Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a devancé lundi les critiques contre lui et ses généraux attendues dans un rapport sur la conduite de la guerre dans la bande de Gaza en 2014, en invoquant le rude coup asséné au Hamas.
Ministres et généraux israéliens se préparent à la publication mardi à 14H00 GMT de ce document censé tirer les leçons du plus meurtrier des trois conflits livrés par l’armée israélienne dans l’enclave palestinienne depuis que le mouvement islamiste y a pris le pouvoir en 2007.
Un nouvel incident, comme la frontière en a connu plusieurs depuis 2014, est venu rappeler lundi combien la trêve restait fragile entre Israël et son grand ennemi islamiste.
Quatre Palestiniens ont été blessés par des frappes israéliennes contre des positions du Hamas, en représailles à un tir de roquette en provenance de la bande de Gaza.
Le tir de roquette n’a pas fait de victime en Israël et n’a pas été revendiqué.
Ceux qui l’ont précédé ces derniers mois ont été attribués à des groupes salafistes concurrents du Hamas. Mais Israël frappe lourdement les positions du Hamas à chaque incartade gazaouie.
Le rapport prévu mardi ne devrait pas altérer le cessez-le-feu observé depuis 2014, les deux camps ne paraissant pas vouloir une nouvelle confrontation, au moins pour le moment.
Mais il devrait déclencher les hostilités politiques en Israël, sous l’effet conjugué des tensions persistantes à la frontière et de la situation d’un Premier ministre soumis aux fortes pressions de sa droite et affaibli par plusieurs enquêtes sur des faits présumés de corruption.
Des fuites ont préparé les esprits depuis des mois aux conclusions probables de ce rapport de plus de 200 pages, commencé immédiatement après la guerre par les services du contrôleur de l’Etat, haut responsable chargé d’inspecter les politiques du gouvernement.
M. Netanyahu, son ministre de la Défense de l’époque Moshé Yaalon, le chef d’état-major Benny Gantz et d’autres auraient insuffisamment préparé le pays à cette guerre.
En particulier, les soldats n’auraient pas été préparés à la menace que représentaient les tunnels creusés par le Hamas sous la barrière de béton et de métal qui ferme hermétiquement les frontières entre Israël et la bande de Gaza.
M. Netanyahu et les généraux auraient aussi retenu des informations sensibles qu’ils auraient dû partager avec le cabinet de sécurité restreint.
‘Calculs politiciens’
Le document élaboré par l’ancien général Yossi Beinhorn prouvera que la politique de M. Netanyahu est synonyme « d’échec aussi bien pour la paix (avec les Palestiniens) que pour la sécurité » des Israéliens, a tweeté le leader travailliste d’opposition Isaac Herzog.
« Nous avons infligé au Hamas le coup le plus puissant qu’il ait jamais reçu. Nous avons tué un millier de terroristes du Hamas et ses commandants les plus éminents », a répliqué M. Netanyahu devant des députés de son parti. « Nous avons agi avec force et sens des responsabilités, dans une complète coordination entre responsables politiques et militaires ».
Le ministre Naftali Bennett, un nationaliste religieux qui mène la vie dure au Premier ministre en lui disputant l’électorat le plus à droite, devrait être l’un des premiers à se glorifier d’avoir tenu tête à l’époque à M. Netanyahu et aux généraux et d’avoir réclamé un plan contre les tunnels.
Favori des sondages pour éventuellement remplacer M. Netanyahu, le centriste Yaïr Lapid (opposition) a lui pressé le Premier ministre de reconnaître ses erreurs.
M. Netanyahu, qui doit sa longévité largement à sa réputation en matière de sécurité, s’est employé à convaincre qu’il était au-dessus des « petits calculs politiciens et (des) intérêts personnels » de ses ministres, passés ou présents, et a pris la défense des généraux.
Un rapport critique après un conflit ne sera pas une première en Israël.
Depuis celui sur la guerre au Liban en 2006, l’ancien Premier ministre Ehud Olmert porte aux yeux des Israéliens la responsabilité des ratés de ce conflit.
Mais M. Netanyahu peut se prévaloir, après la guerre de 2014, de ce que le quotidien Maariv décrivait lundi comme « la plus longue période de calme pour Israël sur le front de Gaza depuis 1968 ».
La guerre de Gaza en juillet-août 2014 a fait 2.251 morts côté palestinien, dont 551 enfants, selon l’ONU, et 74 morts côté israélien, dont 68 soldats.
Source: AFP