Le taux de chômage de mai aux Etats-Unis, dévoilé vendredi 5 juin, pourrait frôler les 20%. Il montrera l’étendue des dégâts de la pandémie sur la première économie mondiale, secouée par des manifestations antiracistes qui ont remis en lumière les fortes inégalités.
Il faut faire un bond dans le temps de 80 ou 90 ans pour retrouver un taux aussi élevé, remontant à la Grande Dépression des années 30. Au pire de la crise, un Américain sur quatre était alors sans emploi.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis, il y a moins de trois mois, le chômage est passé de 3,5%, son niveau le plus faible depuis 50 ans, à 14,7%, son plus haut depuis 80 ans.
Pour mai, certains analystes tablent sur 19,5%.
D’autres sont moins pessimistes. Ceux de Barclays ont revu à la baisse leur prévision, et attendent désormais 17,5%.
« Alors que les Etats continuent d’assouplir leurs mesures de confinement, nous nous attendons à ce que l’économie passe de licenciements en hausse au réemploi » des salariés licenciés.
Aux Etats-Unis, ce sont chacun des 50 Etats qui composent le pays qui décident de la marche à suivre pour permettre aux commerces, restaurants, écoles, entreprises, de reprendre leur activité.
Ils entament progressivement leur reprise, depuis plusieurs semaines déjà pour certains comme le Texas ou la Géorgie.
Cela a permis au secteur privé du pays de détruire dix fois moins d’emplois en mai qu’en avril, selon des données publiées mercredi. Ce sont tout de même 2,7 millions d’emplois qui ont disparu.
Revenu des ménages blancs 70% plus élevé
Autre lueur d’espoir, les Américains qui s’inscrivent au chômage sont chaque semaine un peu moins nombreux que la précédente.
Ils étaient moins de deux millions la semaine passée, pour la première fois depuis que la crise du Covid-19 a frappé de plein fouet l’économie du pays mi-mars. Cela reste toutefois bien plus élevé que le niveau d’avant la pandémie.
« Au cours de la même semaine l’an passé, 220.000 demandes avaient été déposées », relève ainsi l’économiste indépendant Joel Naroff.
« Le rapport sur l’emploi de mai devrait indiquer la profondeur du trou dans lequel nous nous trouvons. Il est probable qu’il sera assez profond ».
Le PIB de la première économie mondiale pourrait chuter de 20 ou 30% en rythme annuel au deuxième trimestre, après avoir reculé de 4,8% sur les trois premiers mois de l’année.
Et tous les yeux sont désormais tournés vers les manifestations qui secouent le pays depuis la mort, il y a dix jours, de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc.
Elles ont mis en lumière les inégalités qui touchent les Afro-Américains, et sont exacerbées par la crise du Covid-19.
En avril, le taux de chômage était de 16,7% chez les travailleurs noirs (5,8% avant la crise), de 18,9% chez les travailleurs hispaniques (4,4% en février), de 14,2% chez les travailleurs blancs (3,1% en février).
En raison de « la longue histoire d’exclusion raciale, de discrimination et d’inégalités, il y a dans chaque famille (Afro-Américaine), moins de personnes actives, et des revenus et une épargne disponible plus faibles que chez les travailleurs blancs », selon une étude menée par Valerie Wilson et Elise Gould de l’Economic Policy Institute, et publiée lundi.
L’argent disponible chez les familles blanches (49.529 dollars) est, en moyenne, plus de cinq fois plus élevé que chez les familles noires (8.762 dollars), relèvent ces économistes.
Elles indiquent également qu’en 2018, « le revenu médian des ménages blancs était de 70% plus élevé que pour les ménages noirs (70.642 dollars contre 41.692 dollars) ».
Source: Avec AFP