La crise politique au Liban bute toujours sur le refus d’accorder au tandem chiite le droit de nommer le ministre des Finances, comme cela est de coutume depuis les accords de Doha.
Dernières évolutions : l’ex-Premier ministre et chef du courant du Futur Saad Hariri qui supervise les consultations entamées par son candidat le Premier ministre désigné Moustapha Adib a lancé une nouvelle initiative. Elle ne semble pas être du gout du tandem chiite, selon des sources proches, citées par la télévision al-Manar.
M. Hariri a annoncé vouloir aider M. Adib à trouver une solution en nommant lui-même pour le portefeuille des Finances un ministre qui appartient à la communauté chiite « tout en étant indépendant », c’est-à-dire sans aucun lien ni avec le Hezbollah ni avec le mouvement Amal.
« Une fois de plus, je prends la décision d’avaler le poison c’est une décision que je prends tout seul à l’insu de la position des ex-premiers ministres », a-t-il signifié. En allusion à Fouad Siniora, Omar Mikati et Tamam Salam qui prennent part aux tractations sur la désignation des membres du prochain gouvernement, à l’insu de tous les blocs parlementaires.
Hariri a aussi laissé entendre que son initiative ne voulait pas dire un aveu d’exclusivité à la communauté chiite ou à toute autre communauté du portefeuille des Finances.
« Ce sera une décision pour une seule fois seulement. Elle ne constituera pas une norme pour la formation des gouvernements dans l‘avenir », a-t-il insisté.
Ce à quoi des sources proches du tandem chiite ont répliqué, selon al-Manar : « nous ne voulons pas qu’il avale le poison. Et c’est souvent le tandem chiite qui lui épargné de le faire ».
Et de s’interroger : « De quel droit Hariri se permet-il de s’arroger le droit de définir et de poser ses conditions pour la nomination du ministre chiite ? Combien de fois ce tandem a écarté de Hariri le verre de poison que ses alliés voulaient lui faire avaler ?»
Et les sources proches du tandem de nier que la nomination du ministre des Finances par Hariri figure au cœur de l’initiative française.
« Elle ne figure nulle part dans cette initiative », ont-elles assuré.
Selon des observateurs, l’insistance du Premier ministre désigné à nommer lui seul les membres de son gouvernement est perçue comme une tentative d’écarter la communauté chiite du pouvoir exécutif, sous prétexte de respecter la Constitution. D’autant que le partage confessionnel régit toutes les nominations de la fonction publique.
Elle a soulevé la désapprobation des deux plus hautes autorités chiites, le Conseil islamique chiite suprême et le mufti jaafarite cheikh Ahmad Qabalane.
En réponse au chef de l’Eglise maronite Mgr Bechara Raï qui refusait d’accorder ce ministère au tandem chiite, cheikh Qabalane avait déclaré : « nous refusons d’éliminer une communauté sous la houlette du bâton des Etats-Unis et de la carotte de la France».
Source: Divers