Le mardi 4 septembre a été le plus meurtrier pour la ville de Bassora, au sud d’Irak, et qui est le théâtre de manifestations depuis le 8 juillet dernier, réclamant de mettre fin à la crise sanitaire qui frappe cette région pétrolière, ainsi que des services publics et des infrastructures plus performants. La pollution de l’eau y a conduit plus de 20.000 personnes à l’hôpital.
Six morts ont été recensés parmi les manifestants, et 20 blessés, selon Mehdi al-Tamimi, chef du Conseil gouvernemental des droits de l’Homme dans la province. Des sources médicales ont confirmé ce bilan à l’AFP. M. Tamimi a accusé les forces de l’ordre d’avoir « ouvert le feu directement sur les manifestants ».
Dans un communiqué, le représentant de l’ONU en Irak Jan Kubis a appelé « au calme », exhortant « les autorités à éviter de recourir à une force létale disproportionnée contre les manifestants ».
Lors d’une conférence de presse, le général Jamil al-Chommari, en charge des opérations à Bassora, a fait état de « 30 membres des forces de l’ordre blessés par des jets de grenades et d’objets incendiaires ».
Il a indiqué qu’un couvre-feu nocturne avait été imposé et des renforts déployés.
Le siège du gouvernorat, principal point de ralliement des manifestants qui conspuent l’Etat et ses dirigeants, porte encore les traces des incendies provoqués par les jets de cocktails Molotov et des bâtons de feux d’artifice par des manifestants jusque tard dans la nuit.
En juillet, le gouvernement avait déjà annoncé un plan d’urgence de plusieurs milliards de dollars pour le sud du pays, épargné par la guerre contre le groupe daech (Etat islamique-EI) mais délaissé sur le plan des infrastructures.
Mais les protestataires se méfient des promesses faites par un gouvernement sur le départ, alors que les difficiles tractations se poursuivent pour renouveler la direction du pays.
En milieu de journée, ce mercredi, de nombreux magasins n’ont pas ouvert, tandis que des pneus brûlés gisent sur les artères de la ville, selon un correspondant de l’AFP sur place.
Avant l’annonce des six morts, le Premier ministre Haider al-Abadi avait affirmé avoir ordonné qu' »aucune balle réelle ne soit tirée » lors des protestations.
Le leader Moqtada Sadr, vainqueur des législatives qui tente de former un gouvernement avec M. Abadi, a dénoncé dans un tweet des « vandales infiltrés » parmi les manifestants, reprenant la thèse défendue par les autorités depuis le début de la contestation.