Le nouvel homme fort du Soudan, nommé vendredi à la tête du Conseil militaire chargé de la transition au lendemain du renversement du président Béchir, est le premier responsable de l’implication des soldats soudanais dans la guerre contre le Yémen.
Abdel Fattah al-Burhane, inspecteur général des forces armées, était chargé du dossier yéménite auprès de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite dans sa guerre contre « l’influence de l’Iran » au Yémen. C’est grâce à ce rôle qu’il a été choisi à la tête de l’Etat, précisent les analystes.
Il convient de rappeler qu’un grand nombre de soldats et d’officiers soudanais ont été tués et blessés au Yémen. Les images de leurs cadavres publiées sur les réseaux sociaux ont poussé les Soudanais à réclamer leur retrait du Yémen.
Réaction d’Ansarullah
Au Yémen, le président du Comité révolutionnaire du Yémen a réagi à la destitution du président soudanais; El-Béchir et aux récentes évolutions dans ce pays africain.
Mohammed Ali al-Houthi a déclaré, vendredi 12 avril, dans un communiqué, que la « révolution » au Soudan ne priverait pas le peuple soudanais de son droit de reprendre l’initiative et de mettre un terme au régime despotique d’Omar el-Béchir. Et puis, l’état d’urgence, décrété par l’armée soudanaise, montre que celle-ci traite le peuple comme son ennemi. Une vraie révolution n’a pas peur de la nation et ne fait pas appel à l’instauration de l’état d’urgence », a fait remarquer M.al-Houthi.
Le ministre soudanais de la Défense Aouad Ibn Aouf a annoncé, dans un communiqué, la destitution d’Omar el-Béchir, ajoutant que celui-ci avait été arrêté et qu’il était détenu dans un lieu sûr. Aouad Ibn Aouf a également décrété l’état d’urgence pour une durée de trois mois avant de renoncer à la direction du conseil de transition vendredi.
Les évolutions en cours au Soudan sont suivies à la lettre à Sanaa. Un pouvoir civil à la tête du Soudan pourrait se solder par un changement de donne dans le camp saoudien puisque géo-stratégiquement parlant, le Soudan n’a aucun intérêt à participer à la guerre contre le Yémen.
Ryad affiche son soutien au conseil militaire
Cependant les autorités saoudiennes ont annoncé, le samedi 13 avril, leur soutien au conseil militaire de transition au Soudan, appelant la population à accorder une priorité à l’intérêt national.
L’agence de presse officielle SPA a rapporté que le royaume « déclare son soutien aux démarches annoncées par le Conseil militaire de transition et se tient aux côtés du peuple soudanais ».
Et d’ajouter : « le roi saoudien Salman ben Abdel Aziz a ordonné d’accorder une aide humanitaire au Soudan comprenant des médicaments, des produits pétroliers et du blé ».
Après des semaines de manifestations réclamant son départ, M. Béchir, 75 ans et au pouvoir depuis un coup d’Etat en 1989, a été renversé jeudi par l’armée, qui a mis en place un « Conseil de transition militaire » pour une durée de deux ans.
En dépit de ce développement, la foule est restée mobilisée devant le QG de l’armée.
Fer de lance de la contestation, l’Association des professionnels soudanais (SPA) a demandé que le général Burhane transfert rapidement « les pouvoirs du conseil militaire à un gouvernement de transition civil ».
Sources: AlMasirah + AlQuds al-Arabi + PressTV + AFP