Dans son édition du 27 juillet dernier, le journal américain The Washington Post publie un article signé du journaliste Max Boot qui commence par exposer un tweet virulent de Donald Trump envoyé le lundi 23 juillet au président iranien Hassan Rohani.
« Lundi, le monde s’est réveillé devant une menace sanglante du président Trump au président iranien Hassan Rohani. “NE MENACEZ PLUS JAMAIS LES ÉTATS-UNIS OU VOUS ALLEZ SUBIR DES CONSÉQUENCES TELLES QUE PEU AU COURS DE L’HISTOIRE EN ONT CONNU AUPARAVANT”, a écrit Trump sur Twitter dans un message adressé nommément au président iranien Hassan Rohani et rédigé entièrement en majuscules.
Ce vitriol était motivé par un discours dans lequel Rohani avait dit : “L’Amérique devrait savoir que la paix avec l’Iran est la mère de toutes les paix et que la guerre avec l’Iran est la mère de toutes les guerres.”
La réaction de Trump semblait disproportionnée, trahissant une tentative désespérée de détourner l’attention sur sa soumission à la Russie. Sur CNN, j’ai dit : “Si quelqu’un émet des mots de violence et de mort, je dirais que c’est le président des États-Unis. Nous sommes arrivés à un stade où la gouvernance d’un pays comme l’Iran semble plus stable et rationnelle que celle du président des États-Unis.”
Je suis sûr que tous les partisans de Trump se sont indignés quand il a décrit Vladimir Poutine, véritable spécialiste de la répression et de l’agression, comme une “bonne” personne. Ou quand il a appelé le dictateur nord-coréen Kim Jong-un, qui emprisonne 200 000 personnes dans des camps de concentration, un homme “très talentueux” et “très intelligent” qui “aime beaucoup son pays”.
L’Iran a très bien réussi à répandre son influence à travers le Moyen-Orient. Il domine un “croissant chiite” qui s’étend de Téhéran à Beyrouth. Pour relancer son économie, l’Iran a accepté de suspendre la majeure partie de son programme nucléaire en échange de la levée des sanctions internationales. Et dès que Trump, le président, est entré en fonction, l’Iran a eu l’intelligence de réduire sa chasse aux navires américains dans le golfe Persique afin de ne pas lui donner un prétexte pour une intervention militaire ou un retrait de l’accord sur le nucléaire de 2015.
En revanche, la politique de Trump envers l’Iran n’est ni stable ni rationnelle. Il a quitté l’accord sur le nucléaire et rétabli les sanctions anti-iraniennes. Il semble avoir placé tous ses espoirs dans un changement de régime en Iran, même s’il n’est pas évident que le régime suivant soit plus amical avec les États-Unis. Il ne semble pas se rendre compte qu’en dehors de l’Afrique du Sud, il n’existe pas d’autres exemples de pays qui ait été renversé grâce à l’arme des sanctions : Cuba, la Corée du Nord et le Venezuela ont tous résisté à l’isolement que leur a imposé les États-Unis.
Téhéran soutient toujours des forces alliées en Irak, au Yémen, au Liban et en Syrie. Ce n’est pas dans l’intention d’endiguer la guerre en Syrie que Trump semble désireux de retirer les troupes américaines du pays et de conclure un accord avec Poutine pour restreindre l’influence de l’Iran — ce que Moscou n’a ni l’intérêt ni la capacité de faire.
En bref, la politique du président envers l’Iran semble consister en l’envoi de tweets pétulants et de vœux pieux. Moralement parlant, l’Iran n’est certainement pas supérieur aux États-Unis, mais sa stratégie est nettement plus ingénieuse. »