Le président américain Donald Trump estime que l’Iran ne respecte pas les conditions de l’accord nucléaire et, par conséquent, qu’il est inutile de le respecter.
L’administration du président américain tente de pousser Téhéran à une sortie unilatérale de l’accord pour ne pas y renoncer elle-même et ne pas devoir expliquer sa décision aux partenaires européens. C’est ce qu’ont déclaré des sources diplomatiques russes haut placées et cette information a été confirmée par un interlocuteur de Washington. Avec l’arrivée du républicain dans le Bureau ovale la menace de rompre l’accord historique avec l’Iran est devenue l’un des principaux points de la rhétorique politique du dirigeant américain en plus de la dure rhétorique à l’égard de la Corée du Nord.
Téhéran désapprouve la politique de Washington, ce qui engendre des risques qu’en cas de changement de pouvoir ou de vecteur politique dans le pays l’Iran lui-même pourrait quitter l’accord, explique une source diplomatique russe. Selon elle, tout le monde, sauf les Américains, souhaitent mener l’accord jusqu’au bout et ne voient pas de raison de réduire à néant les accords conclus avec autant de mal entre l’Iran et les Six (USA, Royaume-Uni, France, Russie, Chine, Allemagne).
Le 31 août, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a annoncé dans son rapport que l’Iran respecte les restrictions établies par l’accord sur le programme nucléaire avec les Six. Au 21 août, les réserves d’uranium faiblement enrichi ne dépassaient pas 88,4 kg, ce qui est inférieur à la limite établie à hauteur de 202,8 kg. Le niveau d’enrichissement ne dépasse pas non plus les 3,67% autorisés, et les réserves d’eau lourde — 111 t d’eau lourde au lieu de 130 t.
Cependant, Washington continue de critiquer Téhéran en qualifiant à nouveau l’Iran d’«axe du mal». Plusieurs explications à cela. Premièrement, l’accord iranien est considéré comme l’un des principaux acquis de l’ex-président Barack Obama, or pour le dirigeant américain actuel tous les succès du démocrate deviennent automatiquement des échecs. Pendant sa campagne Donald Trump qualifiait l’accord de «honte pour les USA». Aujourd’hui, il affirme périodiquement que l’accord offre à Téhéran des avantages unilatéraux. Deuxièmement, les marchés mondiaux d’écoulement des hydrocarbures se sont ouverts avec la levée progressive des sanctions contre l’Iran. D’après Vladimir Jabarov, premier vice-président de la commission des affaires internationales du Conseil de la Fédération, les Américains tentent d’écarter un concurrent économique.
«Aux yeux des Américains l’Iran représente un sérieux concurrent pour les fournitures de gaz. L’Iran est l’un des pays disposant des plus grandes réserves de gaz naturel. Etant donné que les USA tentent d’imposer à tout le monde leur gaz liquéfié coûteux, l’apparition d’un nouvel acteur n’est pas bénéfique. C’est pourquoi ils chercheront par tous les moyens à pousser l’Iran dans la zone des sanctions», a expliqué le sénateur.
Le problème de non-prolifération nucléaire est un instrument d’ingérence des USA dans les affaires intérieures d’autres pays, affirme l’expert militaire et spécialiste du Moyen-Orient Vladimir Evseev.
«Les Américains veulent pousser l’Iran à quitter lui-même l’accord. L’abandon de l’accord par les USA créerait de nombreuses complications politiques avec les pays européens qui ont participé à sa mise au point», a déclaré l’expert.
Source: Sputnik