Les courants politiques dominants en Irak sont conscients des projets de renversement du pouvoir en place sous le couvert de manifestations populaires ; ils se sont donc réunis autour du Premier ministre Adel Abdel Mahdi afin de mener un programme de réformes et donner corps aux revendications de la nation.
Le journal saoudien Asharq Al-Awsat, citant les propos d’un homme politique irakien, rapporte que le gouvernement et le Parlement irakiens ont tenté dans le passé d’entrer en négociation avec les manifestants pour satisfaire leurs revendications légitimes. Dans ce sens, les pouvoirs exécutif et législatif ont proposé des paquets de réformes. Pourtant leurs efforts n’ont pas abouti à des négociations, ce qui est en soi significatif.
Estimant que les manifestations en Irak avaient pris une forme et une ampleur qui semblaient être planifiées, le journal indique que les événements sont allés trop loin, jusqu’au sabotage des ponts, des banques et des ports, au blocage des rues, à la désobéissance civile et finalement à la perturbation de la vie quotidienne.
« Ces incivilités et perturbations notoires ont mis le gouvernement irakien face à une nouvelle situation et à l’idée de comment les résoudre. Ceux qui, en coulisses, tiraient les ficelles des manifestations ont fait en sorte que les protestataires élèvent le niveau de leurs revendications, ne se contentant plus du renversement du gouvernement et de la démission du Premier ministre ; ils ont exigé le renversement total du système politique en place dans le pays, note le journal. C’est justement ce qui a incité les partis politiques à unir leurs forces pour soutenir le gouvernement et à mettre en place des réformes fondamentales. »
Répondant aux rumeurs sur l’implication de l’Iran dans le règlement de la crise irakienne, il a indiqué: « Peu importe qui a contribué à la conclusion de l’accord. Quoi qu’il en soit, les factions politiques au Parlement se sont accordées pour que Abdel Mahdi reste au pouvoir. » Cette cohésion s’explique par le fait que si la grogne générale avait conduit au retrait de ce dernier, les choses ne se seraient pas arrêtées là, c’est sans doute l’ensemble du système politique en place qui en aurait subi les répercussions.
Même le leader du parti Sadr, Moqtada al-Sadr, qui avait exigé le renversement d’Abdel Mahdi, se fait désormais plus discret.
Asharq Al-Awsat rappelle que le gouvernement irakien avait clairement exprimé sa position vis-à-vis des manifestations pacifiques, car elles avaient interpellé la classe politique, la mettant face aux erreurs commises durant les seize dernières années.
Néanmoins, l’objectif du gouvernement est de restreindre les lieux de manifestations et selon les déclarations du commandant en chef des forces armées irakiennes et du Conseil judiciaire suprême d’Irak, les saboteurs et les fauteurs de trouble seront jugés conformément à la loi contre le terrorisme.
Selon une autre dépêche, Qaïs al-Khazali, secrétaire général du courant Asaïb Ahl al-Haq, a qualifié les récentes déclarations de la Maison-Blanche d’ingérence flagrante dans les affaires irakiennes.
Dénonçant « la poursuite des attaques contre les manifestants, les militants et les médias, et les restrictions sur l’accès à internet en Irak », Washington réclame que « le gouvernement irakien cesse la violence contre les manifestants ».
Washington suggère la tenue d’élections anticipées, ce qui est essentiellement un plan américain visant à perturber l’ordre public, a déclaré Qaïs al-Khazali ajoutant que « l’autorité religieuse irakienne a déjà rejeté des élections anticipées et insiste sur des élections périodiques ».
Toutefois, la Maison-Blanche a proposé que Bagdad « tienne la promesse du président (Barham) Saleh de faire adopter une réforme électorale et de tenir des élections anticipées ».
Par ailleurs, le leader Moqtada Sadr lui-même, qui avait appelé à des élections anticipées en premier début octobre, a cessé d’appeler à un tel scénario.
En réponse à la demande de Sadr, Saad al-Hadithi, le porte-parole du Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi, a déclaré que la Constitution ne permettait pas la tenue d’élections législatives anticipées sans la dissolution du Parlement.
L’ex-Premier ministre Haïder al-Abadi et leader de la coalition Al-Nasr figure également parmi ceux qui ont appelé à des élections anticipées. Son programme prévoit la formation d’un gouvernement provisoire et des élections anticipées organisées sous les auspices des Nations unies.
Source: PressTV