Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a déclaré dans un entretien publié dans l’édition du 11 juin de la Frankfurter Allgemeine Zeitung que la crise en cours dans les pays du Golfe était «dramatique». Il a en outre alerté sur les risques d’un conflit armé.
Depuis la rupture diplomatique fracassante de l’Arabie saoudite et de ses alliés avec le Qatar, «le danger existe que ce conflit ne devienne une guerre», a estimé Sigmar Gabriel, indique RT.
Celui qui est également le vice-chancelier allemand a fait état de ses discussions avec les responsables de plusieurs Etats, dont l’Arabie saoudite et la Turquie, qualifiant celles-ci de positives.
«L’affaire est sérieuse, mais nous avons de bonnes chances d’aller de l’avant», a-t-il expliqué. Il a cependant précisé que l’Allemagne n’avait pas l’intention de jouer le rôle de médiateur dans ce conflit.
Le 9 juin dernier, Berlin avait déjà lancé un appel à trouver une issue diplomatique au conflit en cours entre les pays du Golfe, demandant la levée du blocus imposé par l’Arabie saoudite et ses alliés au Qatar.
L’Allemagne avait également appelé l’Iran, allié du Qatar et rival de l’Arabie saoudite, à ne rien faire qui «puisse jeter de l’huile sur le feu».
Latente depuis plusieurs années, la crise diplomatique dans le Golfe a éclaté le 5 juin lorsque l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l’accusant d’entretenir des liens avec «des organisations terroristes et des groupes sectaires cherchant à déstabiliser la région, parmi eux les Frères musulmans, Daesh et Al-Qaïda».
Un politologue russe évoque quatre scénarios possibles
Pour le politologue russe et spécialiste du Proche-Orient Vitali Naumkin, quatre scénarios différents sont envisageables dans la crise que traverse le Golfe, rapporte Sputnik.
Tout d’abord, les pays concernés pourraient régler leurs désaccords grâce à la coopération des forces régionales et globales. Le Qatar pourrait ainsi revoir ses prétentions à la baisse sans pour autant sacrifier certaines directions prises en matière de politique extérieure. On pense notamment à sa volonté de se rapprocher de l’Iran et aux liens que Doha entretient avec le mouvement des « Frères musulmans », deux points que le Qatar pourrait avoir à reconsidérer.
Deuxième variante possible: un renforcement de la pression sur le Qatar, conjugué à l’échec des efforts de médiation. Cela entrainerait une menace de confrontation violente conséquemment à un renversement « pacifique » du pouvoir dans l’émirat.
Troisième scénario, la confrontation augmente de telle façon qu’elle pousse le Qatar à entreprendre des mesures bien résolues allant jusqu’à la sortie du Conseil de coopération du Golfe et son rapprochement avec la Turquie et l’Iran. Dans ce cas-là, on ne pourrait pas exclure certains changements dans la politique qatarie vis-à-vis de la crise syrienne. Ainsi, Doha pourrait rejoindre « le trio d’Astana » des pays-garants de l’instauration de la trêve en Syrie.
Et finalement, M. Naumkin ne rejette pas la possibilité d’une escalade brutale du conflit qui pourrait dégénérer avec des conséquences néfastes pour toutes les parties concernées. Toutefois, l’expert estime que ce dernier scénario est le moins probable des quatre qu’il présente, et que même s’il se réalisait, « cette confrontation ne durerait pas longtemps ».
« Je pense que les pays arriveront tout de même à s’entendre car personne n’a d’intérêt à ce que le conflit s’aggrave, lequel implique des pays qui ont en main dans les clés du marché pétro-gazier international », a supposé M. Naumkin, rappelant que le Qatar possédait en outre d’importantes réserves en hélium.
Néanmoins, à en croire l’expert, il n’y a que le trio d’Astana qui tire un certain avantage de ce conflit puisqu’il permet de renforcer la coopération entre les pays-garants du régime du cessez-le-feu en Syrie.
Source: Divers