La fusillade ayant fait plusieurs morts et blessés, déclenchée par un militaire saoudien sur la base aéronavale de Pensacola, en Floride, est traitée comme «un acte terroriste» par le Bureau fédéral d’enquête, le 8 décembre.
«Nous travaillons, comme nous le faisons dans la plupart des enquêtes sur les tireurs actifs, partant de la supposition qu’il s’agit d’un acte de terrorisme», a déclaré Rachel Rojas, responsable du bureau extérieur du FBI à Jacksonville, lors d’une conférence de presse.
Le tireur a utilisé une arme de poing, un pistolet Glock 45 en calibre 9 mm, qu’il avait acheté en Floride légalement, a ajouté l’agent du FBI.
Le Bureau fédéral d’enquête continue son investigation afin de déterminer le motif de l’attaque, a poursuivi Rachel Rojas.
Auparavant, l’identité du tireur avait été confirmée par les autorités. Mohammed Alshamrani, 21 ans, sous-lieutenant dans l’armée de l’Air saoudienne, a ouvert le feu vendredi avec une arme de poing dans une salle de cours de la base de Pensacola, faisant trois morts et huit blessés, avant d’être abattu par la police.
La base de Pensacola, où la fusillade est survenue le 6 décembre, accueille environ 16.000 soldats pour mener des programmes d’entraînement impliquant des militaires de pays alliés, a précisé l’AFP.
Chaque année, des centaines de militaires saoudiens suivent différentes formations au sein des forces armées des États-Unis.
La formation des militaires saoudiens remise en cause
Entre-temps, le programme d’entraînement des militaires saoudiens sur le sol américain a été remis en cause dimanche aux Etats-Unis.
Chose rare en ces temps de destitution, dans une Amérique divisée comme jamais politiquement, élus républicains et démocrates s’accordaient sur un point au surlendemain de la fusillade: les échanges militaires entre Washington et Ryad doivent être examinés de près.
Ce programme « doit être suspendu » tant que la lumière n’aura pas complètement été faite sur les événements en Floride, a estimé dimanche matin sur Fox News le sénateur républicain Lindsey Graham, un proche du président Donald Trump.
« L’Arabie saoudite est un allié, mais il y a ici quelque chose de fondamentalement mauvais. Nous devons ralentir ce programme et le réévaluer », a insisté Graham.
Un autre républicain, Matt Gaetz, qui représente au Congrès la Floride où a eu lieu l’attaque, a lui aussi appelé dimanche, sur la chaîne ABC, à « mettre le programme en pause ».
« Nous ne devrions pas accueillir de nouveaux étudiants saoudiens tant que n’avons pas absolument confiance en notre processus de contrôle », a-t-il expliqué, insistant sur la nécessité de « surveiller leurs activités afin de s’assurer qu’il n’y a pas de radicalisation ».
Le ministre américain de la Défense Mark Esper a indiqué dimanche sur Fox News qu’il avait demandé « un examen des procédures de contrôle des ressortissants étrangers venant (en formation) aux Etats-Unis », tout en défendant l’utilité de ce type de programmes.
« Nous disposons de quelque chose que n’ont pas nos adversaires potentiels, comme la Russie et la Chine », a-t-il souligné. « La possibilité de faire venir ici des étudiants étrangers pour s’entraîner avec nous, pour comprendre la culture américaine, nous est très importante afin de construire ces relations au long cours qui contribuent à notre sécurité ».
« Relation inacceptable »
L’opposition démocrate a dénoncé pour sa part la politique du gouvernement Trump vis-à-vis de l’Arabie saoudite, l’accusant de faire passer ses intérêts économiques et militaires avant le respect des droits humains.
« La relation que nous entretenons est inacceptable », a jugé dimanche sur ABC le candidat à la Maison Blanche Cory Booker, évoquant notamment les avions américains qui « ravitaillent leurs avions militaires pour aller lâcher sur le Yémen des bombes faites aux Etats-Unis ».
L’élue démocrate de Californie Zoe Lofgren a rappelé quant à elle sur la même chaîne l’assassinat, à l’automne 2018, dans l’enceinte du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, par un commando d’agents saoudiens du journaliste Jamal Khashoggi, critique de Ryad.
« Ils ont tué et démembré ce journaliste », qui collaborait au Washington Post, « et nous ne les avons jamais entendus rendre des comptes pour cela », a-t-elle noté.
Adam Schiff, président démocrate de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, a dit dimanche sur CBS que le Congrès allait faire pression sur l’Arabie saoudite afin qu’elle mène aussi de son côté « une enquête complète » sur la fusillade en Floride.
« Et je préfèrerais que le président des Etats-Unis, plutôt que de parler au nom du gouvernement saoudien, lui demande des réponses », a-t-il ajouté.
Donald Trump avait fait savoir dans un tweet vendredi, peu après la fusillade, que le roi Salmane d’Arabie saoudite l’avait appelé pour présenter ses condoléances aux familles des victimes et lui assurer que « l’acte barbare » du tireur ne représentait pas son peuple.
Sources: AFP + Sputnik