Au bout de plusieurs jours de combats intenses, les forces gouvernementales syriennes sont entrées le dimanche 18 août à Khan Cheikhoune, une ville clé de la province d’Idleb du nord-ouest du pays, située sur une autoroute stratégique.
Ce lundi 19 août, elles sont en train d’avancer au cœur de la ville sous une couverture de raids aériens contre les repères des miliciens.
Les avions syriens ont aussi bombardé un convoi militaire turc envoyé par Ankara dans le sud de la province d’Idleb.
Selon un correspondant de l’AFP, ce convoi est formé d’environ 50 véhicules militaires, dont des blindés, avec au moins cinq chars, et des transporteurs de troupes. Il se dirigeait en direction de Maaret al-Noomane, une ville située à 15 kilomètres au nord de Khan Cheikhoun, dans le sud de la province d’Idleb.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a également fait état d’un raid russe contre une camionnette appartenant aux groupes rebelles qui précédait le convoi turc en vue d’inspecter la voie, aux abords de Maaret al-Noomane. Il aurait tué un membre de Faylaq al-Cham, un groupe rebelle faisant partie du Front national de libération (FNL) soutenu par Ankara.
D’après le ministère turc de la Défense, la Russie avait été informée en amont de l’envoi de ces véhicules qui devaient ravitailler l’un des postes d’observation établis par la Turquie à Idleb en vertu d’accords conclus avec Moscou.
Selon le correspondant de l’AFP, le convoi a dû s’arrêter brièvement avant de reprendre son chemin.
Damas condamne
« Des véhicules turcs chargés de munitions (…) ont pris la direction de Khan Cheikhoune pour secourir les terroristes (…), ce qui confirme encore une fois le soutien apporté par le régime turc aux groupes terroristes », a fustigé une source au ministère syrien des Affaires étrangères, citée par l’agence officielle Sana.
« Ce comportement hostile du régime turc n’affectera en aucun cas la détermination de l’armée syrienne à continuer à traquer les restes des terroristes à Khan Cheikhoun jusqu’à ce que tout le territoire syrien soit nettoyé », a ajouté la même source.
Depuis le nord de la province de Hama, cela fait trois mois que l’armée syrienne a lancé la bataille de libération de cette province , dont la majeure partie et des segments des provinces voisines d’Alep, de Hama et de Lattaquié échappent toujours au contrôle du pouvoir syrien, après huit années de conflit.
Cette région est dominée par la coalition de groupes jihadistes takfiristes Hayat Tahrir al-Cham (HTC, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda). Elle abrite aussi des groupes rebelles pro turcs.
Autoroute stratégique
Depuis quelques jours, les forces régulières cherchent à avancer sur deux axes, a affirmé à l’AFP le directeur de l’OSDH.
Le premier objectif consiste à élargir leur emprise jusqu' »au nord de la ville (de Khan Cheikhoune) pour mettre la main sur l’autoroute stratégique » reliant Damas à Alep (nord), a dit Rami Abdel Rahmane.
Le second vise à avancer vers Khan Cheikhoune depuis l’est, ce qui permettrait d’imposer un siège au nord de Hama, y compris la ville de Morek, où se trouve le principal poste d’observation turc.
Et, au nord de la ville, des bombardements aériens nourris ont visé l’autoroute, selon un correspondant de l’AFP.
Désaccord entre parrains
La région d’Idleb est censée être protégée par un accord sur une « zone démilitarisée », conclu en septembre 2018 par Ankara, parrain des rebelles, et Moscou. Mais cet accord n’a été que partiellement appliqué, les jihadistes ayant refusé de se retirer.
Selon l’analyste Nawar Oliver, du centre Omran basé en Turquie, les derniers développements révèlent l’existence d’un « désaccord » entre les deux parrains du texte.
La Turquie « refuse que soit menacée la sécurité de ses militaires ou qu’ils se retrouvent à la merci du régime et de la Russie », a-t-il ajouté.
Ankara possède plusieurs postes d’observations à Idleb et dans ses environs, en vertu d’accords conclus par le passé entre Moscou et Ankara. Ces dernières années, le régime de Damas a réussi à consolider son emprise sur plus de 60% du pays, grâce au soutien de la Russie et l’Iran.
Sources: AFP; Sana.