Les déclarations de l’ajointe de l’envoyé du président américain Donald Trump ont soulevé un tollé au Liban aussi bien de la part du Hezbollah que d’une partie de la classe politique.
« C’est une ingérence insolente dans la souveraineté libanaise. C’est un manquement aux étiquettes diplomatiques et aux exigences des relations internationales », a été la réaction du chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohamad Raad.
Après avoir rencontré le président de la République Joseph Aoun dans le palais présidentiel à Baabda, Morgan Ortagus a félicité l’allié de son pays « Israël pour avoir vaincu le Hezbollah », insistant « qu’il ne devrait pas être représenté au sein du prochain gouvernement ».
Selon M. Raad, ses propos sont « emplis de haine et d’irresponsabilité ». Et d’assurer : « c’est un affront contre une composante nationale qui fait partie intégrante du consensus national et de la vie politique libanaise ».
Le député Raad a estimé que « la déclaration exprimée par la présidence de république qui s’est démarquée des propos de l’envoyée américaine nous dispense de nous attarder sur ses déclarations ».
Le Bureau médiatique de la présidence libanais a déclaré que « certains propos de l’envoyée américaine au Moyen-Orient Morgan Ortagus à Baabda n’expriment pas notre point de vue et la présidence n’en est pas concernée ».
Raad a poursuivi : « Ce que font les Israéliens, avec l’approbation de l’administration américaine, ne fait que remettre en cause la crédibilité de la démocratie qu’elle revendique à tout moment et en tout lieu. L’image hideuse montrée par la guerre d’Israël contre Gaza et contre le Liban suffit à amener tout le monde dans le monde à juger qui soutient le terrorisme, l’arme, le finance, déplace des gens de leurs terres et les prive de leurs droits, en violation au droit international et à toutes les normes et critères internationaux ».
Et le député du Hezbollah de conclure : « Le vainqueur est celui qui a révélé l’image hideuse de l’agresseur, qui se voue pour commettre un génocide contre les civils, contre les enfants, contre les femmes, contre les maisons et les hôpitaux sûrs, détruisant les quartiers résidentiels, et c’est un envahisseur qui usurpe la terre … Nous misons sur la volonté de notre peuple qui est attaché à l’option de la résistance, qui protège ce pays grâce à l’équation de l’armée, du peuple et de la résistance, qui est l’équation réaliste à travers laquelle le Liban peut être fier pour protéger sa souveraineté. »
Personne ne peut éliminer le Hezbollah
Le mufti Jaafarite cheikh Ahmad Qabalane a également riposté vigoureusement aux déclarations d’Ortagus.
« À l’envoyée américaine, Mme Morgan Ortagus, je dis : le Liban appartient aux Libanais, et le Hezbollah est une force nationale et représentative de la taille du Liban et un partenaire de ses composantes nationales. Le Hezbollah n’a pas été vaincu et ne le sera pas. Aucune force sur terre ne peut l’éliminer. La souveraineté appartient au Liban et à ses composantes nationales uniquement, et non à l’Amérique et à ses projets d’exclusion et de destruction. Le Liban ne sera pas une colonie de l’Amérique ou d’Israël. Le jeu des menaces et des intimidations est vain, et le projet américano-israélien, qui a volé en éclats aux abords de la ville de Khiam, n’existera pas au cœur du système souverain du Liban.
Il a ajouté : « Un gouvernement sans le duo national pousse le pays vers l’inconnu. Il faut se méfier de commettre une erreur avec le président Nabih Berri, car ce serait un désastre aussi grand que la base statutaire du Liban. Nous ne faisons pas partie de ceux qui reculent ou abandonnent le devoir de protéger le Liban et d’assurer sa souveraineté. Tout le monde doit se rappeler que le Liban est le cimetière des envahisseurs et des projets mercenaires. »
« Insolente qui cautionne l’assassinat des enfants »
Après avoir traité Morgan Ortagus « d’insolente qui cautionne l’assassinat des enfants », le ministre du travail Mostafa Bayram a écrit sur sa page X :
« Le Hezbollah, qui a la plus grande représentation démocratique de l’histoire du Liban, restera à jamais victorieux et fait honneur aux peuples libres du monde. Il a humilié votre bande meurtrière à al-Khiyam, brûlé vos camarades à Shamaa, Aïta et à Adaïsseh et a écrasé leur élite».
« Il faut l’expulser du pays »
Le secrétaire général du Parti communiste libanais Khaled Haddadeh a qualifié la réaction de la présidence libanaise comme « insuffisante et ne protège pas la souveraineté ». « A minima, il faudrait la considérer comme indésirable, l’expulser du pays et demander à son gouvernement de la remplacer », a-t-il réclamé.
« Des propos colonialistes »
Le député Yanal Solh de la Bekaa a qualifié les déclarations d’Ortagus « d’ingérence insolente dans les affaires libanaises » et « de propos colonialistes qui illustrent l’hégémonie arrogante ».
« Le Hezbollah fait partie du tissus politique et social libanais personne ne peut l’éliminer ni l’ignorer. Sans les voix du duo chiite, le président n’aurait pas été élu », a-t-il rappelé.
« La résistance, un droit naturel »
Après avoir condamné « son ingérence flagrante dans les affaires internes libanaises », le parti syrien national social a qualifié les propos d’Ortagus d’« indécence sans précédent, d’autant plus qu’elle a remercié l’ennemi sioniste pour sa guerre destructrice et ses crimes contre le Liban et les Libanais. »
Et d’affirmer : « La résistance est un droit naturel garanti par toutes les lois et réglementations locales et internationales. C’est une réaction au crime de l’ennemi qui a envahi notre territoire et en a occupé certaines parties. C’est un choix ferme et définitif jusqu’à la libération et la fin de l’occupation. »
« Un signe de mépris »
Même condamnation d’ingérence dans les affaires internes libanaise de la part du parti du Congrès populaire libanais selon lequel « les félicitations adressées à l’entité sioniste pour avoir tué et blessé des milliers de libanais et d’avoir détruit des villages et des localités constituent un mépris des valeurs morales et humaines les plus préliminaires».
« Les propos de cette sioniste qui a fait exprès de porter une bague avec l’étoile de David pendant sa visite au Liban est un signe de mépris ».
« Il faut refuser de l’accueillir une seconde fois et refuser qu’elle préside le comité de surveillance du cessez-le-feu et demander à l’administration américaine de la changer », a-t-il exigé.
Sur les réseaux sociaux, l’image d’Ortagus portant cette bague pendant qu’elle saluait le président libanais a suscité une vague de protestations.
« Chassez-la du Liban », a réclamé un internaute sur X
« Pendant qu’elle remerciait Israël pour nous avoir tué, cette enfant agonisait à Tayr Harfa », commentait un autre. Dans la journée, une famille de 4 membres sont tombés en martyrs dans l’explosion d’engins piégés laissés par les soldats israéliens dans leur maison au sud du Liban.
Après les propos de l’envoyée américaine, des dizaines de citoyens libanais ont organisé un rassemblement de protestation devant l’aéroport international de Beyrouth.
Source: Divers