Le président syrien Bachar al-Assad a signé une nouvelle loi encadrant plus strictement l’activité des religieux musulmans, leur interdisant d’utiliser des lieux de culte à des « fins politiques » ou de voyager à l’étranger sans autorisation, selon les médias d’Etat.
Le texte, adopté mercredi par le Parlement puis signé vendredi par le président, interdit aux imams d’appartenir à des partis politiques non autorisés, de participer à des conférences en Syrie ou à l’étranger et de quitter le territoire syrien sans l’autorisation du ministre des Affaires religieuses.
En 2011, certaines mosquées syriennes étaient devenues le point de départ de manifestations contre le pouvoir syrien. Elles propageaient surtout la pensée wahhabite et celle des Frères musulmans. Ce parti avait tenté de renverser le pouvoir syrien dans les début des années 80 du siècle dernier.
Des manifestations censées réclamer des reformes prodémocratie ont rapidement tourné vers des actions de terrorisme, contre des centaines de policiers et de militaires abattus dans les rues dans diverses régions syriennes. C’est alors que les autorités syriennes ont lancé une campagne de répression contre les auteurs de ces actions et ces derniers n’ont pas tardé à militariser la contestation avec l’aide de puissances régionales et internationales.
Le nouveau texte met en garde les religieux contre « l’incitation à la haine confessionnelle » et « l’exploitation des tribunes (des mosquées) à des fins politiques ».
Il limite également le mandat du mufti de la République, la plus haute autorité musulmane, à trois ans renouvelables, au lieu d’une durée illimitée.
L’actuel mufti, Ahmad Badreddine, occupe cette position depuis 2004.
Dans une récente intervention, il a mis en garde contre le mélange entre la religion et la politique, qui peut générer l’extrémisme.
« Lorsque la religion interfère avec la politique elle devient un parti politique. Le problème est qu’il y a des hommes de religion qui semblent comme s’ils ont ouvert des commerces et se sont mis à marchander », a-t-il déclaré.
Le ministère des Affaires religieuses devra, en parallèle, se « coordonner avec les ministères de l’Information et de la Culture pour superviser les programmes religieux dans les médias, ainsi que les publications religieuses », selon la nouvelle loi.
Cette réforme a suscité différentes réactions. Certains jugent qu’elle permettra de « lutter contre l’extrémisme » et d’autres craignent qu’elle ne soit l’expression d’une volonté de museler davantage les voix dissonantes et critiques du pouvoir.
« Cette loi permet au ministère Affaires religieuses de s’ingérer même dans des activités qui ne relèvent pas de son domaine comme les publications », affirme à l’AFP un avocat syrien, ayant requis l’anonymat.
Le ministre des Affaires religieuses, Mohamad Abdel Sattar al-Sayed, s’est lui félicité d’une « première » permettant de définir des « limites à l’activité religieuse » ainsi que des « conditions pour la désignation des imams et des orateurs ».
Sources: AFP; Autres