Sous les cris d’une foule enthousiaste, Donald Trump a lancé mardi en Floride sa campagne 2020, attaquant avec violence les démocrates accusés d’être « guidés par la haine »
Très à l’aise au pupitre, fidèle à son style provocateur, le président américain, en quête d’un second mandat après sa victoire-surprise de 2016, a rapidement enflammé la salle.
Faisant huer tour-à-tour les médias « Fake News », Hillary Clinton, Barack Obama, ou encore l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, il a accusé ses adversaires politiques de vouloir « détruire le pays tel que nous le connaissons ».
« Quatre ans de plus ! Quatre ans de plus! », reprenaient régulièrement ses soutiens dans la salle, rythmant un discours à la tonalité très agressive.
L’impétueux président américain, en position très délicate dans les sondages, sait qu’il devra s’imposer dans le « Sunshine State » s’il veut se maintenir huit ans au pouvoir comme ses trois prédécesseurs, Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton.
Un sondage de l’université Quinnipiac, publié le mardi 18 juin, le donne perdant en Floride face à plusieurs démocrates engagés dans la primaire.
Si Joe Biden par exemple était le candidat du parti démocrate, il l’emporterait dans cet Etat clé avec 50% des voix contre 41% pour Donald Trump.
Cravate rouge, il a fait son entrée dans l’Amway Center d’Orlando avec sa femme Melania, toute en jaune.
« Je suis fière de tout ce que mon mari (…) a fait au nom du peuple américain en si peu de temps », a lancé l’ancienne mannequin, assurant être ravie à l’idée d’être « Première dame » pendant encore six ans.
« C’est un évènement historique, nous ne le manquerions pour rien au monde », a expliqué à l’AFP David Meloney, avant le début du meeting.
Aucun suspense sur le fond: l’ancien homme d’affaires de New York, en campagne permanente, n’avait jamais fait mystère de sa volonté de se représenter.
Mais ce rassemblement lui a donné l’occasion de capter toute la lumière, avant une séquence qui sera plus favorable à ses adversaires démocrates.
Celui qui s’est présenté en 2016 comme le candidat anti-système et anti-élites semble déterminé à conserver le ton et la posture de l’outsider, mais l’équation n’est pas la même après plusieurs années au pouvoir.
« La deuxième fois, vous êtes plus vulnérable », explique à l’AFP l’historien Julian Zelizer, de l’université de Princeton.
« L’Economie Trump »
Comme en 2016, lorsqu’il avait brandi l’idée de construire un mur à la frontière avec le Mexique, il devrait consacrer une large place à l’immigration.
Lundi, d’un tweet laconique visiblement destiné à galvaniser sa base électorale, il a affirmé que les Etats-Unis allaient commencer à expulser les « millions d’étrangers (…) entrés de manière illicite aux Etats-Unis ».
Sur le bilan, Donald Trump a mis en avant les bons chiffres de ce qu’il appelle tout simplement « L’Economie Trump ».
« Notre pays (…) est en pleine croissance maintenant, et franchement, il s’envole vers de nouveaux sommets incroyables », a-t-il lancé. « Le monde entier envie notre économie, qui est peut-être la meilleure économie de l’Histoire de notre pays ».
A Orlando, des manifestants anti-Trump ont fait le déplacement, munis du « Baby Trump », un ballon gonflable représentant Donald Trump en bébé en colère.
Huit jours après ce show Trump, vingt candidats démocrates doivent se retrouver à Miami, quelque 300 km plus au sud, pour deux débats cruciaux dans une primaire qui s’annonce très ouverte.
En 2016, l’ex-magnat de l’immobilier a, grâce à des victoires cruciales dans une poignée d’Etats-clés, été propulsé à la Maison Blanche avec, sur l’ensemble du pays, près de trois millions de voix de moins que sa rivale démocrate Hillary Clinton.
Dans la mesure où il a jusqu’ici obstinément refusé de se poser en rassembleur et d’élargir sa « carte électorale », une réélection passe par une nouvelle performance sur les mêmes terres.
Or la voie s’annonce étroite si l’on en juge par les élections de mi-mandat, qui ont montré un retour en force des démocrates dans la « Rust Belt » (« ceinture de rouille »).
Avec ses 29 « grands électeurs », la Floride est un Etat de poids dans le système américain de « collège électoral ».
Elle est traditionnellement extrêmement disputée lors des scrutins présidentiels: Barack Obama l’a emporté en 2012 face à Mitt Romney avec un peu moins d’1% d’écart et Donald Trump a devancé Hillary Clinton avec un tout petit peu plus d’1%.
Source: AFP