Les ministres russe et saoudien des Affaires étrangères ont privilégié une solution politique pour résoudre le conflit en Syrie. Lors d’une conférence de presse, le ministre russe a ajouté que, suite à cette volte-face saoudienne, Moscou défendait à présent « la même position de l’Arabie saoudite par rapport à la lutte contre les rebelles syriens ainsi que la lutte contre le terrorisme ».
Adel al-Joubeir, le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite, se félicitant à son tour du sommet d’Astana, a privilégié la solution politique pour mettre fin au conflit en Syrie.
Il a ajouté : « Nous venons d’entamer des négociations pour trouver une solution bilatérale sur la Palestine. Nous soutenons les accords internationaux et les efforts de l’ONU pour mettre fin à la guerre au Yémen et tâchons de trouver un accord sur la Libye. »
Selon le ministre saoudien, les relations entre Riyad et Moscou, qui sont en train de connaître une évolution historique, contribueront en grande partie à l’instauration de la sécurité dans la région.
Par ailleurs, al-Joubeir a souligné l’importance du soutien à l’Irak ainsi que la solidarité dont il convient de faire preuve à l’égard de ce pays dans la lutte contre Daech.
Adel al-Joubeir, depuis sa prise de fonction en 2015, n’avait manqué aucune occasion pour médire de l’Iran. Pourtant, ce jeudi 5 octobre, lors de la conférence de presse conjointe avec son homologue russe, il convient de noter qu’il n’a rien dit contre Téhéran, note le site iranien d’informations PressTV.
Le rôle de la Russie au Moyen-Orient
Dans ce contexte, le site d’information russe Sputnik, le voyage en Russie du roi saoudien Salmane ben Abdelaziz témoigne de la volte-face de Riyad et de sa reconnaissance de l’influence de Moscou au Moyen-Orient.
Le roi Salmane a reconnu le rôle important de la Fédération de Russie au Moyen-Orient et déclaré que l’on ne pouvait pas résoudre les crises dans la région sans prendre en considération les intérêts de Moscou, a ajouté Sputnik.
« La Russie ne s’impose pas comme une alternative aux États-Unis, car Washington est l’allié stratégique de l’Arabie saoudite et aucun autre pays ne jouera ce rôle. Bien que le renforcement de l’influence de la Russie au Moyen-Orient provoque la colère des États-Unis, cependant les partenaires traditionnels des États-Unis — l’Arabie saoudite, le Qatar et Israël — portent un intérêt particulier à la Russie. Ce processus ne doit absolument pas être considéré comme une alternative aux États-Unis. Cela est une ouverture à la diversité », a réagi Fyodor Lukyanov, rédacteur en chef de Russia in Global Affairs, dirigeant du Présidium du Conseil sur la politique étrangère et de défense et directeur de recherche du Club de discussion internationale de Valdai.
Rappelons qu’il s’agit de la première visite officielle d’un roi saoudien en Russie. C’est sa première visite à Moscou en tant que souverain, sa deuxième après celle de 2006 alors qu’il était prince héritier. Au terme des négociations entre les chefs d’État russe et saoudien, 14 documents de coopération ont été signés.
Russie et Arabie signent un accord de coopération énergétique d’un milliard $
En fait, les deux pays ont signé la mise en place de deux fonds d’investissement, énergétique et technologique, d’un milliard de dollars chacun, rapporte RT.
Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine a rencontré le roi Salmane d’Arabie saoudite, au cours de la première visite d’un souverain saoudien dans le pays, le 5 octobre. A la suite de l’entretien jeudi entre le président russe et le roi saoudien, les deux pays ont fait savoir qu’ils s’étaient mis d’accord, notamment, sur le lancement d’un programme commun d’investissement dans l’énergie d’une valeur d’environ un milliard de dollars (environ 852,5 millions d’euros).
Un autre accord conclu entre Moscou et Riyad prévoit la mise en place d’un fonds commun d’investissement dans le domaine des hautes technologies, d’un milliard de dollars également.
«Notre coopération présente un large potentiel de développement dans [le domaine de] l’énergie nucléaire. L’Arabie saoudite a lancé un vaste programme d’énergie nucléaire [civil]», a commenté le ministre russe de l’Energie et coprésident de la commission intergouvernementale russo-saoudienne Alexander Novak.
«L’énergie nucléaire peut devenir l’une des sources [d’énergie] de base et un catalyseur supplémentaire de développement économique et d’innovation technologique en Arabie saoudite», a-t-il ajouté, précisant que les deux pays étaient arrivés à un niveau «fondamentalement nouveau» dans leurs relations.
En matière militaire, l’Arabie saoudite a signé avec la Russie un accord préliminaire ouvrant la voie à l’achat de systèmes russes de défense antiaérienne S-400, ainsi qu’à leur production dans le royaume saoudien, pourtant allié traditionnel des Etats-Unis, particulièrement sur le plan militaire.
85 dirigeants d’entreprises majeures et 200 dignitaires saoudiens à Moscou
Présenté comme «historique» par l’agence de presse officielle saoudienne SPA, la visite du roi Salmane à Moscou a permis selon Alexander Novak de renforcer les liens entre les deux pays dans tous les domaines. 85 patrons des plus grandes entreprises du pays ont en effet accompagné le souverain dans son voyage, tout comme 200 représentants et dignitaires du pays.
Le ministre russe de l’Energie a par ailleurs souligné qu’une feuille de route était en cours d’élaboration pour le développement de coopérations dans les domaines économique, scientifique et technologique entre Moscou et Riyad.
Dans le secteur pétrolier, présenté comme l’un des points centraux de la rencontre entre Vladimir Poutine et le roi Salmane, les deux pays espèrent étendre leur accord de réduction de la production de pétrole, pour lutter contre la baisse des cours du brut sur les marchés. Vladimir Poutine a ainsi déclaré le 5 octobre que les engagements de réduction de production de brut conclu entre son pays et l’Organisation des pays producteur de pétrole (Opep) en 2017 pourraient être reconduits jusqu’en mars 2018. La prochaine réunion de l’organisation doit avoir lieu en novembre à Vienne.
La baisse des revenus pétroliers liée à l’effondrement des cours du brut en 2014 (dû en partie à l’essor du gaz et du pétrole de schiste américain), a en effet eu des conséquences douloureuses pour les deux pays dont l’économie est dépendante de la production de pétrole.
Confronté à des déficits budgétaires massifs depuis trois ans, le royaume d’Arabie saoudite a entrepris de diversifier son économie par des réformes massives, et de s’accorder avec les autres pays producteurs de pétrole pour stabiliser les prix de l’or noir sur les marchés, ce qui passe par une réduction de la production.
Source: Médias