L’agence de presse Reuters a publié le 31 août un rapport prétendant que l’Iran aurait livré des missiles balistiques aux Unités de mobilisation populaires en Irak.
La source britannique prétend que l’Iran aurait également aidé les Hachd al-Chaabi à fabriquer les missiles qu’elles utilisent dans la lutte contre les terroristes. Le rapport a été démenti à la fois par les autorités iraniennes et irakiennes.
Alors, une question se pose : pour quelle raison l’Iran devrait-il déployer des missiles en Irak voisin ?
D’après un article paru le 6 septembre sur le site de Middle East Eye, « d’un point de vue militaire, les missiles balistiques iraniens en Irak ont peu d’effet en termes de dissuasion, car la République islamique a démontré que ses missiles pouvaient atteindre des rivaux régionaux tels que l’Arabie saoudite depuis le territoire iranien, ou Israël depuis le territoire libanais grâce à son allié le Hezbollah ».
D’un point de vue politique, le déploiement de missiles en Irak pourrait éventuellement envoyer un avertissement à l’administration Trump suite au retrait américain du Plan global d’action conjoint (PGAC), mais cela décevrait les Européens qui sont toujours engagés à sauver l’accord nucléaire iranien de 2015, a ajouté Middle East Eye.
Le site d’information basé à Londres ajoute : « Lorsque l’on regarde des cartes en deux dimensions indiquant la portée des missiles iraniens ou de ceux d’une autre nation, il est souvent facile d’oublier que les missiles balistiques entrent dans l’atmosphère avant de descendre sur leur cible et que la trajectoire la plus courte est circulaire, tout comme avec les modèles de vol. »
« Si l’Iran tirait des missiles depuis l’Irak, cela augmenterait en fait la trajectoire et la distance que les missiles devraient parcourir pour se rendre par exemple en Arabie saoudite, par rapport à celle qui serait parcourue par des missiles tirés depuis le golfe Persique sur les champs pétrolifères saoudiens ou sur Riyad. Il en va de même pour les missiles du Hezbollah, qui peuvent frapper Israël plus rapidement et plus précisément », a-t-il ajouté.
Ce qui rend le rapport de Reuters difficile à comprendre, c’est que les forces irakiennes chargées de ces armes, contrairement au Hezbollah par exemple, ne constituent pas une force unifiée disposant de l’entraînement et de la discipline nécessaires pour gérer ces armes.
Il est peu probable, selon Middle East Eye que les Hachd al-Chaabi aient la formation nécessaire pour tirer des missiles balistiques, surtout si l’on considère la procédure compliquée d’alimentation en liquide de ces armes.
« On pourrait soutenir que c’est le Corps des gardiens de la Révolution islamique qui contrôle ces armes », note l’article avant d’ajouter que les missiles balistiques, comme le Zolfaghar, doivent être transportés et lancés par de gros véhicules, ces lanceurs de missiles pourraient donc être des cibles faciles à détecter ou à détruire par les forces spéciales américaines en Irak.
Le rapport de Reuters prétend que l’Iran a mis en place trois sites de production de missiles en Irak, dont un au Kurdistan irakien, ce qui soulève à nouveau la question de savoir comment le gouvernement irakien et le gouvernement régional du Kurdistan permettraient cela alors que cela viole la souveraineté nationale et l’article 7 de la Constitution irakienne, qui interdit au territoire irakien d’être utilisé pour attaquer une autre nation.
En outre, les trois prétendus sites sont fixes et ils pourraient donc être facilement attaqués et sabotés.
L’article de Middle East Eye conclut en disant que le rapport de Reuters contredit le comportement relativement prudent de Téhéran en ce qui concerne l’Irak, en particulier à un moment délicat où Bagdad forme un nouveau gouvernement.
La République islamique ne voudrait pas mettre en péril les chances de voir ses sympathisants accéder à de hautes fonctions.
Source: PressTV