Le président libanais élu Joseph Aoun a chargé le juge Nawaf Salam, de former un gouvernement, à la suite des consultations parlementaires obligatoires qu’il a menées lundi.
Salam a obtenu les voix de 85 députés sur les 128 du parlement, il formera donc le premier gouvernement sous l’ère Aoun, élu président de la République libanaise jeudi dernier.
Quant au Premier ministre intérimaire, Najib Mikati, il a recueilli 9 voix, tandis que 4 députés se sont abstenus. Les blocs parlementaires du Mouvement Amal et du Hezbollah n’ont pas nommé de candidat à la tête du gouvernement.
Raad : Certains veulent écorcher la nouvelle ère consensuelle
Le chef du bloc de la Loyauté à la Résistance (Hezbollah), le député Mohammad Raad, a déclaré que la rencontre avec le président de la République « a visé à exprimer des regrets à ceux qui veulent ternir la vision consensuelle de l’ère présidentielle », soulignant le droit de « réclamer un gouvernement sur la base de la constitution, car il n’y a aucune légitimité pour une autorité qui contredit la cohabitation constitutionnelle ».
Raad a ajouté que le bloc de la Loyauté à la Résistance « a fait un pas positif en élisant le président de la République », ajoutant « nous espérions rencontrer la main qui chantait toujours qu’elle était tendue, sauf qu’elle a été tranchée ».
Raad a souligné que « certains se cachent, une fois de plus, délibérément et malicieusement, dans le but de démanteler, de diviser, d’annuler et d’exclure », notant qu’il faut « surveiller et procéder avec calme et sagesse , afin que « nous observions leurs actions afin d’expulser l’occupant de notre terre, récupérer les prisonniers, reconstruire et mettre en œuvre les mesures appropriées, faire respecter la résolution 1701, d’une manière qui préserve l’unité nationale ».
De son côté, le député Ayoub Hmeyed, du Bloc de Développement et de Libération (Mouvement Amal), a expliqué que « le fait de ne citer aucun des noms qui circulent revient au fait qu’il ne doit pas y avoir de contradiction entre la constitution et la cohabitation ».
Il est à noter que les consultations parlementaires obligatoires, afin de choisir un Premier ministre libanais chargé de former le gouvernement, ont débuté au palais présidentiel de Baabda, à l’est de la capitale Beyrouth, lundi matin, selon la constitution libanaise.
Au cours des consultations, le nouveau président de la république libanaise le général Joseph Aoun a reçu les représentants indépendants et les blocs parlementaires, chacun séparément. Il a par la suite annoncé le nom du Premier ministre Nawaf Salam qui a recueilli le plus grand nombre de voix.
Les deux députés libanais Fouad Makhzoumi et Ibrahim Mneimneh qui s’étiaet portés candidat s’étaient auparavant retirés de la course en faveur de Nawaf Salam.
Qui est Nawaf Salam ?
Nawaf Salam est l’actuel président de la Cour internationale de justice de La Haye et le deuxième Arabe à occuper ce poste. Il a obtenu un doctorat en science politique de l’Institut d’études politiques de Paris en 1992, une maîtrise en droit de la Harvard Law School en 1991 et un doctorat en histoire de l’Université de la Sorbonne en France en 1979.
Il a travaillé comme professeur à la Sorbonne et à l’Université américaine de Beyrouth, et comme chercheur invité au Weatherhead Center for International Affairs à Harvard, en plus de pratiquer le droit.
En outre, il a été Ambassadeur et Représentant permanent du Liban auprès des Nations Unies à New York, de 2007 à 2017. Il a également été Vice-Président de la 67e session de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2012 à 2013.
En 2018, il rejoint la Cour internationale de Justice, l’organe judiciaire principal des Nations Unies. Puis en février 2024, la Cour l’a élu à sa tête pour un mandat de trois ans, à l’issue de la fin du mandat de la présidente américaine, la juge Joan E. Donoghue.
Mufti Qabalan : Nawaf Salam doit protéger les équilibres du pays pour que le Liban ne soit pas perdu
Le Mufti jaafarite au Liban, Cheikh Ahmad Qabalan, a déclaré lundi dans un communiqué « qu’avec la nomination de Nawaf Salam à la tête du gouvernement, le pays entre dans une nouvelle phase d’équilibres serrés alors qu’il faut renforcer le nationalisme du Liban et confirmer le partenariat fondateur ».
Le Mufti Qabalan a souligné que « le centre du débat est la souveraineté et la nation par excellence, et la cause est le Liban », ajoutant « il est très important de savoir qui gouverne, la nature de la formation du gouvernement, sa déclaration ministérielle, et vers où l’avenir du pays s’oriente, surtout que le jeu politique est aujourd’hui à son apogée ».
Le Mufti Qabalan a noté : « La réalité du pays est profondément divisée et la tempête internationale frappe en son cœur ».
Il a rappelé que « le Liban traduit un partenariat fondateur qui ne peut jamais être contourné, et les expériences récentes sont extrêmement amères. La valeur du Liban est liée à son partenariat fondateur avec la constitution et à la nature de sa représentation parlementaire. Le contournement du consensus constitutionnel place le Liban au cœur du chaos des nations ».
Et de conclure: « ce qui est exigé du professeur Nawaf Salam est de protéger les équilibres du pays pour que le Liban ne soit pas perdu ».
Source: Médias