Trita Parsi, fondateur et actuel président du Conseil national irano-américain aux États-Unis (NIAC), une organisation basée à Washington, souligne l’échec de la politique anti-iranienne de Washington et écrit dans une note que « la coalition anti-iranienne de Trump soutenue par ses alliés israélien et saoudien est en passe de s’effondrer ».
« Les trois piliers de la politique du président américain Donald Trump destinée à faire pression sur l’Iran sont menacés », dit-il dans une note publiée jeudi par le site web de la chaîne d’information américaine NBC News.
Premièrement, le meurtre du journaliste dissident saoudien, Jamal Khashoggi, a fortement compliqué les relations Washington-Riyad qui sont désormais tous deux confrontés à « une grave crise de relations publiques ».
Pendant longtemps, les États-Unis ont fermé les yeux sur le rôle clé du régime saoudien dans la propagation du terrorisme, mais le soutien sans scrupule de Trump au jeune prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), qui a ordonné directement l’assassinat de Jamal Khashoggi selon les conclusions de la CIA, était une « grave erreur », affirme Trita Parsi.
La réunion des sénateurs républicains, cette semaine, avec la directrice de la CIA, Gina Haspel, ne laisse pas de doute sur le rôle de Ben Salmane dans l’assassinat de Khashoggi, indique-t-il.
Et d’ajouter: « Même si les républicains sont favorables à la poursuite des relations avec l’Arabie saoudite, les démocrates ne permettront pas un retour à l’état initial des choses. A cela s’ajoutent des frustrations vis-à-vis de la complicité de Washington avec Riyad dans la guerre meurtrière au Yémen, les violations des droits de l’homme et des femmes. »
Il évoque également une possible réduction de l’offre pétrolière par l’Arabie saoudite qui se profile dans les jours à venir et qui peut porter un coup dur aux plans de Donald Trump qui a fait de l’arme pétrolière un élément clé de sa stratégie anti-Téhéran.
« Deuxièmement, poursuit M. Parsi, Israël continue de jouer un rôle important en coulisse dans la politique anti-iranienne de Trump. Benjamin Netanyahu était le principal canal de communication entre MBS et Jared Kushner, le gendre et haut conseiller de Donald Trump. Une diagonale de circonstance pour contrer l’Iran. »
Mais le Premier ministre israélien, en plein cœur d’une crise politique interne, est préoccupé plutôt par son propre sort car l’ombre d’une élection anticipée plane toujours sur Israël.
Le prochain élu à la tête du gouvernement israélien pourrait adopter une tout autre politique à l’égard de l’Iran et il se peut qu’il n’accepte pas, à l’instar de Netanyahou, les conditions posées par le prince héritier saoudien. Ce qui pourrait fracturer l’axe américano-israélo-saoudien contre l’Iran.
Troisièmement, la maniabilité politique de Trump est en jeu. Compte tenu des résultats des élections de mi-mandat du Congrès américain, Trump est confronté à des défis politiques de plus en plus grands. Il est probable que tout soit réexaminé, qu’il s’agisse des impôts ou des relations avec l’Arabie saoudite ou de la stratégie envers l’Iran. Si la position de Trump s’affaiblit à l’intérieur de son pays, il sera obligé de changer de cap dans certains dossiers prioritaires dont celui de l’Iran.
Plus loin dans sa note, M. Parsi évoque les plans échoués de Trump contre l’Iran tels que l’embargo pétrolier qui a fini par dispenser des sanctions huit pays clients du brut iranien, et le projet de 2 milliards de dollars de l’ancien magnat de l’immobilier pour déstabiliser l’économie iranienne. En somme, malgré les sanctions américaines, les perspectives d’avenir pour l’Iran sont plus prometteuses qu’en Arabie saoudite ou aux États-Unis, souligne-t-il.
Trump a joué toutes ses cartes pour déstabiliser l’Iran mais n’est finalement arrivé à nulle part. Il faut s’attendre à ce que la mise en place du mécanisme européen anti-sanctions (SPV), destiné à poursuivre les échanges commerciaux avec l’Iran, porte un autre coup fatal aux politiques anti-iraniennes de l’administration américaine.
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