Mohamed Ali Jr., l’un des neuf enfants de l’ancien géant de la boxe, a mis son patronyme au service de l’opposition démocrate à Donald Trump jeudi, déclarant au Congrès qu’il avait été interrogé à la frontière parce qu’il est musulman.
Le fils de Mohamed Ali est citoyen américain, 44 ans, et sans grande notoriété personnelle au-delà de son illustre père, dont il fut longtemps distant.
Avec sa mère Khalilah Camacho-Ali, la deuxième des quatre épouses du champion de boxe, il a été stoppé à son retour de Jamaïque en février par des agents d’immigration, à l’aéroport de Fort Lauderdale, quelques jours après la signature d’un décret par le président américain fermant les frontières aux ressortissants de sept pays musulmans.
L’affaire a provoqué une controverse car un agent a demandé au fils, à deux reprises selon lui, quelle était sa religion.
« Je suis musulman », avait répondu Ali junior, dont le nom à l’état-civil américain est Muhammad Ali Jr. Finalement, après avoir été retenu pendant une heure et 45 minutes de questions et de vérifications, il a été relâché, ainsi que sa mère.
« J’avais l’impression de me retrouver à l’enterrement de mon père », a-t-il dit jeudi. « Je ne savais quoi dire ».
Le service des douanes et de la protection de la frontière (CBP) n’avait pas commenté spécifiquement l’incident mais dit qu’il « ne discrimin(ait) pas sur la base de la religion, la race, l’ethnicité ou l’orientation sexuelle ».
Les deux Ali ont été invités à témoigner jeudi au Congrès par des parlementaires démocrates, qui estiment que le décret de Donald Trump est anti-musulman, que ce soit dans sa première version (bloquée en justice puis révoquée) que dans sa nouvelle, qui doit entrer en vigueur le 16 mars.
« Ils voyaient que j’étais noir et musulman et pensaient que j’étais un terroriste », a raconté le fils Ali, en martelant qu’il était en possession de ses papiers, notamment de son passeport américain.
« Je me suis dit qu’on était en train de revenir à l’esclavage », a-t-il dit aux élus.
Khalilah Camacho-Ali, également musulmane, a raconté qu’elle a toujours beaucoup voyagé, sans jamais rencontrer de tel problème.
« Je ne me suis jamais sentie aussi mal à l’aise dans mon propre pays », a-t-elle tonné, en apportant son soutien à une proposition de loi démocrate contre le profilage racial.
Pour l’élu démocrate noir John Conyers, « notre pays est sur le point de tourner le dos à notre rôle historique de refuge et de bastion de la tolérance, et d’emprunter le chemin de la paranoïa ».
Source: AFP