Pas seulement les Etats-Unis ont refusé la demande du gouvernement et du parlement irakiens de se retirer d’Irak, mais en plus, il n’est pas question pour eux d’en discuter.
Depuis le temps que Washington bafoue la souveraineté de ce pays, cette position n’a rien d’imprévu. Elle est en harmonie avec la nature même de cette puissance impérialiste qui veut s’accaparer les richesses du monde entier. D’autant qu’avec l’administration de Donald Trump, elle affiche plus ouvertement ses velléités hégémonistes.
« A ce stade, toute délégation qui se rendrait en Irak serait chargée de discuter de la meilleure manière de reconfirmer notre partenariat stratégique, pas de discuter un retrait des troupes », a affirmé la porte-parole de la diplomatie américaine Morgan Ortagus dans un communiqué, rapporte l’AFP. Rien de plus clair et de plus net.
C’est le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi qui avait auparavant demandé au secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo l’envoi d’une délégation pour organiser le retrait des soldats américains d’Irak, que le Parlement irakien réclame.
Il lui a « demandé que des représentants soient envoyés en Irak pour mettre en place les mécanismes nécessaires à l’application de la décision du Parlement en vue d’un retrait sécurisé des troupes d’Irak », selon un communiqué de ses services.
Le Parlement irakien a voté en faveur de l’expulsion des 5.200 soldats américains déployés en Irak à la suite du raid perpétré par les Etats-Unis début janvier à Bagdad, au cours duquel ils ont tué le général iranien Qassem Soleimani qui dirigeait la force al-Quds, du Corps des gardiens de la révolution islamique, ainsi qu’Abou Mahdi al-Mouhandes le numéro deux du Hachd al-Chaabi, et 8 de leurs compagnons, 4 iraniens et 4 irakiens.
La relation entre le CGRI et le Hachd a été scellée depuis que les experts iraniens ont contribué en 2014 à la formation de cette dernière, en créant une coalition d’unités formées de volontaires, pour combattre Daech . Elles ont été intégrées aux forces armées irakiennes l’an dernier.
Dans son message adressé à Pompeo, M. Adel Abdel Mahdi s’est plaint des violations américaines de la souveraineté de l’Irak. Il a souligné entre autre que « les avions et les forces américaines traversent la frontière sans autorisation du gouvernement irakien ».
Avant l’assassinat de Soleimani et de Mohandes, les forces américaines avaient tué 25 combattants du Hachd à la frontière avec la Syrie. Dans d’autres cas, elles ont laissé faire les avions israéliens, sans jamais les intercepter.
Voulant contrôler les forces armées irakiennes, en s’accaparant entre autre leur armement et leur formation, les Etats-Unis combattent le Hachd al-Chaabi qui jouit d’une certaine indépendance.
De nombreux hommes politiques et députés irakiens répètent souvent que c’est grâce à l’aide de l’Iran que les Irakiens sont parvenus à combattre Daech et à l’affaiblir aussi rapidement. D’autant que les forces entrainées par les USA se sont effondrées lors de l’invasion de cette milice wahhabite, dont la filiation remonte au royaume saoudien, allié indéfectible des Américains.
Il est aussi clair pour les Irakiens que Washington voulait exploiter l’avènement de Daech pour justifier leur retour et perpétuer sa présence dans ce pays riche en hydrocarbures.
« Notre présence militaire en Irak vise à poursuivre le combat contre l’EI et, comme l’a dit le secrétaire d’Etat, nous sommes déterminés à protéger les Américains, les Irakiens et nos partenaires de la coalition », a insisté Morgan Ortagus. Une rhétorique qui marque le discours américain qui en prétendant parler au nom des autres peuples, ne fait que confisquer leur volonté.
On retrouve cette volonté d’accaparement dans la partie suivante de la déclaration d’Ortagus.
Washington veut avoir une « discussion » avec le gouvernement irakien « non seulement au sujet de la sécurité, mais aussi au sujet de notre partenariat financier, économique et diplomatique », a-t-elle assuré.
Ces termes signifient que Washington n’acceptera pas que l’Irak puisse s’ouvrir vers d’autres pays, à l’instar de la Chine et de la Russie. Comme a tenté de le faire le Premier ministre Adel Abdel Mahdi, lorsqu’il a opéré une ouverture de son pays vers les investissements chinois et les armements russes. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les Etats-Unis lui en veulent, et dirigent de loin les manifestations afin qu’elles réclament son départ et de nouvelles élections législatives.
Visiblement, les Etats-Unis se cramponnent davantage en Irak. Plus encore, le président Donald Trump veut y impliquer l’Otan davantage. « Une délégation de l’Otan se trouve au département d’Etat pour en discuter », a conclu Ortagus.
Il est clair que l’expulsion des militaires américains ne sera se fera pas par les moyens démocratiques. L’avantage de ces déclarations est qu’elles lève le voile sur le simulacre de respect au régime démocratique que les dirigeants américains -et occidentaux- affichent.
Source: Divers