L’Iran a de nouveau dénoncé mercredi à l’ONU le « terrorisme économique » des Etats-Unis qui ont imposé des sanctions contre Téhéran « pour atteindre des objectifs politiques illégitimes ».
« Notre peuple subit la forme la plus brutale de +terrorisme économique+ –qui vise délibérément les civils innocents pour atteindre des objectifs politiques illégitimes », a affirmé Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, lors d’une conférence sur le développement durable.
Ces sanctions « illégales » ont créé « d’énormes entraves » pour la République islamique et « représentent la plus grande menace contre la réalisation des objectifs de développement durable par l’Iran et beaucoup de nos voisins », a-t-il ajouté.
L’administration de Donald Trump s’est retirée unilatéralement en mai 2018 de l’accord international sur le nucléaire signé avec l’Iran. Elle a ensuite rétabli une série de sanctions économiques dans le cadre d’une campagne de « pression maximale » contre Téhéran.
En riposte, l’Iran a commencé à s’affranchir de certaines clauses de l’accord.
La tension entre les deux pays, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, est extrême après une série d’incidents récents dans le Golfe.
Washington a menacé récemment de prendre des sanctions contre M. Zarif et lui a accordé pour sa visite à l’ONU un visa assorti de limites strictes, qui ont suscité des critiques de l’Organisation.
Il ne peut se déplacer que dans un périmètre restreint autour du siège des Nations unies à New York, qui inclut la mission iranienne et la résidence de l’ambassadeur iranien auprès de l’ONU.
Mesures « inhumaines »
« Ce n’est sûrement pas un geste amical, a-t-il réagi mercredi. Cela rend les conditions de vie des membres de la mission et de leurs familles inhumaines. Pour moi, ça va parce que je ne me déplace pas hors de ces trois lieux ».
Dans une lettre datée du 12 juillet et obtenue par l’AFP, les Etats-Unis soulignent que les mesures de déplacement restrictives visent aussi l’ensemble du personnel de la mission diplomatique iranienne auprès de l’ONU.
« Tous les membres de la mission permanente iranienne auprès des Nations unies et leur famille proche, ainsi que les représentants du gouvernement iranien sont soumis aux restrictions de déplacement », précise cette lettre qui
indique même la route à prendre pour se rendre ou venir de l’aéroport international John F. Kennedy situé dans la banlieue de New York.
L’ambassadeur adjoint de la Russie Dmitri Polyanskiy a dénoncé devant quelques journalistes les mesures restrictives imposées par les Etats-Unis, assurant que le sujet allait être soulevé prochainement par l’ensemble des membres du Conseil de sécurité.
Zarif est « autant responsable » des actions de l’Iran que le guide suprême l’Ayatollah Sayed Ali Khamenei, a affirmé de son côté le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.
« A la fin, c’est l’ayatollah (Khamenei) qui prend les décisions, à 100% », a-t-il dit dans une émission radio conservatrice, estimant qu’il « n’y a pas deux camps » au sein du pouvoir en Iran.
Selon des sources diplomatiques, les trois pays européens membres de l’accord nucléaire (Allemagne, Royaume-Uni, France) ont demandé depuis le début de la semaine à pouvoir rencontrer M. Zarif. Ils n’avaient toujours pas reçu mercredi de réponse du ministre arrivé au cours du week-end, selon les mêmes sources.
Le chef de la diplomatie iranienne doit rencontrer ce jeudi après-midi (18 juillet) le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Source: Avec AFP