Selon le journal libanais Al-Akhbar, l’Arabie saoudite œuvre pour rallier à son rang les tribus arabes au Liban qui sont à la recherche d’un rôle politique.
C’est l’ex-chargé d’affaires de l’ambassade saoudienne au Liban Walid Boukhari qui a inauguré les relations avec elles, après avoir pris conscience de leurs poids démographique non négligeable au Liban. Elles représenteraient 25% de la communauté sunnite au pays du Cèdre.
Selon l’un de leurs notables, cela fait trente ans que ces tribus, naturalisées dans les années 90 du siècle dernier par l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri recherchent une notoriété auprès de l’Arabie saoudite, décrite comme étant « notre profondeur spirituel et arabe ».
M. Boukhari, qui est sous les commandes de Thamer al-Sabhane, ministre d’Etat saoudien connu pour ses tentatives de semer les zizanies là où il est accrédité, avait le pressentiment que « certains sunnites du Liban ne sont pas entièrement fidèles à l’Arabie », rapporte un membre de ces tribus, lesquelles auraient des racines communes avec les Saoudiens.
Selon le chef de l’union des tribus libanaises, Jassem al-Askar, sa tribu Al-Inzi est la même à laquelle appartient la dynastie des Saoud.
Plutôt sceptique par l’intérêt saoudien pour les tribus au Liban, un de leur dirigeant proche du courant du Futur, Riad Daher , s’est confié à Al-Akhbar : « Nous avons passé trente années à courir derrière l’Arabie saoudite. Mais elle ne s’est intéressée à nous que depuis quelque mois. Que s’est-il passé ? Il y a surement quelque chose qui est en train de se tramer pour le Liban et les fils des tribus seront certainement les boucs-émissaires ».
Lors de la célébration du Jour national de l’Arabie organisée le 30 septembre dernier dans l’ambassade saoudienne au Liban, 250 membres des tribus étaient présents. C’etait une première.
« On a cru que c’était une journée pour les tribus, et non pas la fête nationale saoudienne », a commenté un homme politique proche du courant du Futur.
L’intérêt porté sur ces tribus a été renforcé davantage au lendemain de la séquestration du Premier ministre libanais Saad Hariri à Riyad et sa démission forcée, le 4 novembre dernier.
Ayant remarqué que la communauté sunnite libanaise était offusquée par le traitement humiliant réservé à son dirigeant, le chargé d’affaires saoudien s’est dirigé aux tribus et leur a demandé de se rassembler auprès de l’ambassade saoudienne pour soutenir ses positions.
Le courant du Futur est intervenu pour les en empêcher. Mais certains notables ont défié ses demandes, affichant une loyauté totale à l’Arabie saoudite. La participation n’était pas à la hauteur des attentes saoudiennes.
« Même si le royaume séquestre Saad Hariri, nous sommes avec lui », avait alors pesté, le 11 novembre, depuis l’enceinte de l’ambassade saoudienne, le plus loyaliste d’entre eux, Abdel Kader Al-Askar. Chef de l’organisation des jeunes des tribus arabes et appartenant à la tribu Al-Khamaalat , il se vante des liens de promiscuité avec la monarchie des Saoud. Il considère que c’est l’occasion plus que jamais d’introduire les tribus sur l’arène politique libanaise, après des années d’exclusion imposée par le courant du Futur. « La maison des Hariri n’est qu’une illusion sans l’Arabie saoudite », a-t-il pesté.
Tous ne sont pas d’accord avec lui.
« Nous voulons disposer d’une représentation politique. Nous formons 25% des sunnites au Liban. Nous n’avons aucun représentant au Parlement ni dans le gouvernement », s’est plaint M. Daher pour al-Akhbar.
« Nous sommes opprimés et marginalisés, mais nous sommes avec Hariri », a-t-il toutefois conclu.