Les deux plus hautes autorités religieuses de la communauté chiite au Liban ont implicitement critiqué les propos du chef de l’Eglise maronite, dans lesquels il s’en est pris à la communauté chiite, sur fond de la formation du gouvernement par le Premier ministre désigné Moustapha Adib, avec le soutien de la France.
Toutes les deux ont défendu la condition exprimée par le tandem chiite formé par le Hezbollah et le mouvement Amal de nommer leur candidat au portefeuille des Finances. Alors que M. Adib propose la rotation dans les ministères.
Dans son communiqué, le Conseil islamique chiite suprême, a fustigé des déclarations portant atteinte à la communauté chiite, estimant que le discours marque un glissement vers l’incitation confessionnelle qui déforme les réalités. Alors que le mufti jaafarite, Cheikh Ahmad Kabalan, a annoncé son refus d’éliminer une confession sous la houlette du bâton des Etats-Unis et de la carotte de la France.
Lors de son prêche de ce dimanche 20 septembre, le patriarche maronite Mgr Béchara Raï s’en est pris implicitement au tandem chiite, estimant que son attachement au ministère des Finances « entrave » la formation du gouvernement.
« A quel titre une communauté réclame-t-elle un ministère, comme s’il lui appartenait, et entrave la formation du gouvernement jusqu’à obtenir ce qu’elle veut, provoquant ainsi une paralysie politique ? Où la Constitution permet-elle un monopole sur un portefeuille ministériel? », s’est interrogé Mgr Raï. « Nous refusons pour des raisons constitutionnelles et non communautaires l’exclusivité et le monopole », a-t-il ajouté.
Ce à quoi le Conseil chiite a répondu: « ceux qui servent des objectifs suspects contre les intérêts de la patrie et de son peuple, persistent à déformer les faits et à induire en erreur les Libanais sur la question de la formation d’un gouvernement de salut et de réformes qui préserve l’unité du Liban dans sa charte, sa constitution, sa stabilité et son économie ».
« Si nous exigeons que la communauté chiite conserve le ministère des Finances, c’est par souci au partenariat national dans le pouvoir exécutif. Ce qui se passe entre les blocs parlementaires devrait s’appliquer entre les composantes politiques lors de la formation du gouvernement », a-t-il ajouté.
Le conseil chiite suprême a aussi répondu à la proposition faite par le Premier ministre désigné en faveur du principe de rotation dans les ministères.
« Si nous voulons mettre en place une rotation dans les ministères, il faudrait qu’elle se fasse dans les emplois de première catégorie. L’article 95 de la Constitution libanaise stipule que les emplois de première catégorie, y compris les ministères, doivent être partagés à parts égales entre musulmans et chrétiens, sans en attribuer aucun à aucune secte, tout en respectant les principes de compétence et de compétence ».
«La politique d’exclusion et d’isolement, contre laquelle l’imam Moussa Sadr a longtemps mis en garde, ne construit pas une nation, ne fait pas un État, mais contribue plutôt à frapper notre tissu national et à saper notre unité nationale », souligne le texte.
«Nous considérons que cette classe (politique) est responsable de l’effondrement économique du pays. Elle essaie une fois de plus d’imposer ses conditions à la formation du gouvernement alors qu’elle a provoqué l’effondrement à la suite d’une politique de quotas, de marchés, de gaspillage de fonds publics, de violation de la Constitution, et aujourd’hui elle essaie de s’imposer comme un sauveur pour la patrie », conclut le Conseil.
Quant au mufti jaafarite, il a objecté en disant : « le gouvernement n’est la possession d’aucun individu ou pays et le système politique est mauvais. Les réformes sont indispensables. Nos revendications ont pour cause votre système confessionnel, auquel vous tenez toujours. Vous êtes devant un choix entre un État civil et un État confessionnel divisé. L’audacieux est celui qui a le courage de choisir l’État civil et de la citoyenneté, et non pas de la confession ».
Et de signaler néanmoins : « tant que les quotes-parts confessionnelles existent, nous nous comporterons selon le principe de la réciprocité. Nous refusons ainsi l’élimination d’une confession au bénéfice des Etats-Unis ou la France ».
Source: Médias