était en train de parler avec une agente de la police des mœurs lorsqu’elle s’est effondrée toute seule avant d’être emmenée à l’hôpital.
Le représentant du guide chez la famille de Mahsa
Selon l’agence iranienne Tasnim, le père de Mahsa, Amjad a assuré avoir reçu un appel téléphonique de la part du président iranien Ebrahim Raïssi qui lui a assuré avoir demandé aux services de sécurité concernés de s’enquérir sur les conditions de sa mort.
« Notre seule revendication à ma famille et moi est d’interroger les auteurs qui ont causé la mort de ma fille Mahsa publiquement pour révéler les causes de leur action et les punir », a-t-il souligné pour l’agence iranienne.
Il a assuré que les responsables lui ont promis de suivre l’affaire.
« Leurs déclarations n’ont donné de l’espoir et de la force », a ajouté Amjad, estimant que ceux qui exploitent l’incident de la mort de sa fille « nous n’avons aucun lien avec eux et n’ont aucun lien avec nous, ils ne nous représentent pas et ne veulent pas notre intérêt ».
Les médias iraniens ont rapporté que le représentant du guide suprême « Waliy al-Faqih », Hojjate al-Islam Abdel Reza Poor Zahabi s’est rendu le lundi 20 septembre auprès de la famille de la défunte pour lui présenter les condoléances.
« En tant que représentant du Walih al-Faqih j’ai rassuré la famille de madame Mahsa Amini que toutes les institutions concernées prendront les démarches nécessaires pour défendre les droits de la defunte et aucun droit de sa famille ne sera négligé », a dit cheikh Poor Zahabi.
Assassinats suspects dans la province natale de Mahsa
Dans la province du Kurdistan iranien, d’où est originaire la défunte Mahsa, le gouverneur Ismail Zarei Koucha a rendu compte d’un plan réalisé par un groupe terroriste depuis sa mort.
Il a fait état mardi 20 septembre de trois assassinats dans sa province perpétrés dans des conditions suspectes.
« Un citoyen a été tué dans la ville de Diwan Dareh avec une arme militaire que les forces armées n’utilisent pas, a-t-il fait remarquer.
Et M. Koucha de poursuivre : « la victime a immédiatement été identifiée et avec un portrait et un dossier sur une chaine de télévision hostile à la République islamique d’Iran ».
Le gouverneur iranien a révélé qu’une deuxième personne a été tuée de la même manière et retrouvée à l’intérieur d’une voiture a proximité de l’hôpital Saqaz et une troisième est morte dans des conditions suspectes qui font l’objet d’une enquête.
« Durant les trois derniers jours, les forces de l’ordre ont été tolérantes avec les protestataires et certains de leurs membres ont été molestés et ont dû être hospitalisés », a-t-il poursuivi.
Il a conclu en mettant en garde contre un plan de causer des tués en profitant des dernières protestations et demandé aux familles iraniennes de faire attention à leurs fils.
Le chef du Parlement critique la police des moeurs
Le jour-même, le chef du législatif iranien Mohamad Baqer Qalibaf avait assuré que les instances de contrôle du parlement allaient suivre minutieusement l’enquête sur cette affaire.
« Elles vont enquêter sur les mécanismes, les processus et les moyens d’exécution des patrouilles de la police des mœurs au sein des forces de sécurité intérieure pour éviter la répétition de cas pareils », a-t-il affirmé le 20 septembre.
Il a critiqué le comportement des appareils culturels et sociaux qui selon lui « ne font pas leurs devoirs convenablement concernant le port du voile ».
« Dans des cas pareils, et pour faire face aux infractions, on a besoin de plans plus délicats, de règlement plus limpide et de recourir à des agents plus entrainés de la part des forces de l’ordre, et ce pour empêcher les erreurs individuelles au gout de chacun », a-t-il expliqué.
Mettant en garde contre les tentatives des ennemis de chercher un prétexte pour l’exploiter, inciter à la sédition, et semer le chaos au pays, M. Qalibaf a ajouté : «Hélas, certaines personnes à l’intérieur (du pays, ndlr) agissent d’une façon préméditée ou non préméditée en faveur de l’ennemi. Mais notre peuple, grâce à son intelligence politique, comprend la distinction entre la compassion et l’opportunisme et ne marchera pas derrière les Mounafeghines qui ont tué un jour des milliers de personnes civiles et prétendent aujourd’hui défendre la mort d’une personne. Il ne pleurera pas en raison des larmes de crocodile versées par les médias qui appartiennent à l’Arabie saoudite qui tue les enfants ».
Selon certaines informations de presse iranienne, des éléments appartenant à l’organisation terroriste iranienne Moudjahidines du peuple, soutenue par les Occidentaux, et appelée en Iran les Mounafeghines du peuple, terme qui signifie les hypocrites du peuple ont infiltré les protestations et ont contribué à la violence qui a explosé dans les rues.
Source: Divers