Le raid aérien de la coalition menée par l’Arabie saoudite a fait 51 morts, dont 40 enfants, jeudi dans le nord du Yémen, a annoncé mardi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), révisant le bilan à la hausse.
Celui des blessés a atteint les 79, dont 56 enfants, a précisé le bureau du CICR à Sanaa dans un communiqué.
Des funérailles pour de nombreux martyrs de ce raid aérien ont été organisées lundi à Saada.
La coalition saoudo-US a annoncé vendredi l’ouverture d’une enquête, évoquant des « dommages collatéraux subis par un bus de passagers » à l’occasion d’une opération menée par ses forces.
Doutes sur l’enquête saoudienne
L’ONU a demandé une enquête « crédible » après ce massacre, mais experts et ONG doutent que l’Arabie saoudite, qui dirige la coalition impliquée dans ce crime, soit capable ou désireuse de la mener à bien.
La coalition militaire sous commandement saoudien, soumise à d’intenses pressions internationales, a consenti à ouvrir une enquête le 10 août, au lendemain de la mort dans le bombardement d’un bus scolaire des dizaines d’écoliers dans la ville de Dahyan, dans la province de Saada, au nord du Yémen.
Pour l’ambassadrice britannique à l’ONU Karen Pierce, qui préside actuellement le Conseil de sécurité et s’exprime en son nom, cette enquête doit être « crédible et transparente ».
Mais « les enquêtes que l’on mène sur soi-même, sans supervision internationale, posent toujours problème », confie à l’AFP James Dorsey, spécialiste de la région à la S. Rajaratnam School of International Studies de Singapour.
« Les résultats en seront contestés et ne pourront être considérés comme crédibles ».
L’avis d’Akshaya Kumar, directrice adjointe de l’ONG Human Rights Watch pour l’ONU, est plus tranché: « La triste vérité est que l’on a donné aux Saoudiens l’opportunité d’enquêter sur eux-mêmes et les résultats sont risibles ».
Pour Sheila Carapico, professeur à l’université américaine de Richmond, « un raid aérien contre un bus d’écoliers semble être une violation flagrante des lois de la guerre. Mais en l’absence d’enquêteurs professionnels et indépendants, on ne saura sans doute jamais ».
« Malheureusement », confie-t-elle à l’AFP, « l’armée saoudienne va certainement refuser toute enquête indépendante et ses principaux fournisseurs d’armes, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, ne semblent pas prêts à aller dans ce sens. Le royaume d’Arabie saoudite, qui n’a aucune expérience dans ce genre d’enquête, se contente presque toujours de publier des démentis ».
Paris, Londres et Washington n’exigent pas l’envoi d’enquêteurs indépendants
Paris, Londres et Washington, qui soutiennent politiquement et arment la coalition dirigée par Ryad, ont condamné la frappe. Mais ni la France, ni le Royaume-Uni, ni les Etats-Unis n’ont exigé l’envoi d’enquêteurs indépendants, contrairement à ce qu’ont demandé notamment les Pays-Bas, par la voix de leur ambassadrice-adjointe à l’ONU.
Depuis le lancement de l’offensive de la coalition contre le Yémen, les civils ont payé un lourd tribut sans que les responsabilités ne puissent être clairement établies.
En septembre 2015, une salle de mariage a été bombardée par l’aviation de la coalition, faisant 131 morts. En octobre 2016, le pilonnage d’une cérémonie funéraire à Sanaa a causé la mort de 140 personnes.
La guerre saoudo-US contre le Yémen a fait quelque 10.000 morts depuis l’intervention de la coalition sous commandement saoudien en mars 2015 et elle a provoqué « la pire crise humanitaire » au monde, selon l’ONU.
Manœuvres militaires et attaque balistique
Sur le terrain, l’armée yéménite et les forces populaires d’Ansarullah ont mené des manœuvres simulant des attaques contre les forces d’invasion saoudo-US. Les exercices ont été baptisés : « Par nos sangs nous défendons notre honneur ». Le Média de Guerre, outil de propagande des forces yéménites a publié quelques images de ces manœuvres qui interviennent après le massacre des enfants commis à Dahyan.
Par ailleurs, le bastion de la coalition saoudo-US sur le littoral occidental du Yémen a été la cible d’une attaque balistique des forces yéménites.
Ce mardi 14 août, les forces yéménites ont tiré un missile balistique à courte portée contre les attroupements des mercenaires de la coalition sur le front de la côte ouest, a précisé la chaîne de télévision iranienne arabophone Al-Alam.
Selon une source yéménite, le missile a atteint sa cible avec une grande précision.
En outre, les tirs des snipers yéménites ont fait 7 morts parmi les mercenaires de la coalition saoudienne dans le district d’al-Tuhayat à Hodeïda et sur les hauteurs de Jabal al-Doud à Jizane (sud de l’Arabie). Les forces yéménites ont également avorté une progression des mercenaires de la coalition vers la base al-Chabaka, à Najrane (sud de l’Arabie), tuant et blessant un grand nombre d’entre eux.
Au total, les médias saoudiens ont fait état de lourds dégâts infligés par les forces yéménites à la coalition dirigée par Riyad à savoir l’élimination de mercenaires, la destruction de plusieurs véhicules militaires ainsi que la saisie d’une quantité importante d’armements et de munitions.
Avec AlMasirah + AFP+ PressTV