Le Tchad a annoncé la nationalisation jeudi de tous les actifs d’Esso Tchad, une ex-filiale du géant américain des hydrocarbures ExxonMobil dont N’Djamena conteste la vente récente à une compagnie britannique Savannah Energy PLC.
« Sont nationalisés tous les actifs et tous les droits de toute nature découlant des conventions, permis de recherche, autorisations d’exploitation et autorisations de transport des hydrocarbures de la société Esso Exploration and Production Chad Inc », lit-on dans un décret signé par le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno daté de jeudi.
Le gouvernement tchadien a alors contesté l’accord d’acquisition de 407 millions de dollars, affirmant que les conditions finales étaient différentes de ce qu’Exxon avait présenté. N’Djamena a averti à l’époque qu’il pourrait demander aux tribunaux de bloquer l’achat par Savannah des actifs d’Exxon dans le pays et de prendre des mesures supplémentaires pour protéger ses intérêts.
En 2017, la Haute Cour tchadienne a exigé que l’explorateur pétrolier paie 819 millions de dollars de redevances en souffrance après qu’Exxon ait été accusé de ne pas avoir respecté ses obligations fiscales. La société est ensuite parvenue à un accord sur ses paiements d’impôts, évitant une amende de 74 milliards de dollars de la part de ce pays d’Afrique centrale.
Le Tchad possède les dixièmes plus grandes réserves de pétrole d’Afrique, exportant 90% de son brut.
Le 9 décembre 2022, Savannah, qui opère essentiellement en Afrique, avait annoncé par un communiqué qu’ExxonMobil lui avait cédé la totalité des actifs de sa filiale Esso Exploration and Production Chad Inc. qui comprennent notamment des concessions dans certains champs –notamment le gisement de Doba dans le sud– et la vente du pétrole extrait, ainsi qu’une participation dans le pipeline Tchad-Cameroun qui permet d’acheminer le brut jusqu’au port camerounais de Kribi.
Le Tchad avait immédiatement contesté cette vente, assurant qu’elle avait été « réalisée en dépit des objections expresses du gouvernement tchadien » et au mépris de son « droit de préemption ». L’affaire avait été portée devant la ICC qui avait arbitré le 7 janvier en faveur de Savannah Energy.
Le ministre du Pétrole, Djerassem Le Bemadjiel, interrogé par l’AFP sur les raisons de cette nationalisation, n’avait pas encore répondu vendredi après-midi.
Le gisement de « Doba et le pipeline Tchad-Cameroun constituent des actifs vitaux et souverains pour le Tchad, ils ne sauraient être mis en péril par une opération irrégulière », se justifiait son ministère après l’annonce de l’acquisition en décembre dernier.
Le Tchad, vaste pays semi-désertique d’Afrique centrale, est devenu en 2003 l’un des pays africains producteurs et exportateurs de pétrole dont il est devenu très dépendant depuis. Les bénéfices tirés des hydrocarbures représentaient en 2020 11,33% de son PIB, selon la Banque mondiale.
Source: Divers