Le secrétaire général du Hezbollah, Son Éminence Cheikh Naïm Qassem, a affirmé dans un discours prononcé ce samedi qu’Israël s’emploie pour mettre en œuvre son projet de « grand Israël » avec le plein soutien des États-Unis. Il a considéré toutes les mesures prises comme faisant partie de ce projet estimant que ce qui est décrit comme « un retrait n’est qu’une stratégie temporaire, en attendant une amélioration de la situation ».
Tout ce qu’il se passe fait partie du projet du grand Israël
Lors d’une cérémonie organisée par le Hezbollah pour marquer le premier anniversaire du martyre du chef djihadiste, Cheikh Nabil Qaouq, et du chef djihadiste Suhail al-Husseini, Cheikh Qassem a expliqué que les événements survenus à Gaza ces deux dernières années font partie intégrante de ce projet de grand Israël. Il a souligné que les événements dans la région sont interconnectés, la situation à Gaza étant indissociable de celle au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen, en Arabie saoudite, au Qatar et en Iran. Car l’objectif selon lui est unique et le principal acteur est « l’ennemi criminel, Israël », mené par le soutien du « tyran américain Trump ».
Selon lui, « chacun se doit d’affronter ce danger », soulignant que « tout le monde est visé, au Liban et dans toute la région », et insistant que « la confrontation avec « Israël » doit être menée par chaque partie, chacune selon sa position, ses capacités et son plan ». Il a ajouté que même ceux qui doutent de la légitimité de la cause palestinienne « doivent au moins être convaincus que le danger doit être écarté avant qu’il ne les atteigne ».
Il a également déclaré que toute mesure considérée comme faisant partie du projet du « grand Israël » doit être comprise dans le cadre de ce projet global, et qu’il existe « un lien étroit entre les événements survenus dans les différentes arènes du conflit », appelant à une action collective pour faire face aux dangers actuels afin de préserver la sécurité et la stabilité dans la région.
Le plan de Tump semé d’embûches
Le secrétaire général du Hezbollah a déclaré que le plan annoncé par le président américain Trump pour résoudre la question de Gaza, qualifié de « plan de paix », est en réalité un plan semé d’embûches. Il a expliqué que ce plan a été modifié pour convenir entièrement à Israël, modifiant plusieurs points, le transformant en projet politique qu’Israël cherche à réaliser après avoir échoué par l’action militaire, l’invasion, le génocide, la famine et les atrocités commises à Gaza.
Cheikh Qassem a expliqué que l’essence de ce plan est qu’Israël s’appropriera tout : le contrôle sécuritaire du territoire, le désarmement des factions, le retrait complet des combattants et l’administration internationale de la bande de Gaza, laissant les Palestiniens incapables de gérer leurs propres affaires. Il a également déclaré que la libération des captifs qui devraient selon le plan être réalisée dès les premiers jours, priverait la résistance d’un de ses atouts.
Il a estimé que le plan proposé par Trump « est en réalité un plan conforme aux cinq principes établis par le gouvernement israélien pour mettre fin à la guerre », le décrivant comme « un plan israélien sous une forme américaine ou avec une offre américaine ».
Il a ajouté que le moment choisi pour la présentation du plan de Trump vise à redorer l’image d’Israël face à la vague mondiale de condamnations de ses crimes. Il a souligné que « le monde considère désormais Israël comme une entité criminelle, génocidaire et inacceptable, en raison de ses crimes les plus odieux ».
Il a insisté sur le fait que « la plupart des pays du monde soutiennent un État palestinien et s’opposent à la politique de génocide, et que l’opinion publique internationale et populaire s’est clairement mobilisée pour défendre le peuple palestinien ».
Cheikh Qassem a souligné qu’il revient à « la résistance palestinienne, y compris le Hamas et à toutes les autres factions, de discuter et de décider de ce qu’elle juge approprié ».
Les quatre raisons du plan de Trump
Selon lui, il y a quatre raisons pour le plan de Trump de 20 points
Premièrement, ce plan disculpe Israël devant la vague mondiale qui le condamne car le monde perçoir désormais Israël comme un criminel génocidaire des peuples et avec lequel il est impossible de cohabiter. Il aspire à faire sortir Israël du pétrin dans lequel il se trouve en raison de son refus de tout règlement qui accorde aux Palestiniens leurs droits.
Deuxièmement, la plupart des pays du monde, notamment ceux qui sont dans l’ONU sont favorables à un Etat palestinien et sont hostiles au génocide, ils rejettent ce qu’il se passe.
Troisièmement, il y a une action sur le plan populaire aux Etats-Unis, dans les Etats européens. Nous n’avions jamais vu une telle action dans le passé. Ou en est-on aujourd’hui avec l’antisémitisme ? ce qu’Israël a commis ne donne l’occasion a personne de le défendre.
Quatrièmement, la Flottille mondiale Sumud, près d’une cinquantaine de bateaux avec des jeunes venus des Etats européens et des Etats-Unis, l’Amérique du sud et du monde entier, ceux-là c’est en bravant les défis qu’ils veulent venir en Palestine et à Gaza, pour faire cesser la famine et le génocide. Cette action aura des implications importantes pour le présent et l’avenir, et reflète le déclin et la détérioration qu’Israël a connus ».
Hommage à l’Espagne
Cheikh Qassem a rendu un hommage particulier à l’Espagne « pour ses positions courageuses, tant sur le plan gouvernemental que populaire », saluant sa gestion de la question par rapport à d’autres pays. Il a appelé les pays de la région, en particulier les pays arabes concernés par la cause palestinienne, à tirer profit de la position espagnole et de s’abstenir de toute pression sur la résistance, de peur qu’Israël n’en tire profit.
La reddition n’est pas une option pour les Palestiniens
Il a souligné que la reddition n’était pas une option pour les Palestiniens, qui ont tant sacrifié et ont été victimes du génocide, de la famine et des déplacements. « Le peuple palestinien et la résistance ne peuvent capituler et la grande résistance des Palestiniens portera ses fruits en temps voulu ».
Cheikh Qassem a réitéré son appel aux pays arabes concernés à s’abstenir de faire pression sur la résistance, soulignant l’importance de soutenir la détermination du peuple palestinien tout en s’appuyant sur des positions internationales et populaires favorables, pour préserver les droits des Palestiniens et faire face à ce qu’il a décrit comme « des plans qui placent Israël en position de contrôle sur la région, sous un faux prétexte américain de paix ».
Les objectifs d’Israël ne sont pas inéluctables
Le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naïm Qassem, a souligné que le Liban se trouve « dans l’œil du cyclone en raison de l’agression israélienne, de son empiètement et de sa criminalité généralisée, avec le soutien des États-Unis qui déploient toutes leurs forces militaires, politiques et médiatiques, ainsi que par toutes les pressions qu’ils exercent ». Il a mis en garde contre la gravité de la situation et a souligné que « les objectifs d’Israël ne sont pas inéluctables et ne peuvent être atteints par la seule pression politique ».
Selon lui « l’ennemi espère atteindre certains de ses objectifs au Liban après l’accord et l’expiration des soixante jours, mais que cela n’a pas été le cas. La pression s’est poursuivie par le biais des États-Unis et des frappes militaires quotidiennes visant les civils, notamment le meurtre d’ingénieurs et de familles à Bint Jbeil, et la destruction de toute forme de vie, fondée sur la pression exercée sur les résistants pour les affaiblir et les rendre impuissants, facilitant ainsi leur entrée et la mise en œuvre de leurs plans, comme c’est le cas en Syrie ».
Les 5 éléments surprenants pour l’ennemi
Cheikh Qassem a souligné que cinq éléments ont surpris les Israéliens et contrecarré leurs plans au Liban :
« Premièrement, ils espéraient que nous ripostions en violant le cessez-le-feu, ce qui leur fournirait ainsi un prétexte pour de nouvelles brutalités. Mais nous avons abandonné cette démarche après avoir estimé que l’État était responsable et que nous devions faire preuve de patience.
Deuxièmement, ils sont intervenus, par le biais de la médiation américaine, pour construire un État en prétextant que le parti était faible et préoccupé par sa survie, afin de nous exclure et de prendre le contrôle de l’État. Cependant, ils ont été surpris par notre participation active à l’État et par notre intégration à sa structure, par notre importante activité et notre contribution à sa construction et à sa renaissance.
Troisièmement, ils ont tenté d’interférer dans la structure de l’État en détail afin d’obtenir des gains politiques qu’ils n’ont pu obtenir par la guerre. Cependant, l’équation interne les en a empêchés, car nous représentons l’ensemble de notre peuple ; le Hezbollah et le mouvement Amal représentent l’ensemble de leur peuple avec 27 des 27 sièges (pour la communauté chiite, ndlr) au Parlement.
Quatrièmement : Ils ont cherché à semer la discorde avec l’armée libanaise pour la contraindre à combattre la Résistance et son peuple sous le slogan du monopole des armes. Cependant, l’armée a agi avec sagesse, avec une volonté de construire l’État s’est manifestée. L’armée et la Résistance considèrent la discorde comme maudite et ne devrait jamais se produire, et que tout est possible grâce à la compréhension et à la coopération.
Cinquièmement : Bien que nous ne soyons pas à égalité militaire avec « Israël », qui possède une supériorité militaire, nous bénéficions d’une supériorité dans notre foi en la patrie, notre volonté de sacrifice et d’effort, et notre fermeté dans la volonté de résistance. Nous avons un grand peuple historique, invincible. Ainsi, nous avons pu créer un état de parité qui empêche l’ennemi de réaliser ses projets. »
Cheikh Qassem a également souligné qu’« Israël, les États-Unis et leurs laquais ne pourront aller de l’avant car le Liban dispose d’un peuple fort qui croit en sa volonté ». Assurant que « la voie de la reddition mène à l’anéantissement politique, social et humain », il a insisté sur « la nécessité de faire preuve de persévérance et de faire face à l’arrogance et aux projets expansionnistes de l’ennemi ».
L’accord de Taëf n’est pas un point de vue
Cheikh Naïm Qassem a souligné que « le gouvernement devait s’attaquer aux questions centrales du rétablissement de la souveraineté », précisant que « l’accord de Taëf n’était pas un point de vue, mais un accord, et non un instrument d’équilibre des pouvoirs ». « La véritable citoyenneté est ce qui libère et protège le Liban, et le citoyen libanais honorable et respecté est celui qui œuvre avec ses partenaires dans la patrie pour protéger le pays ».
Son Éminence a remis en question les mesures prises par le gouvernement concernant le rétablissement de la souveraineté, soulignant que la clé du rétablissement de la souveraineté réside dans l’expulsion d’« Israël » du Liban et la cessation de l’agression. Il a appelé à « la nécessité de communiquer avec les grandes puissances, d’exercer des pressions, d’agir plus vigoureusement, de soumettre des exigences au Conseil de sécurité et de ne laisser aucune place sans soulever la question de la souveraineté ».
Il a déclaré que « le rétablissement de la souveraineté était essentiel, car il constitue la pierre angulaire du rétablissement de la stabilité et de la reconstruction du pays ».
Condamner Israël dans toutes les séances gouvernementales
Estimant que « le gouvernement avait fait preuve de négligence dans le suivi de cette question », il a dénoncé le fait de « ne pas inclure la question israélienne dans chaque séance gouvernementale, de sorte de pouvoir, à chaque réunion, inclure la question israélienne à l’ordre du jour, critiquer les politiques y afférentes et présenter des propositions appropriées ».
Cheikh Qassem a ajouté que « le plus important concernant les membres du gouvernement est leur responsabilité envers le peuple et la protection du pays ». « Les questions mineures peuvent être réglées et un accord peut être trouvé, mais le plus important est que tous s’unissent pour affronter Israël et restaurer la souveraineté, d’autant plus que cela est stipulé dans l’accord de Taëf ».
La priorité du gouvernement à la reconstruction
Il a en outre appelé à « la reconstruction, comme indiqué dans la déclaration ministérielle, soulignant qu’il s’agit d’un engagement responsable et sage pour lequel des programmes concrets doivent être élaborés ». Il a averti que sans reconstruction, il sera difficile pour le pays d’avancer vers le progrès et la stabilité. « La reconstruction est dans l’intérêt des citoyens et du pays, et elle pourrait engendrer une évolution économique majeure et un mouvement social qui réduira la pauvreté. »
Selon lui, « le gouvernement devrait donner la priorité à la reconstruction et y consacrer un budget concret ».
A la fin de son discours, il a insisté sur le fait que « la loi électorale ne doit pas être adaptée à une situation particulière mais doit être appliquée telle quelle », rappelant son soutien à une représentation équitable.
Il a conclu en rejetant toute tentative d’imposer une représentation sous la pression de la tutelle, car cela est contraire à la véritable citoyenneté.
Source: Al-Manar



