Les deux installations pétrolières du géant saoudien Aramco qui ont fait l’objet le samedi 14 septembre d’une opération aux drones d’envergure effectuée par l’organisation Ansarullah de concert avec l’armée yéménite sont hors de production ce dimanche.
Sur les 8 millions produits habituellement par jour, ce sont 5 millions de barils de pétrole qui seraient affectés par cette opération qui a provoqué des incendies énormes, indique Reuters.
Cette agence a fait état d’un arrêt des exportations saoudiennes en raison de cette attaque. Alors que le ministère de l’énergie saoudien indiquait que la production y a été est temporairement réduite de moitié.
Bourse en chute
L’attaque intervient alors qu’Aramco prépare son introduction en bourse qui doit avoir lieu « bientôt », selon son nouveau PDG Amin Nasser. La bourse de Riyad a enregistré une baisse de 3% ce dimanche.
« C’est une évolution extrêmement dangereuse. Le volume des dégâts sur le site d’ARAMCO est très important. L’incendie déclenché à 5 heures du matin n’a été maîtrisé que vers 19 heures ; et son effet destructeur sera sans doute de longue durée. À cette étape, le prix du pétrole pourrait monter de 10 à 15%. Et à long terme, ce sera la question de la vente des actions d’ARAMCO qui en pâtira, les acheteurs ne voulant évidemment pas risquer leurs capitaux», a estimé Nahad Ismaïl, un expert en la matière pour le site en ligne qatari Arabi 21.
Le samedi 14 septembre, une double attaque aux drones a provoqué des incendies énormes contre deux sites pétroliers: Bqaïq, à 60 km au sud-ouest de Dahran, qui en abritant la plus grande usine de traitement du pétrole d’Aramco, constitue le principal siège du géant pétrolier, selon son site internet, et Khuraïs, à 250 km de Dahran, qui est l’un des principaux champs pétroliers de l’entreprise publique.
Alors que le ministère saoudien de l’intérieur a argué qu’il n’y a pas eu de blessé, l’agence Reuters a fait état d’une quinzaine d’ambulances qui ont évacué les blessés.
Des armes sophistiquées
D’après des experts, les attaques des Houthis yéménites montrent qu’ils disposent d’armes sophistiquées et constituent une menace sérieuse pour l’Arabie saoudite et plus particulièrement pour ses installations pétrolières.
« Les drones yéménites ont défié les radars Patriot, le système de sécurité ultra sophistiqué de la raffinerie Buqaiq, ville stratégique par excellence puisque quasi limitrophe de Bahreïn et des Émirats arabes unis et à 150 kilomètres de Riyad, mais aussi ils ont frappé au cœur le projet américano-sioniste dit Neom », note le site en ligne francophone de la télévision iranienne Press TV.
La 3ème en 5 mois
L’opération de samedi est la troisième du genre effectuée par les houthis contre les infrastructures pétrolières saoudiennes en cinq mois.
Le 17 août, ils avaient revendiqué une attaque à l’aide de dix drones, « la plus massive jamais lancée en Arabie saoudite », contre le champ de Shaybah (est). Le 14 mai, une attaque aux drones dans la région de Ryad avait frappé deux stations de pompage d’un oléoduc reliant l’est à l’ouest du royaume, qui avait entraîné l’interruption temporaire des opérations sur cette installation.
Mais le bombardement de samedi est de loin le plus important : les deux sites produisaient en temps normal 5,7 millions de barils par jour, soit environ 5% de la production mondiale de brut quotidienne, d’après l’AFP.
Les yéménites ont mangé de l’herbe
Le général Saree, porte-parole des forces armées yéménites, a qualifié cette attaque d’étape 2 des opérations de dissuasion contre un ennemi qui a poussé des millions de Yéménites à se nourrir d’herbe depuis 5 ans.
L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, avec le soutien tacite des puissances occidentales, mène depuis 2015 une guerre sans merci contre le Yémen dans le cadre d’une coalition arabe. Voulant y imposer un président contesté qui se devait dans le cadre d’un accord démissionner pour permettre la désignation d’un successeur, elle lui impose un embargo terrestre et maritime très sévère. Des dizaines de milliers de yéménites ont péri dans les bombardements et autant en raison de la famine et de la pénurie de médicaments. Selon l’ONU, cette guerre a provoqué la pire crise humanitaire dans le monde.
Illusion de la supériorité militaire
Après l’attaque, les Etats-Unis ont accusé l’Iran d’en être responsable.
« L’Iran a lancé une attaque sans précédent contre l’approvisionnement énergétique mondial », a affirmé le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.
« Nous appelons tous les pays à condamner publiquement et sans équivoque les attaques de l’Iran. Les Etats-Unis œuvreront avec nos partenaires et alliés pour assurer l’approvisionnement des marchés énergétiques et pour que l’Iran rende des comptes pour son agression », a-t-il ajouté.
L’Iran qui soutient l’organisation Ansarullah a répondu par la voix de son chef de la diplomatie. « Les USA et leurs clients se sont impliqués dans l’illusion que leur superiorité militaire apporterait la victoire… Le fait d’accuser l’Iran me nettra pas fin à la catastrophe, à condition d’accepter notre suggestion que nous avons proposé le mois d’avril dernier d’arrêter la guerre et de lancer le dialogue », a commenté Mohamad Jawad Zarif, selon le site de la télévision iranienne arabophone al-Alam.
Quant au porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abbas Moussaoui, il a accusé Washington de recourir à « la politique maximale des mensonges », après avoir utilisé « la politique maximale de pressions ».
Selon Press TV, les Etats-Unis qui ne cessent d’accuser l’Iran et d’assurer qu’ils puiseront de leurs stocks pour fournir le pétrole nécessaire qui manquera aux marchés sont lésés parce que cette double opération « marque la défaite totale de l’industrie militaire US », vu que les radars et la DCA qu’ils ont procuré aux Saoudiens en échange de milliards de dollars se sont montrés pour la énième fois incapables d’intercepter des drones qui ne coûtent que quelques centaines de dollars.
D’après M. Moussaoui, l’animosité des USA à l’encontre de son pays dépassent les principes de « la crédibilité » et le comportement des diplomates américains ressemblent à celui des agents des renseignements secrets qui veulent ternir l’image d’un pays pour parer la voie à des mesures dans l’avenir.
Pour sa part, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a affirmé au cours d’un entretien téléphonique avec le président américain Donald Trump que son pays avait « la volonté et la capacité de faire face et répondre à cette agression terroriste ».
Source: Divers