Un journal libanais s’est penché dans un article sur les raisons pour lesquelles le chef du commandement militaire américain au Moyen-Orient, Joseph Votel, s’est rendu au Liban. Derrière la rhétorique guerrière des Américains, un journal libanais voit surtout dans cette visite une tentative destinée à assurer aux militaires US une sortie sûre de Syrie, au lendemain des attaques anti-américaines de Manbij.
Cette visite revêt une importance particulière du fait qu’elle intervient après la rencontre à Washington de Votel avec les dirigeants de l’armée, suite à l’explosion survenue à Manbij qui a coûté la vie à plusieurs militaires américains, et le déplacement du secrétaire d’État américain Mike Pompeo dans la région et de son adjoint David Hill au Liban, a ajouté le quotidien libanais Al-Joumhouria.
« Ce n’est pas la première fois que Votel se rend à Beyrouth. Depuis sa prise de fonction, il vient trois ou quatre fois par an au Liban. Mais cette dernière visite a plusieurs significations. Premièrement, il a reporté de deux mois ce déplacement après l’annonce du suicide à Bahreïn en décembre 2018 du commandant de la flotte du Moyen-Orient, l’amiral Scott Stearney », a ajouté Al-Joumhouria.
Cet article énumère les raisons de l’importance de la visite de Votel :
Cette visite a eu lieu après l’explosion qui s’est produite à Manbij, laquelle a causé la mort de quatre militaires américains et en a blessé plus d’une quinzaine d’autres. Elle intervient un mois après la prise de décision du président américain, Donald Trump, de retirer les troupes américaines de Syrie en vue de les transférer sur les bases américaines en Irak, d’où elles poursuivront les opérations aériennes que mène sur le sol syrien la coalition internationale prétendument antiterroriste.
Cette visite intervient simultanément aux négociations entre les États-Unis, la Turquie et les Kurdes, qui portent sur la période faisant suite au retrait des forces américaines de Manbij et du nord de la Syrie. Ces négociations ont pour objectif de trouver un terrain d’entente sur la situation dans cette ville, d’interdire toute opération militaire de part et d’autre et de garantir que ni Damas ni Daech ne profiteront de ce retrait.
Ce déplacement intervient à l’approche d’une réunion entre Washington et Ankara pour examiner la situation dans le nord de la Syrie. La tenue de cette réunion a été décidée après un contact téléphonique entre les présidents américain et turc, Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan, au cours duquel les deux parties se sont entretenues de l’explosion à Manbij et du sort des accords conclus sur cette ville et les zones à l’ouest de l’Euphrate.
On ne peut pas ignorer que ce déplacement a eu lieu simultanément à la reprise des attaques israéliennes contre la Syrie.
Les experts n’ignorent pas non plus les sanctions financières contre le Hezbollah et les exportations iraniennes de pétrole. Il faut également évoquer la question de la formation d’un gouvernement libanais et les conditions imposées par les États-Unis en vue de tenir le Hezbollah loin des portefeuilles ministériels en lien avec les organisations internationales, notamment les ministères de la Santé et des Finances. Une question que les États-Unis n’ont pas osé aborder publiquement, et que David Hill a évoquée à huis clos lors de son voyage au Liban.
« La communauté internationale suit de près le processus de formation du nouveau gouvernement. Le choix des membres du cabinet est une question qui revient uniquement aux Libanais, mais le type de gouvernement élu est important pour nous tous », a affirmé Hill.
En s’en prenant à l’Iran et au Hezbollah, il a prétendu : « Nous poursuivons nos efforts pour faire cesser les activités dangereuses de l’Iran à travers la région, dont le soutien aux activités par procuration des organisations terroristes comme le Hezbollah. Le Liban a le droit de se défendre. Ce droit revient seulement au gouvernement libanais. La présence de miliciens étrangers est inacceptable. Du fait qu’ils creusent des tunnels sous la ligne bleue en Israël et qu’ils stockent des centaines de milliers de missiles, ces miliciens représentent une menace pour la sécurité de la région. »
La visite de Votel a été organisée par l’ambassade américaine au Liban. Votel a rencontré le président libanais, Michel Aoun, ainsi que d’autres responsables militaires et politiques de haut rang.
Source: PressTV