Le ministère de l’Intérieur du gouvernement d’union nationale libyen (GNA) reconnu par la communauté internationale, a accusé jeudi pour la première fois directement la France de soutenir le maréchal Khalifa Haftar dont les forces ont lancé un assaut contre la capitale Tripoli.
Selon un communiqué publié par son service de presse, le ministre de l’Intérieur Fathi Bach Agha, a ordonné « la suspension de tout lien entre (son) ministère et la partie française dans le cadre des accords sécuritaires bilatéraux (…) à cause de la position du gouvernement français soutenant le criminel Haftar qui agit contre la légitimité ».
Parallèlement, le porte-parole des forces de Haftar, Ahmad Mesmari, a reconnu le jeudi 18 avril que des ‘avions de pays amis’ ont participé, à leurs côtés, au bombardement des cibles du GNA dans la région de Sawani et Aziziya, au sud ouest de Tripoli.
Considérée par des diplomates et des analystes comme l’un des appuis du maréchal Haftar, au même titre que l’Egypte ou les Emirats arabes unis, la France dément avoir soutenu son offensive contre Tripoli, siège du GNA.
Mais des analystes et des pro-GNA accusent Paris de bloquer des résolutions condamnant l’offensive au Conseil de sécurité de l’ONU ou à l’Union européenne.
Réagissant aux informations faisant état d’un blocage français, le vice-président du Conseil italien et ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a estimé que ce serait «très grave» si Paris «pour des raisons économiques ou commerciales, bloquait une initiative européenne visant à rétablir la paix en Libye et si elle soutenait un parti qui combat ».
La France est accusée de relayer la rhétorique de l’Armée nationale libyenne (ANL, autoproclamée) de M. Haftar, qui justifie son offensive par le fait qu’elle cherche à combattre les « terroristes » à Tripoli, selon une source gouvernementale dans la capitale libyenne qui a requis l’anonymat.
Quelques dizaines de manifestants, dont plusieurs portant des gilets jaunes, ont dénoncé mardi à Tripoli ce qu’ils ont qualifié de « soutien » de la France au maréchal Haftar.
Les manifestants portaient les fameux gilets fluorescents en référence au mouvement français des « gilets jaunes » en fronde contre la politique fiscale et sociale du président français Emmanuel Macron.
« La France doit cesser de soutenir le rebelle Haftar en Libye », « La France fournit des armes aux rebelles pour le pétrole », ont-il écrit en français sur des pancartes.
Vendredi dernier, lors d’une manifestation contre l’attaque de Haftar, des slogans contre le gouvernement français avaient déjà fusé.
Source: AFP + AlQuds al-Arabi + RT