Les dirigeants américain Donald Trump, saoudien Mohammed Ben Salmane et israélien Benjamin Netanyahu sont « isolés » dans leur opposition à l’Iran, a affirmé lundi le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
« Aujourd’hui, le monde entier a déclaré qu’il n’était plus en phase avec la politique américaine contre l’Iran », a déclaré M. Zarif dans un discours, cité par l’agence de presse semi-officielle Isna.
« Parlez à n’importe qui, n’importe où dans le monde et on vous dira que Netanyahu, Trump et Mohammed Ben Salmane (le prince héritier saoudien) sont isolés, pas l’Iran », a-t-il lancé.
M.Zarif a en outre suggéré qu’il sera difficile de négocier avec Donald Trump après que le président américain a déchiré l’accord sur le nucléaire de 2015 pourtant fruit « des plus longues heures de négociations de l’Histoire », entre les grandes puissances et l’Iran.
« Est-ce que vous pensez que cette personne (Trump) est une personne avec laquelle on peut négocier? Ou est-ce qu’il ne fait que faire l’intéressant? », s’est-il interrogé.
L’Iran s’était déjà montré sceptique face à des déclarations du président américain semblant soudainement ouvrir la voie à des négociations après des mois de menaces contre l’Iran.
A la veille du retour des sanctions américaines contre l’Iran, conséquence du retrait de Washington de l’accord historique de 2015 sur le nucléaire, M. Zarif a reconnu que le pays se trouvait dans une période difficile.
« Bien sûr, l’intimidation américaine et les pressions politiques peuvent provoquer des perturbations, mais le fait est que dans le monde actuel, l’Amérique est isolée », a-t-il assuré.
L’Arabie saoudite et Israël sont parmi les seuls à soutenir fermement la réimposition des sanctions américaines.
Les autres signataires de l’accord de 2015 – la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Chine et la Russie – estiment que l’Iran respecte ses engagements et se sont engagés à sauver l’accord en garantissant à Téhéran des protections économiques.
L’Union européenne a confirmé lundi être « déterminée à protéger les opérateurs économiques européens engagés dans des affaires légitimes avec l’Iran. »
Cette protection se traduira par une législation spécifique qui entrera en vigueur mardi.
L’UE « regrette » les sanctions américaines et veut défendre ses intérêts
« Nous regrettons profondément la réimposition de sanctions par les Etats-Unis, en raison du retrait de ce dernier du Plan d’action global conjoint (JCPOA, le nom officiel de l’accord nucléaire iranien) », ont déclaré les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, les trois pays de l’UE impliqués dans la conclusion de l’accord conclu en 2015, dans un communiqué conjoint avec la cheffe de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini.
« Nous sommes déterminés à protéger les opérateurs économiques européens engagés dans des affaires légitimes avec l’Iran, conformément au droit de l’UE et à la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU. », assure le communiqué.
« C’est pourquoi le statut de blocage mis à jour par l’Union européenne entre en vigueur le 7 août, afin de protéger les entreprises de l’UE qui font des affaires légitimes avec l’Iran contre les conséquences des sanctions extraterritoriales américaines », ont précisé les signataires de la déclaration de l’UE.
« Nous attendons de l’Iran qu’il continue de mettre pleinement en oeuvre tous ses engagements nucléaires au titre du JCPOA », ont-ils ajouté.
« La levée des sanctions nucléaires est un élément essentiel de l’accord – elle vise à avoir un impact positif non seulement sur les relations commerciales et économiques avec l’Iran, mais surtout sur la vie du peuple iranien », souligne le communiqué conjoint.
« Les autres parties au JCPOA (NDLR: la Chine et la Russie) se sont engagées à travailler, entre autres, à la préservation et au maintien de canaux financiers efficaces avec l’Iran et à la poursuite des exportations iraniennes de pétrole et de gaz. Sur ces questions, comme sur d’autres sujets, notre travail se poursuit, y compris avec les pays tiers intéressés à soutenir le JCPOA et à maintenir des relations économiques avec l’Iran », ont précisé les Européens.
« Ces efforts seront intensifiés et réexaminés au niveau ministériel dans les semaines à venir », ont-ils ajouté.
Le secteur de l’énergie sera touché par la seconde vague des sanctions américaines en novembre et la Commission européenne fera des propositions « fin septembre » pour permettre à l’UE de poursuivre ses achats de pétrole iranien, a indiqué à l’AFP une source européenne proche du dossier.
L’Iran exporte 3,8 millions de barils de pétrole par jour. 20% sont achetés par l’UE et 70% par la Chine et d’autres pays d’Asie, d’après les chiffres de l’UE.
L’euro, et non plus le dollar, devrait être la devise utilisée pour les transactions sur le pétrole iranien, réglées via des transferts entre les banques centrales européennes et la banque centrale iranienne.
Source: Avec AFP