Des parlementaires français, de retour d’un déplacement dans le nord-est de la Syrie, ont appelé mercredi Paris à « plus de fermeté face à la Turquie », qui poursuit ses frappes et occupe « illégalement » trois enclaves dans cette région.
« Il faut que la voix de la France s’exprime avec beaucoup plus de netteté pour exiger la fin des frappes turques », et « le retrait des troupes turques » du Nord-Est syrien, a martelé le sénateur Pierre Laurent (PCF) lors d’un point-presse.
Entre 2016 et 2019, Ankara a mené trois opérations d’envergure dans le nord de la Syrie contre les organisations kurdes présentes dans la région. Depuis, le Nord-Est syrien est régulièrement la cible de frappes et de raids turcs.
La délégation parlementaire a aussi exprimé son inquiétude vis-à-vis du partage de l’eau entre la Turquie et la Syrie.
« La Turquie viole le droit international notamment en matière d’accès à l’eau », a affirmé la députée EELV (écologistes) Marie Pochon, assurant qu’elle occupait « illégalement des stations de captage d’eau potable dans la région ».
En novembre, Human Rights Watch (HRW) avait déjà accusé la Turquie de contribuer à la propagation du choléra dans le nord de la Syrie en réduisant le débit des eaux de l’Euphrate.
Pour la population du nord de la Syrie, il y a, selon Marie Pochon, « une double menace », la Turquie d’une part et « les cellules dormantes » du groupe jihadiste Daech d’autre part.
Les parlementaires qui se sont rendus à Raqa, Qamichli, Amouda et Hassaké, début avril, demandent donc à la France de « renforcer » son soutien aux Forces démocratiques syriennes (FDS) pour lutter contre « la reconstitution des cellules » de l’EI et « sécuriser » les prisons et les camps où sont détenus les jihadistes et leurs familles.
La délégation, qui comptait aussi dans ses rangs la sénatrice communiste Laurence Cohen, propose par ailleurs la « mise en place d’un tribunal international ad-hoc pour juger les crimes » de l’EI.
Enfin, les parlementaires souhaitent que la France « décuple l’aide (…) à la reconstruction » dans ces zones contrôlées par les FDS en collaboration avec les forces américaines qui y ont établi une douzaine de bases. Ils soutiennent « les efforts entrepris pour la création de conseils régionaux et locaux démocratiques », selon Pierre Laurent, soulignant que pour l’instant, « il n’y a aucun programme international d’aide à la reconstruction pour ces zones ».
Cette visite dans le nord-est de la Syrie s’inscrit dans la continuité d’une tribune publiée par une centaine de parlementaires en juillet qui dénonçait « la politique de guerre du président » turc Recep Tayyip Erdogan à l’égard des Kurdes du nord de la Syrie.
Source: Avec AFP