Le puissant prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, arrive en France ce mercredi 14 juin pour s’entretenir avec Emmanuel Macron.
Selon l’AFP, ce dernier tente de convaincre les pays émergents de condamner « l’invasion russe de l’Ukraine » et de soutenir son « nouveau pacte financier mondial ».
Le président français va recevoir vendredi le dirigeant de facto du riche royaume pétrolier lors d’un déjeuner de travail à l’Elysée, selon ses services.
Le prince, surnommé « MBS » et propriétaire d’une somptueuse résidence appelée Château Louis XIV, près de Versailles, en région parisienne, participera au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, les 22 et 23 juin à Paris, a fait savoir pour sa part le Palais royal saoudien dans un communiqué annonçant cette « visite d’Etat ». Outre les relations bilatérales, les deux hommes évoqueront « notamment la guerre en Ukraine et ses conséquences pour le reste du monde », a précisé la présidence française.
En juillet dernier, lors de la précédente visite à Paris de MBS, tous deux avaient assuré vouloir coopérer pour « atténuer les effets » du conflit. Des défenseurs des droits humains ainsi que la gauche française avaient alors accusé Emmanuel Macron de sacrifier ses principes au « pragmatisme » face à l’explosion des prix de l’énergie liée à la guerre. C’était en effet la première visite en France de MBS depuis l’assassinat en 2018 en Turquie du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, imputé au prince héritier notamment par le renseignement américain et qui lui vaut une réputation sulfureuse en Occident.
L’un des plus grands acheteurs d’armement au monde, l’Arabie saoudite est aussi régulièrement accusée de graves violations des droits humains.
De son côté, Emmanuel Macron affirme vouloir convaincre les pays non alignés de faire pression sur Moscou pour mettre fin à son invasion de l’Ukraine. En mai, il avait mis à disposition du président ukrainien Volodymyr Zelensky un avion français pour qu’il se rende au G7 au Japon, où étaient aussi présents les dirigeants indien et brésilien, en passant par un sommet de la Ligue arabe en Arabie saoudite.
Ce passage lui avait permis « d’avoir un soutien très clair de la part de l’Arabie saoudite et de plusieurs puissances » du Golfe, « ce qui est un vrai tournant », avait assuré le président français.
Emmanuel Macron et MBS vont aussi aborder les « enjeux de stabilité régionale » selon l’Elysée, et donc probablement la crise au Liban, où Ryad conserve une influence majeure, au moment où Emmanuel Macron vient de désigner son ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian comme émissaire personnel pour tenter d’aider le pays du Cèdre à sortir de l’impasse politique.
« Le dossier du Liban qui est très cher à notre président » sera très certainement abordé, abonde Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
« D’autant que c’est aujourd’hui que le parlement libanais doit se réunir, sans doute en vain, mais cela permettra au président et à MBS de faire le point et de voir comment on peut progresser sur ce dossier », a-t-il expliqué à l’AFP.
L’expert souligne que Riyad pourrait notamment « jouer un rôle pour assouplir la position du Hezbollah via l’Iran, pour trouver une solution de compromis » pour un nouveau président libanais. « La question est de savoir si la réconciliation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran peut contribuer à l’apaisement de la vie politique au Liban ».
Denis Bauchard s’attend en outre à ce que le dossier iranien soit évoqué.
« Les Iraniens contribuent-il à calmer le jeu au Yémen ? Sur le dossier nucléaire, les Saoudiens sont-ils inquiets de l’escalade sur le nucléaire ? Ont-ils l’impression que les Iraniens vont aller au-delà du seuil ? » d’enrichissement d’uranium, sont autant de questions que la présidence et sa cheffe de la diplomatie Catherine Colonna pourraient aborder.
Enfin, le président Macron et Mohammed ben Salmane discuteront des préparatifs du sommet de Paris de la semaine prochaine.
L’évènement vise à « faire converger les financements privés et publics là où la planète et les peuples en ont le plus besoin, que ce soit pour lutter contre la pauvreté, conduire la nécessaire transition climatique, et protéger la biodiversité », explique-t-on côté français.
MBS doit par ailleurs assister à une cérémonie prévue le 19 juin dans la capitale française pour officialiser la candidature de l’Arabie saoudite pour accueillir l’exposition universelle de 2030, selon Ryad.
Source: AFP