En cas de sérieuse détérioration des relations entre les États-Unis et la Corée du Nord, le président américain Donald Trump étudiera-t-il l’option d’éliminer un haut dirigeant politique ou militaire de la Corée du Nord ?
L’attaque a eu lieu dans la nuit. L’avion à bord duquel se trouvait le chef des forces spéciales du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) le général Qassem Soleimani a atterri à l’aéroport de Bagdad juste après minuit. Le général iranien a été accueilli par le chef adjoint des Unités de mobilisation populaire de l’Irak Abu Mahdi al-Muhandis – principal allié de l’Iran en Irak, écrit Daniel DePetris, collaborateur du centre analytique Defense Priorities, dans un article pour le média The National Interest.
9 minutes plus tard, un drone américain MQ-9 Reaper, qui suivait les deux voitures, a attaqué le convoi. Soleimani et al-Muhandis ont été tués. Depuis, le président américain Donald Trump ne cesse de qualifier cette opération de merveilleux exploit.
L’assassinat de Qassem Soleimani a été un événement choquant du point de vue de la politique des États-Unis. Ni George W. Bush ni Barack Obama n’avaient osé le faire, jugeant cette démarche trop risquée. Après le meurtre du général iranien de nombreux experts ont changé d’avis au sujet du chef de l’État américain. L’ancien ambassadeur de France aux États-Unis Gérard Araud a déclaré à Bloomberg News que désormais les Américains étaient complètement imprévisibles. Nathalie Tocci, conseillère de l’ancienne chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, a qualifié la politique américaine de « plus irréfléchie » qu’au moment d’invasion de l’Irak 17 ans plus tôt.
D’où la question : si la tension dans les relations entre les États-Unis et la Corée du Nord se dégradaient sérieusement, Donald Trump songerait-il à l’élimination d’un haut dirigeant politique ou militaire de la Corée du Nord ? Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un deviendrait-il l’une des victimes potentielles ?
En temps normal une telle question semblerait étrange. Conformément à la législation, les États-Unis ne peuvent pas assassiner des hauts fonctionnaires politiques, sauf si ces derniers ne travaillent pas pour les gouvernements qui participent aux activités militaires dirigées contre Washington. C’est cet argument qui a été invoqué par la Maison blanche après la mort de Qassem Soleimani, qui a été également inscrit par Washington sur la liste des terroristes internationaux. Les États-Unis ont cessé les attentats contre de hauts fonctionnaires étrangers dans les années 1970, après l’interdiction d’une telle tactique par le président américain Gerald Ford.
Un attentat contre des dirigeants de pays dotés de l’arme nucléaire relève d’une pure folie. Même si l’arsenal nucléaire de la Corée du Nord n’est pas comparable à celui d’autres puissances nucléaires comme la France (30 ogives nucléaires), le Royaume-Uni (215 ogives nucléaires) ou le Pakistan (150 ogives nucléaires). Pyongyang possède entre 30 et 60 ogives nucléaires, ce qui est incomparable avec l’arsenal nucléaire américain (plus de 6.000 ogives).
Cependant, une arme nucléaire est une arme nucléaire. Le lancement d’une seule ogive entraînerait un immense préjudice, la mort de centaines de milliers d’individus, la paralysie politique et la panique au sein de la population. Ce n’est pas une voie qu’oserait suivre un dirigeant responsable. Tout président devrait d’abord se demander si l’assassinat d’un ministre, d’un général ou du dirigeant de la Corée du Nord vaudrait les conséquences et le préjudice pour la réputation subis suite à cette décision odieuse.
Conclusion : le meurtre du général d’un pays qui ne dispose pas de l’arme nucléaire est une démarche très risquée. Cependant, ce risque est d’autant plus grand s’il s’agit de l’assassinat d’un haut fonctionnaire d’un pays qui possède l’arme la plus meurtrière du monde.
Source : Observateur continental