Toute religion rejette catégoriquement les effusions de sang, mais lorsqu’elle commence à interférer dans la politique, elle peut en arriver à la radicalisation: dans une interview pour Sputnik, le grand mufti de Syrie Ahmad Badreddin Hassoun a soulevé le problème de la politisation de la religion, qui viendrait renforcer l’islam radical.
Les débats portant sur le rôle de toute religion — que ce soit l’islam, l’orthodoxie ou le catholicisme — dans la politique de tel ou tel pays ne semblent pas vouloir s’estomper, et la Syrie n’y fait pas exception. Ainsi, selon le grand mufti de Syrie Ahmad Badreddin Hassoun, séparer la religion de la politique est une nécessité, le peuple choisissant ni un patriarche, ni un mufti, mais un fonctionnaire, et homme ou femme sa religion importe peu.
«Jésus est unique. La Bible est unique. Dieu est unique. Comment nous sommes-nous divisés en 30 zones d’une même religion? Lorsque la politique interfère dans la religion, la religion devient un parti. Le problème de la religion est que le clergé semble avoir ouvert des magasins et commencé à vendre», déclare le grand mufti dans un entretien pour Sputnik.
À titre d’exemple, Ahmad Badreddin Hassoun rappelle que bien qu’il y ait un grand nombre de pays musulmans sur la planète, l’islam reste unique.
«Il n’y a pas d’islam qatarien, syrien… L’islam est unique. Et la religion chrétienne est elle aussi unique. Mais malheureusement, le clergé a fait alliance avec des politiciens et nous a transformés ainsi en 1.000 confessions religieuses», explique-t-il.
Ainsi, afin de légitimer leur programme politico-religieux, des théoriciens du salafisme djihadiste apparus en Syrie ont développé des interprétations spécifiques de l’islam, expliquant leur mode d’action terroriste.
En outre, toujours selon le mufti Ahmad Badreddin, les tentatives de contrer cet islam radical se heurtent de nouveau au problème de la politique:
«Et quelle est la raison de ce problème? La raison en est la même: l’absence de rapprochement entre les chefs religieux, ainsi que l’engagement de ces derniers pour certaines positions politiques».
Selon lui, il ne reste qu’à attendre: «Lorsque les chefs religieux grandiront, qu’ils auront une philosophie, un message et non un poste, il sera alors possible de prendre des mesures pour résoudre le problème [de l’islam radical, ndlr.]».
L’islam est la religion de 86% des Syriens, dont 82% de sunnites, les autres étant alaouites, chiites et ismaéliens, selon les données du portail Statdata portant sur l’année 2017. C’est de la communauté minoritaire alaouite qu’est issu le Président Bachar el-Assad. Le pays compte également près de 10% de chrétiens. Le 29 juillet 2014, l’organisation terroriste Daech — d’idéologie salafiste djihadiste — a proclamé un califat à cheval sur les territoires sous leur contrôle en Irak et en Syrie.
Source: Sputnik