Le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué mardi les sanctions « pas bonnes » prises par l’Arabie saoudite et ses alliés contre le Qatar, pays avec lequel Ankara compte, a-t-il dit, « développer » ses relations.
« Permettez-moi de dire d’emblée que nous ne trouvons pas bonnes les sanctions prises contre le Qatar », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours devant des ambassadeurs à Ankara, selon l’AFP.
« En tant que Turquie, nous allons poursuivre et développer nos relations avec le Qatar, comme avec tous nos amis qui nous ont soutenus dans les moments les plus difficiles, notamment le putsch du 15 juillet », a ajouté le président turc qui s’exprimait pour la première fois sur ce sujet en public.
L’Arabie saoudite et cinq de ses alliés, dont l’Egypte, ont rompu lundi avec le Qatar, accusé de soutenir le « terrorisme », provoquant une crise diplomatique majeure au Moyen-Orient.
La Turquie entretient des rapports privilégiés avec le Qatar, mais a aussi de bonnes relations avec les autres monarchies du Golfe, notamment l’Arabie saoudite.
De fait, s’il a pris la défense de Doha, M. Erdogan s’est bien gardé d’émettre la moindre critique envers Ryad, appelant les pays membres du Conseil de coopération du Golfe à « résoudre leurs différends par la voie du dialogue ».
« Les efforts en vue d’isoler le Qatar (…) ne permettront de résoudre aucun problème de quelque manière que ce soit », a déclaré M. Erdogan, qui a loué le « sang-froid » et l' »approche constructive » de Doha.
L’Arabie saoudite et ses alliés ont justifié leurs sanctions contre le Qatar en accusant ce riche Etat gazier de « soutenir le terrorisme », une accusation également portée par le président américain Donald Trump.
« Présenter le Qatar comme un soutien du terrorisme, je vois cela comme une accusation grave », a déclaré M. Erdogan. « Je les connais bien (les dirigeants du Qatar), et si cela avait été le cas, j’aurais été le premier chef d’Etat à leur faire face », a-t-il ajouté.
« Dans cette affaire, certains sont en train de manigancer quelque chose, mais nous n’avons pas encore réussi à identifier qui est derrière ce jeu », a énigmatiquement ajouté le chef de l’Etat turc.
« Riyad est une marionnette de Washington »
Entre-temps, le journal turc Yeni Akit, proche du parti au pouvoir de la justice et du développement (AKP), a critiqué, dans son édition du mardi 6 juin, les récentes démarches anti-qataries de l’Arabie saoudite, qualifiant cette dernière de « marionnette » des États-Unis, rapporte PressTV.
La Turquie voit dans le Qatar un partenaire, d’autant plus qu’Ankara et Doha partagent les mêmes points de vue vis-à-vis des Frères musulmans et du dossier syrien.
Du fait de ses relations amicales avec Doha et cordiales avec Ryad, M. Erdogan a entamé depuis lundi une « diplomatie téléphonique » active, s’entretenant avec une dizaine de dirigeants, dont ceux du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Russie et de la France.
« Nous sommes prêts à assumer toutes nos responsabilités afin de permettre qu’une solution aux problèmes que connaissent le Qatar et les autres pays soit trouvée », a déclaré M. Erdogan.
Source: Divers