Trois obus se sont abattus tôt vendredi sur la Zone verte où siège l’ambassade américaine à Bagdad.
L’attaque au mortier sur le secteur ultra-sécurisé de Bagdad, un incident rare et dont les auteurs ne sont pas identifiés, n’a fait « ni victime ni dégât », selon le commandement des opérations dans la capitale irakienne.
Elle survient sur fond de contestation sociale dans la province de Bassora, la plus riche en hydrocarbures du pays et pourtant l’une des moins bien dotées en infrastructures, qui s’est soldée par la mort de huit personnes depuis mardi.
Ce mouvement, dénonçant l’incurie de la classe politique, a débuté le 8 juillet pour réclamer eau, électricité et emplois, en pénurie chronique. Il vient d’être relancé par une crise sanitaire qui a mené plus de 30.000 personnes à l’hôpital pour des intoxications à l’eau polluée à Bassora.
Les politiciens, accaparés par les difficiles tractations pour former le futur gouvernement, se rejettent les responsabilités de la crise.
Dans la nuit à Bassora, d’imposants nuages d’épaisse fumée noire et de hautes flammes s’élevaient du siège du gouvernorat, de la résidence du gouverneur provincial, ainsi que des sièges de partis politiques et groupes armés, tandis que des milliers de manifestants étaient de nouveau dans la rue, ont constaté des correspondants de l’AFP.
Dans le chaos créé par ces incendies, « une personne a été tuée et 35 blessées, donc 24 civils et 11 membres des forces de l’ordre », selon un communiqué du ministère de la Santé, qui ne fournit pas d’autre détail.
« Solutions immédiates »
Le dignitaire Moqtada Sadr, vainqueur des législatives, a appelé le Parlement à convoquer le gouvernement pour qu’il expose des « solutions radicales et immédiates ». Il a donné jusqu’à dimanche aux ministres et aux députés pour se réunir.
S’ils ne le font pas, « qu’ils quittent tous leur poste », a-t-il lancé à l’adresse des ministres.
Les USA brandissent la menace de sanctions
Par ailleurs au niveau politique, le porte-parole de l’Alliance du Fatah, proche des groupes de résistance en Irak, a déclaré jeudi 6 septembre que « l’une des méthodes grossières de Brett McGurk est de brandir la menace de sanctions économiques pour faire pression sur les représentants sunnites et les empêcher de rejoindre l’Alliance de la construction qui réunit l’Alliance du Fatah et la Coalition de l’État de droit ».
McGurk a menacé les députés sunnites du gel des aides de Washington à l’Irak et aux régions à population sunnite s’ils rejoignaient l’Alliance de la construction, et d’annuler le permis de séjour des personnalités politiques arabes sunnites dans tous les pays arabes.
Ahmed al-Assadi a indiqué que malgré les menaces de Washington, aucun des députés et partis arabes sunnites ne s’était retiré de l’alliance.
L’Alliance du Fatah et la Coalition de l’État de droit ont jusqu’à présent réussi à recueillir plus de 150 signatures des représentants de diverses circonscriptions irakiennes au nouveau parlement pour former une grande coalition au sein du Parlement et du nouveau gouvernement.
Selon des rapports, Brett McGurk et l’ambassade des États-Unis à Bagdad ont envoyé via des téléphones portables de nombreux messages de menaces à des délégués sunnites, les mettant en garde contre une adhésion à l’Alliance de la construction.
Des groupes de la Résistance islamique en Irak ont émis mercredi une déclaration conjointe qui dénonce l’ingérence notoire de Washington dans les affaires intérieures de l’Irak. « L’intervention des États-Unis dans le processus de formation du gouvernement irakien est une ingérence claire dans le processus politique. Cette pression vise à imposer la politique américano-britannique au peuple irakien et à affaiblir le nouveau gouvernement qui deviendrait un jouet entre les mains de McGurk et de Thamer al-Sabhan (représentant saoudien) », a-t-il indiqué.
Avec AFP + PressTV