Le Premier ministre du Qatar participera cette semaine à trois sommets en Arabie saoudite sur les tensions régionales, le premier contact de haut niveau entre les deux pays en crise ouverte depuis deux ans, a indiqué mercredi le ministère des Affaires étrangères à Doha.
Alors que le sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) de vendredi était prévu de longue date, Ryad a convoqué deux autres réunions extraordinaires jeudi, celles du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la Ligue arabe, afin de discuter des tensions régionales.
L’Arabie saoudite, les Emirats, Bahreïn et l’Egypte ont rompu en juin 2017 leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Ils accusent Doha de soutenir des groupes islamistes radicaux et lui reprochent de ne pas prendre assez de distance avec l’Iran, puissance régionale rivale de l’Arabie saoudite.
Doha nie soutenir des groupes extrémistes.
A la crise diplomatique se sont ajoutées des mesures économiques comme la suspension des liaisons aériennes et maritimes avec le Qatar et la fermeture de la seule frontière terrestre de l’émirat gazier (avec l’Arabie saoudite).
Les autorités du Qatar ont décidé d’envoyer « le Premier ministre cheikh Abdallah ben Nasser ben Khalifa Al-Thani aux trois sommets à La Mecque », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères qatari, Lolwah al-Khater.
Les Etats-Unis, dont les efforts diplomatiques pour réconcilier leurs alliés ont jusqu’ici échoué, ont salué cette annonce. « Nous espérons qu’il y aura de bonnes nouvelles à l’issue de ces réunions », a déclaré la porte-parole du département d’Etat Morgan Ortagus à Washington.
L’administration de Donald Trump, qui a fait de l’Iran son ennemi numéro un, plaide pour que les pays arabes de la région fassent front commun contre Téhéran, et milite pour la création d’une Alliance stratégique du Moyen-Orient, sorte d’Otan locale. La dispute entre Doha et Ryad contrarie donc ses plans.
« L’unité du Golfe est essentielle pour faire face à l’influence néfaste de l’Iran, pour contrer le terrorisme et bien entendu pour garantir un avenir prospère », a estimé Morgan Ortagus. « Il est impératif, à notre avis, que le CCG soit uni contre les menaces régionales. »
Les trois sommets organisés dans l’ouest du royaume saoudien doivent justement porter sur l’escalade des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis et leurs alliés régionaux.
Ces tensions sont montées de plusieurs crans depuis la décision des Etats-Unis de renforcer les sanctions contre l’Iran et de mettre fin aux exemptions des pays importateurs de pétrole iranien.
« Le Qatar, qui n’a jamais manqué de prendre part activement et positivement aux affaires arabes, islamiques et internationales, prend une nouvelle fois en considération le bien général de la région », a affirmé la porte-parole Lolwah al-Khater.
L’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, « n’assistera probablement pas à la réunion », avait auparavant estimé la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera.
Source: Avec AFP