Lors du sommet à Helsinki, Trump a refusé de s’opposer publiquement à Poutine pour l’ingérence dans la campagne présidentielle américaine.
À l’issue d’un tête-à-tête de deux heures, lors d’un sommet à Helsinki lundi,Vladimir Poutine et Donald Trump ont affiché leur volonté d’écrire un nouveau chapitre des relations entre Washington et Moscou.
Mais à cette occasion, les propos tenus par Donald Trump sur le dossier d’une ingérence russe pendant la campagne présidentielle américaine ont suscité un tollé à Washington. « J’ai le président Poutine qui vient de dire que ce n’était pas la Russie […] Et je ne vois pas pourquoi cela le serait », a lancé M. Trump, laissant entendre qu’il était plus sensible aux dénégations du dirigeant russe qu’aux conclusions de ses propres services.
Or cette ingérence a été attestée de façon unanime par les enquêteurs du FBI et les agences américaines du renseignement. Encore lundi, le chef du renseignement, Dan Coats, a confirmé ses certitudes.
Critiques des Démocrates comme des Républicains
Lors de son vol de retour de la capitale finlandaise, le président américain a pu constater les conséquences de sa position vis-à-vis de son homologue russe, se retrouvant vertement critiqué jusque par des ténors du parti républicain. Le sénateur républicain John McCain a ainsi dénoncé l' »un des pires moments de l’histoire de la présidence américaine ». Donald Trump doit réaliser que « la Russie n’est pas notre alliée », a lancé le chef de file des Républicains au Congrès américain Paul Ryan.
Le chef de l’opposition démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a lui accusé le président de la première puissance mondiale de s’être montré « irréfléchi, dangereux et faible » face à son homologue russe. Nancy Pelosi, chef de l’opposition démocrate à la Chambre des représentants, a évoqué « un triste jour pour l’Amérique ».
« Je préfère prendre un risque politique »
La vague d’indignation, d’une rare intensité, a conduit Donald Trump à assurer qu’il gardait une « IMMENSE confiance » dans ses services de renseignement. « Toutefois, je dois aussi reconnaître qu’afin de construire un avenir meilleur, nous ne pouvons pas nous tourner exclusivement vers le passé – étant les deux plus grandes puissances nucléaires mondiales, nous devons nous entendre! », a-t-il ajouté sur Twitter. « Je préfère prendre un risque politique en recherchant la paix plutôt qu’un risque pour la paix pour des raisons politiques » a-t-il ajouté.
Vladimir Poutine a lui réclamé, sur la chaîne américaine Fox News, que les relations américano-russes ne soient pas « prises en otages » par cette enquête, manifestation à ses yeux d’une « lutte politique interne aux États-Unis ». L’enquête menée à Washington sur l’interférence russe en faveur de Trump dans la campagne présidentielle de 2016 a été relancée de façon spectaculaire, à trois jours du sommet, par l’inculpation de 12 agents du renseignement russe accusés d’avoir piraté les ordinateurs du parti démocrate.
« J’espère que nous avons commencé à mieux nous comprendre », a déclaré M. Poutine, évoquant des pourparlers « très réussis et très utiles », tandis que M. Trump louait un dialogue « direct, ouvert et très productif ».
Avec lexpress + AFP