Le président américain Donald Trump doit s’entretenir vendredi avec Theresa May, après avoir torpillé dans la nuit le projet de la dirigeante britannique de relation commerciale avec l’Union européenne après le Brexit.
« S’ils font un tel accord, nous traiterions avec l’Union européenne au lieu de traiter avec le Royaume-Uni », a dit M. Trump au tabloïd The Sun alors que Mme May comptait profiter de sa visite officielle au Royaume-Uni pour faire avancer les discussions sur la conclusion d’un accord de libre-échange avec Washington, une fois que son pays aura quitté l’UE fin mars 2019.
« Cela tuera probablement l’accord » avec les Etats-Unis, a ajouté M. Trump, arrivé au Royaume-Uni jeudi après-midi de Bruxelles où il a sommé ses partenaires de l’Otan de mettre davantage la main à la poche en matière de dépense de défense.
Avant de quitter la capitale belge, il avait porté un premier coup au projet de Mme May, présenté le jour-même, affirmant « ne pas savoir » s’il correspondait au vote des Britanniques de quitter l’UE.
Il n’a pas non plus exclu de rencontrer son « ami » Boris Johnson, partisan d’un Brexit dur, qui a claqué la porte du gouvernement en début de semaine pour protester contre le plan de Mme May et qui ferait, selon lui, un « grand Premier ministre ».
« Cela en dit long sur ses préférences personnelles, et vers quel genre de Brexit dur il veut voir le Royaume-Uni prendre le chemin », a estimé le quotidien The Guardian.
Le plan que Mme May a proposé à Bruxelles prévoit de maintenir des liens étroits avec l’UE à 27 en matière de commerce de biens, en instaurant une nouvelle « zone de libre-échange » qui reposerait sur un ensemble de règles communes concernant les biens et le secteur agro-alimentaire.
Outre le commerce, les échanges entre M. Trump et Mme May porteront sur le Proche-Orient et la Russie, alors que le milliardaire s’apprête à rencontrer pour la première fois le président russe Vladimir Poutine lors d’un sommet à Helsinki lundi.
Manifestation à Londres contre la visite de Trump
Entre-temps, quelques centaines de personnes ont manifesté jeudi soir à Londres dans un vacarme assourdissant pour signifier au président américain qu’il n’était pas le bienvenu au Royaume-Uni.
« Donald Trump n’est pas le bienvenu! » ont scandé en coeur les manifestants rassemblés devant les grilles de Winfield House, résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis dans Regent’s Park.
Pendant près d’une heure de demie, ils ont fait le maximum de bruit possible pour dénoncer les politiques de Trump en matière migratoire, climatique, de sexisme, ou d’armement, équipés de casseroles, sifflets, mégaphones ou crécelles.
« Combien d’enfants as-tu mis en cage aujourd’hui? » ont crié les manifestants, en référence aux enfants retenus par les autorités américaines après être arrivés illégalement aux Etats-Unis. La foule s’est brièvement tue pour écouter la bande-son de leurs pleurs.
« N’importe quel être humain raisonnable serait choqué et scandalisé par cela. Apparemment, Donald Trump ne l’est pas », a dénoncé un des organisateurs de la manifestation, Shabbir Lakha.
Sur les pancartes s’affichaient des messages comme « Trump, une relation spéciale? Dites simplement non », « Enfermez-le », « Dégage » ou « Arrête de mentir ».
« C’est l’un des hommes les plus dangereux de la planète », a mis en garde Sara Jones, une militante contre les armes nucléaires interrogée par l’AFP, fustigeant le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien.
Les manifestants ont hué à pleins poumons quand un hélicoptère a emmené Donald Trump vers Blenheim, imposante résidence de campagne près d’Oxford, où il participe à un dîner de gala.
De nombreuses protestations anti-Trump ponctueront la visite du président américain, la plus massive devant rassembler des dizaines de milliers de personnes vendredi à Trafalgar Square, dans la capitale britannique.
« Cette protestation n’est pas anti-américaine, loin de là. La plupart de ceux qui défileront vendredi aiment les Etats-Unis, comme moi », a indiqué le maire de Londres, Sadiq Khan, dans un communiqué. « Mais avoir une relation spéciale signifie que nous attendons l’un de l’autre les valeurs les plus élevées, et cela implique aussi de dire quand les valeurs qui nous sont chères sont menacées ».
Interrogé sur ces manifestations avant son départ pour Londres, Donald Trump a rétorqué que les Britanniques « (l)’aiment beaucoup ».
Source: Avec AFP