Au plus bas, les relations égypto-saoudiennes ne cessent de se détériorer tant sur les plan politique, économique et médiatique.
Alors que la presse égyptienne, pro-régime de Sissi, a haussé encore le ton contre la monarchie des Saoud, les députés égyptiens ont villipendé l’Arabie, au point d’appeler à la mépriser.
Ainsi, un des députés au parlement égyptien a déclaré : » l’Arabie mérite d’être remise à sa place originelle ».
Selon le site « Arabe 21″, cité par la chaine satellitaire iranienne alalam, le Comité des droits de l’Homme au sein du parlement égyptien, a dénoncé avec virulence, la visite Vendredi de responsables saoudiens en Ethiopie, évoquant les informations selon lesquelles l’Arabie a l’intention de financer le barrage d’eau al-Nahda en Ethiopie, au détriment de la part de l’Egypte de l’ eau du Nil ».
Un membre du comité, le député Saiid Chababik a déclaré : « Nous voulons ramener l’Arabie au statut qu’elle mérite. »
Ces propos sont intervenus suite à une question posée par le député Majdi Sayf , durant la réunion du comité parlementaire, en présence du ministre adjoint des Affaires étrangères , Khaled Yasri, sur les dessous de la visite des responsables saoudiens en éthiopie et sa relation avec le dossier du barrage éthipien al-Nahda.
Yasri a répondu que « le ministère des AE suit cette question de prés avec le pays concerné et qu’il n’existe pas pour l’instant d’informations sur d’autres projets communs entre l’Ethiopie et l’Arabie. Hormis, celui qui a été annoncé lors de la visite du Royaume en Ethiopie » .
Un quotidien égyptien a qualifié de « traître », le roi d’Arabie saoudite
Côté médias, le quotidien égyptien El Anbaa Al Dawlia a lâché une bombe médiatique, en qualifiant le monarque de l’Arabie saoudite de « traître » pour avoir violé le testament de son frère, le roi défunt Abdallah ben Abdelaziz.
Dans son édition du mardi 20 décembre, le quotidien a évoqué les raisons qui ont détérioré les relations entre l’Arabie saoudite et l’Egypte.
Il écrit : » Salmane ben Abdelaziz Al Saoud est un traître pour trois raisons. Premièrement, il a désobéi aux conseils de son frère en suspendant l’envoi du pétrole à l’Égypte. Deuxièmement, le Conseil de Coopération du Golfe a condamné, dans son communiqué, l’Égypte en s’abstenant d’évoquer le Qatar au sujet d’un attentat à la bombe dans une église au Caire. Troisièmement, le monarque saoudien a envoyé son conseiller pour superviser le processus de construction du « barrage al-Nahda » en Éthiopie , sans consulter l’Egypte, méprisant les droits de l’Egypte dans l’eau du Nil ».
Dans une autre partie, El Anbaa Al Dawlia a qualifié de « diable », Youssef al-Qaradawi- ce religieux salafiste qui habite au Qatar et qui soutient les Frères musulmans- pour avoir qualifié le gouvernement d’Abdel Fattah Al-Sissi de gouvernement issu d’un coup d’État ».
Rappelons qu’en octobre, le quotidien égyptien El-Watan, proche du gouvernement, avait accusé l’Arabie saoudite d’avoir soutenu les groupes terroristes et extrémistes, actifs au Moyen-Orient. Avec pour titre « l’Arabie saoudite paiera son soutien au terrorisme », le quotidien égyptien El-Watan avait indiqué que l’Arabie saoudite soutenait les terroristes de la région.
Pour sa part, le célèbre animateur et présentateur égyptien,Jaber alQarmouti, a déclaré dans son émission » manchette alQarmouti » , que « les pays du Golfe (en référence à l’Arabie Saoudite et au Qatar) effectuent le pèlerinage en Ethiopie, juste pour énerver et provoquer l’Egypte ».
Et de poursuivre: « Si vous, les Arabes, vous voulez effectuer le hajj en éthiopie, vous êtes libres mais sachez que nous ne sommes pas dupes, … il est temps de compter sur nous-mêmes « .
Source diplomatique: suspension quasi-total des accords entre l’Egypte et l’Arabie Saoudite
Selon le quotidien libanais alAkhbar, citant une source diplomatique, « la majorité des accords entre l’Egypte et l’Arabie Saoudite ont été suspendus ou ajournés ou remis en question, sauf pour les projets concernant la plus haute référence religieuse en Egypte, Al-Azhar, qui ont été réalisés dans leur majorité.
La source affirme que « la majorité des investissements soutenus par des personnalités liées à Mohammed bin Salman ont été annulés, après l’arrêt de l’alimentation en pétrole par Aramco », ajoutant que » cette méthode de pression saoudienne ne changera pas la position de l’Egypte à l’égard de la crise syrienne ou yéménite. Le Caire compte coûte que coûte rester en contact avec toutes les parties, sans exception « .
Dans ce contexte, les autorités saoudiennes ont décidé mardi d’imposer un embargo temporaire sur l’importation de toutes sortes d’épices en provenance d’Egypte.
Selon l’Agence de presse saoudienne , le ministère de l’Environnement , de l’Eau et de l’agriculture saoudien a confirmé la décision » prise après avoir analysé des échantillons d’épices qui ont montré qu’ils contenaient des résidus de pesticides . »
A noter que l’Egypte et l’Arabie Saoudite ont signé 17 accords et un protocole d’accord dans plusieurs domaines en Avril dernier lors de la visite du roi à Salman, dont la renonciation à la souveraineté sur les îles de Tiran et Sanafir en faveur l’Arabie Saoudite.
Les relations saoudi-égyptiennes subissent un revers sans précedent suite à un vote égyptien sur le projet de résolution russe au Conseil de sécurité en faveur de la Syrie contre l’Arabie Saoudite. Ce qui a provoqué la réaction saoudienne de suspendre les livraisons en pétrole à l’ Egypte.
Pour sa part, Le Caire a répondu en annoncant sont intention de normaliser ses relations avec l’Iran, sans compter les rapports qui ont circulé de l’envoi de pilotes égyptiens en Syrie pour l’aider dans sa lutte contre le terrorisme et ausi la tenue de négociations secrètes avec l’ancien président yéménite Ali Abdullah Saleh, qui se bat aux côtés des Houthis (Ansarallah) contre les forces saoudiennes dirigées au Yémen.
Source: Divers