Le ministère de la Santé de la bande de Gaza a annoncé dans son rapport statistique quotidien que les hôpitaux de la bande ont accueilli 33 martyrs au cours des dernières 24 heures, dont 12 enfants, 8 femmes et un corps retrouvé, en plus de 88 nouveaux blessés suite à l’agression israélienne en cours contre la bande.
Selon la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l’autorité du Hamas, 5 personnes ont été tuées dont un bébé dans des bombardements israéliens sur le sud du territoire, dans la partie du territoire restant sous le contrôle israélien à ce stade de la mise en œuvre de l’accord de trêve.
L’hôpital Nasser de Khan Younès a confirmé avoir enregistré le décès de trois personnes de la même famille, dont une fillette d’un an.
« Nous dormions paisiblement, nous sommes pacifiques et nous ne voulons pas la guerre », a dit à l’AFP Sabri Abou Sabt, qui a perdu son fils et sa petite-fille dans une frappe à l’est de Khan Younès.
Deux autres personnes ont été tuées dans des frappes, également à l’est de Khan Younès, selon la Défense civile.
À Gaza, les forces israéliennes ont démoli plusieurs immeubles résidentiels à l’est de la ville, simultanément aux intenses bombardements d’artillerie sur le sud de Khan Younes, sous le feu direct de véhicules militaires israéliens déployés dans la zone. L’artillerie israélienne a également repris ses bombardements à l’est de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, entravant davantage l’accès des ambulances aux sites ciblés. Dans la soirée, l’artillerie israélienne a bombardé à l’intérieur de la ligne jaune à l’est de Khan Younes, selon Quds News.
Le Hamas a dénoncé une « escalade dangereuse » et appelé les Etats-Unis, « pays médiateur », à « exercer une pression immédiate » sur Israël.
Le Qatar, autre pays médiateur, a condamné « fermement les attaques brutales » qui menacent selon lui de compromettre la trêve.
« Rien d’inhabituel »
Sollicitée par l’AFP, une porte-parole de l’armée israélienne a dit que l’armée avait mené une frappe visant à « démanteler des infrastructures terroristes ». « Rien d’inhabituel », a-t-elle affirmé.
L’AFP a rappelé que le mercredi a été l’une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. 28 personnes sont tombées en martyrs ce jour-là.
Israël poursuit son agression dans le but de pousser les Palestiniens à quitter l’enclave palestinienne, afin de la réoccuper, accusent de nombreux observateurs.
« Rien n’a changé »
La reprise des bombardements fait peur aux habitants, rapporte l’AFP.
« Ma petite fille n’a cessé de me demander toute la nuit : la guerre va-t-elle revenir ? » a déclaré à l’AFP Lina Karaz à Gaza-ville.
« Nous sommes inquiets […] Cette nuit, le bruit des bombardements et des explosions […] était terrifiant », a-t-elle ajouté, « quand ce cauchemar prendra-t-il fin ? »
Pour Mohammed Hamdouna, déplacé de 36 ans vivant dans un camp de tentes dans la région de Khan Younès, dans le sud de la bande, « rien n’a changé, concrètement », depuis le 10 octobre.
« Les villes sont en ruines (et) nous vivons toujours sous la tente malgré le froid et la pluie qui a inondé (les tentes) il y a deux jours », déplore-t-il alors que la situation humanitaire reste catastrophique, selon l’ONU.
Le ministère a confirmé que de nombreuses victimes demeurent ensevelies sous les décombres et dans les rues, les ambulances et les équipes de la protection civile étant dans l’incapacité de les atteindre en raison de la poursuite de l’agression et du manque de matériel de secours nécessaire, dont l’occupation empêche l’entrée dans la bande sous prétexte de « double usage ».
Les observateurs et analystes ont été frappés de constater que l’armée israélienne a commencé à adopter une politique claire à l’égard de Gaza, privilégiant l’escalade par le biais de frappes aériennes et d’assassinats ciblés dès qu’elle dispose d’une cible clairement identifiée et de « grande valeur », après avoir orchestré de faux incidents sécuritaires lui permettant d’agir avec l’aval des États-Unis, sous prétexte de désarmement et d’élimination de « toute menace » pour l’État occupant.
Une alternative à la guerre de grande échelle
Mohammad Halsa, chercheur et expert des affaires israéliennes, a déclaré à Quds News Network que l’occupant israélien s’efforce actuellement d’établir de nouveaux précédents dans ses relations sécuritaires et militaires avec la bande de Gaza, afin d’élargir le champ d’action des opérations qu’il entend mener à l’avenir, en tirant parti de l’acceptation, voire du silence, des États-Unis face à ce comportement.
Halsa considère que l’armée d’occupation utilise ce type de ciblage comme une alternative à la guerre à grande échelle qui avait suscité de vives critiques. Il a souligné que les opérations actuelles sont moins coûteuses en termes d’image internationale et sont même présentées dans le cadre d’une « légitimité internationale » qui prône le désarmement de Gaza.
Selon lui, ce discours international affaiblit la position palestinienne et fait apparaître toute riposte de la résistance comme une confrontation avec la communauté internationale, et non seulement avec l’occupation.
« Israël s’efforce d’établir une présence permanente dans la bande de Gaza et exploite le discours répétitif sur le désarmement pour créer des prétextes lui permettant de poursuivre ses opérations. »
Halsa a expliqué que la présence de factions armées à Gaza fournit à l’occupation un prétexte constant pour frapper, poursuivre et menacer, et lui permet de contrôler la circulation des biens et des matériaux entrant dans la bande de Gaza, ce qui fait partie d’une stratégie à long terme.
Des tensions plutôt que des accords
Il a également souligné que l’armée d’occupation rejette explicitement toute proposition d’internationalisation du dossier sécuritaire à Gaza ou de déploiement d’une force internationale, car elle ne fait confiance à aucune entité capable d’assumer les tâches actuellement effectuées par l’armée. Par conséquent, elle s’efforce constamment de contrecarrer toute idée de ce genre en créant des prétextes qui démontrent l’impuissance des puissances internationales.
Halsa a expliqué que la vision israélienne de l’avenir repose sur le maintien de vastes zones de la bande de Gaza sous contrôle sécuritaire direct, avec une administration palestinienne faible à l’intérieur de Gaza, sous le contrôle du Hamas, incapable de reconstruire ou de rétablir la normalité, et des zones frontalières dévastées et presque entièrement dépeuplées. Ce qui selon lui correspond aux activités des groupes de colons qui cherchent à imposer de nouvelles réalités de déplacement.
Et de conclure : « l’occupant considère le maintien de cette situation comme un intérêt stratégique et parie sur une escalade des tensions et des crises cette année, plutôt que sur des accords, afin de contrecarrer tout processus international susceptible de restreindre ses actions ou de le contraindre à se retirer de la bande de Gaza. »
Les USA prévenus
« Israël a pris la décision de mener ces frappes aériennes de manière indépendante », a pour sa part précisé la porte-parole du Premier ministre israélien, Shosh Bedrosian lors d’un point presse jeudi.
Néanmoins, « les Etats-Unis ont été prévenus (par Israël) avant les frappes », a indiqué un responsable américain à l’AFP sous le couvert de l’anonymat.
« Ne pas rester passif (…) c’est devenu un élément à part entière de la doctrine sécuritaire depuis le 7 octobre », note dans un entretien avec l’AFP Orna Mizrahi, analyste de l’Institut pour les études de sécurité nationale (INSS).
« Israël est sous pression internationale, les Américains mobilisent toute la région, liant la question de Gaza à celle de la normalisation et des accords d’Abraham avec l’Arabie Saoudite », ajoute Eran Ortal, chercheur au Centre d’études stratégiques de Bar Ilan.
« Donc bien que le Hamas n’ait pas été désarmé, et qu’il y ait de fortes chances qu’il parvienne également à éviter le désarmement dans un avenir proche, le potentiel de reprise de la guerre à Gaza ne semble pas élevé », estime-t-il.
Depuis le cessez-le-feu déclaré le 11 octobre 2025, Israël a tué 312 Palestiniens et en a blessé 760, auxquels s’ajoutent 572 corps retrouvés.
Le ministère de la Santé a également souligné que le nombre total de victimes de l’agression israélienne contre la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023 a atteint les 69 546 martyrs et 170 833 blessés.
Source: Divers



