Le numéro un syrien a accusé les Occidentaux de bloquer les demandes d’investigation indépendante sur la présumée attaque chimique de Khan Cheikhoun, afin de cacher qu’il s’agit « d’une fabrication et d’un mensonge ».
Lors d’un entretien avec l’agence russe Sputnik, M. Assad a d »abord donné sa version des faits ce 4 avril : « Premièrement, nous ne savons pas si la position que nous avons bombardée ce jour-la vers le milieu de la journée, vers 11h30, était un entrepôt de produits chimiques ou l’entrepôt d’autre chose. Leur version des faits dit que l’attaque a eu lieu entre 6heures et 6h30 et nous n’avons réalisé aucune raid à cette heure-ci. Il y a donc deux possibilités : soit l’attaque a eu lieu en milieu de journée, soit il s’agit d’un évènement fabriqué de toute pièce et non d’une attaque, et je penche pour cette éventualité. »
La frappe américaine préparée d’avance
Selon le président syrien, la frappe américaine qui a été perpétrée par la suite est préparée d’avance. « Ils ne voulaient rien entendre ni enquêter. La seule chose qu’ils ont voulu faire c’est de mener une frappe. Nous croyons que tout a été monté de toute pièce pour la simple raison, que s’il y a eu une contamination de gaz de sarin qui aurait tué 60 personnes, comment peut-elle continuer à vivre normalement. Ils n’ont pas évacué la ville. Personne ne l’a quittée. Et la vie a poursuivi son cours normal. Alors que c’est une arme de destruction massive. »
Il a ajouté que la présumée attaque chimique de Khan Cheikhoun est une mise en scène afin de justifier le bombardement de la base aérienne d’Al-Chaayrate.
La demande d’enquête ignorée par l’Onu
Par la suite, le président syrien a révélé que la demande envoyée par Damas en vue d’une enquête indépendante a été ignorée.
Expliquant que le refus des Occidentaux d’envoyer une délégation pour enquêter sur l’évènement de Khan Cheikhoun est du au fait qu’ils craignent que « soient dévoilés au grand jour leur fabrication et leur mensonge ».
« Formellement, nous avons fait parvenir une lettre à l’Onu où nous avons demandé d’envoyer une équipe d’experts pour enquêter sur l’incident survenu à Khan Cheikhoun. Bien entendu, jusqu’a présent, ils ne nous ont envoyé personne, parce que les pays occidentaux et les États-Unis empêchent l’arrivée de toute délégation », a-t-il déclaré.
Le Président de la Syrie a également souligné qu’après la première attaque perpétrée par les terroristes contre l’armée gouvernementale à Khan al-Assal à Alep il y a quelques années, Damas s’était adressé à l’Onu et avait formulé la même demande. En vain.
« Et puis il y a eu beaucoup de cas similaires, mais l’Onu n’a jamais envoyé en Syrie aucune délégation », a-t-il précisé.
Et d’ajouter que si des experts viennent finalement, ils découvriront que toutes les histoires autour de l’incident à Khan Cheikhoun et de l’attaque sur la base de Chaayrate qui été victime d’une frappe américaine ne sont que mensonges.
« C’est à cause de cela qu’ils n’envoient personne », a-t-il conclu.
Le massacre de Rachidine commis le front al-Nosra
Interrogé par Sputnik sur le massacre de Rachidine, perpétré le 15 avril et ayant couté la vie à plus de 130 habitants (dont 68 enfants) ayant été évacués des deux localités loyalistes Fouaa et Kafarya, le numéro un syrien a accusé le front al-Nosra, de l’avoir perpétré dans ce quartier transit tenu par les rebelles.
Cette branche d’Al-Qaïda en Syrie qui a changé une première fois son nom, sous prétexte qu’elle a coupé les ponts avec l’organisation mère combat actuellement dans les rangs de la coalition Hayat Tahrir al-Cham, dont elle constitue la colonne dorsale. Les dirigeants syriens ne prennent pas au sérieux ces allégations de démarcation d’Al-Qaïda et continuent de l’appeler front al-Nosra.
A cet égard, M. Assad a rappelé que le Nosra avait depuis 7 mois incendié des bus destinés à évacuer les habitants de Fouaa et Kafarya dans le cadre d’un premier accord qui avait alors été conclu. « Ils avaient alors dit qu’ils ne permettraient la sortie d’aucun civil qui voudrait utliser les bus, et c’est ce qu’ils ont fait », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, M. Assad a fait état de négociations en cours pour de nouvelles livraisons d’armes russes à l’armée syrienne, notamment des systèmes de défense anti-aérienne, Damas ayant perdu selon lui « plus de 50% » de ses équipements en la matière.
Des chiffres inexacts
Le président syrien a en outre contesté le nombre de victimes en six ans de conflit, estimées à 320.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés.
« Nous ne pouvons parler que de données officielles. Il s’agit de dizaines de milliers (de morts), et non de centaines de milliers comme l’écrivent les médias », a-t-il assuré, disant retirer de son décompte les disparus et les victimes étrangères.
Les agences internationales dépendent dans leurs estimations du chiffre des victimes donné par l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une officine médiatique de l’opposition pro occidentale siégeant à Londres, lequel donne ses chiffres à la base de sources indéterminées sur le terrain, et surtout non crédibles.
Les chiffres donnés par les médias occidentaux « sont donnés pour gonfler le total, pour montrer à quel point la situation est horrible et l’ et l’utiliser comme prétexte humanitaire pour envahir la Syrie », a-t-il ajouté.
Sources: Sputnik, Al-Manar, Al-Mayadeen, AFP