Une fenêtre diplomatique semble s’ouvrir. Les Etats-Unis ont procédé jeudi à trois gestes à l’égard de l’Iran, sur fond d’intensification de discussions pour une relance de l’accord nucléaire (PGAC) conclu avec Téhéran et à l’approche d’une menace iranienne de s’affranchir de nouveaux engagements en riposte au maintien des sanctions US.
Des pourparlers en présence de Téhéran
Après une réunion virtuelle des chefs des diplomaties française, britannique, allemande et américaine, Washington a annoncé accepter une invitation de l’Union européenne à des pourparlers en présence de Téhéran pour relancer les efforts visant à restaurer cet accord.
« Les Etats-Unis acceptent une invitation du haut représentant de l’Union européenne à une réunion du P5 + 1 (un groupe rassemblant Etats-Unis, Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie) et de l’Iran pour évoquer la meilleure façon d’avancer concernant le programme nucléaire de l’Iran », a annoncé le porte-parole du département d’Etat, Ned Price.
Proclamation de sanctions annulée
L’administration de Joe Biden a annulé dans la foulée une proclamation unilatérale effectuée en septembre par le gouvernement de Donald Trump sur un retour de sanctions internationales contre l’Iran.
Dans une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU, obtenue par l’AFP, l’ambassadeur américain par intérim aux Nations unies, Richard Mills, indique que les sanctions internationales « levées par la résolution 2231 » de l’ONU en 2015 et confirmant l’accord nucléaire conclu la même année avec Téhéran « restent levées ».
L’annonce en septembre par l’administration Trump, qui avait décidé en 2018 du retrait des Etats-Unis de l’accord, avait été jugée nulle et non avenue par une large majorité des autres membres du Conseil de sécurité.
Allègement des restrictions imposées sur les diplomates iraniens
Le département d’Etat a également annoncé jeudi l’allégement des restrictions imposées sur les déplacements des diplomates iraniens auprès de l’ONU à New York.
L’Iran renouvelle son appel à la levée de toutes les sanctions imposées par Trump
Entre-temps, l’Iran a réitéré, ce vendredi 19 février, son appel aux Etats-Unis pour une levée de toutes les sanctions imposées par l’ancien président Donald Trump.
Téhéran « annulera immédiatement » ses mesures de rétorsion si les Etats-Unis « lèvent sans condition toutes les sanctions imposées, réimposées ou rebaptisées par Trump », a tweeté le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
Il a souligné que l’Iran était d’accord avec la décision de l’administration Biden de revenir sur l’affirmation largement discréditée de son prédécesseur, selon lequel l’ONU avait imposé de nouvelles sanctions liées au programme nucléaire de Téhéran.
La réunion américano-européenne et le triple geste de Washington sont intervenus après la fermeté affichée par les dirigeants iraniens, dont à leur tête le guide suprême l’Ayatollah Sayed Ali Khamenei.
« Aujourd’hui, je veux dire un seul mot : Nous avons entendu beaucoup de belles paroles, des promesses ont été faites, mais n’ont pas été tenues ou elles ont été violées. Les paroles et les promesses ne servent à rien », a affirmé mercredi 18 février le numéro un iranien.
Et d’ajouter : « Ce que l’Iran exige cette fois, c’est de l’action et seulement et uniquement de l’action. Si on voit de l’action dans le camp d’en face, alors on réagira par conséquence. La promesse et les paroles ne suffisent plus à convaincre l’Iran».
Menace de restreindre l’accès des inspecteurs de l’AIEA
Pour sa part, le gouvernement iranien prévoyait de restreindre à partir de dimanche l’accès des inspecteurs de l’AIEA à des installations non nucléaires, y compris des sites militaires suspectés d’avoir une activité nucléaire. Téhéran a menacé de s’affranchir de nouveaux engagements pris en vertu de l’accord de 2015 sauf si les Etats-Unis lèvent leurs sanctions unilatérales imposées depuis 2018.
De son côté, l’assistant spécial du président du parlement iranien pour les affaires internationales, Hossein Amir-Abdollahian, a écrit, jeudi, sur son compte twitter que dans seulement quatre jours, le délai prendrait fin pour les États-Unis et les trois États membres européens du PGAC de revenir à l’accord.
« Sans la levée effective des sanctions, le retrait de l’Iran du Protocole additionnel est définitif », a-t-il tweeté.
« Nous n’attendrons certainement pas les réunions et les promesses vides de la Maison-Blanche et des trois pays européens », a-t-il ajouté.
Il convient de rappeler que le problème avait débuté en 2018, quand Donald Trump a retiré les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et a réimposé des sanctions américaines dans le cadre d’une stratégie de « pression maximale » contre l’Iran.
Il voulait obliger la République islamique à revenir à la table de négociations pour la pousser à inclure le programme balistique iranien dans le cadre de l’accord nucléaire. Ce que Téhéran refuse toujours estimant que ce programme est une garantie de sa défense. A la suite de ce retrait américain, l’Iran s’est elle aussi progressivement affranchie des obligations qui lui imposait cet accord.
Mais après l’investiture du président Joe Biden, Washington et Téhéran estiment chacun que c’est à l’autre de franchir le premier pas: la République islamique exige la levée des sanctions prises depuis 2018 et les Etats-Unis réclament le respect des dispositions de l’accord.
Source: Divers