Les responsables israéliens voient d’un très mauvais œil les pourparlers qui se tiennent à Vienne et appréhendent plus que tout le retour des Américains à l’accord nucléaire conclu en 2015. Avant que l’ex-président américain Donald Trump n’en retire son pays en 2018.
S’étant réunis le dimanche 18 avril pour la première fois depuis les élections législatives, les membres du cabinet restreint ne se sont pas mis d’accord sur la position qu’Israël devrait adopter, selon les fuites obtenues par les médias israéliens.
Mais ils semblent toutefois d’accord que le retour américain à l’accord est imminent et qu’il va sérieusement entraver la liberté d’action d’Israël.
Selon les points de vue des responsables israéliens présents dans le cabinet, « il y a des inquiétudes en Israël au sujet de la renaissance de l’accord nucléaire d’une manière ou d’une autre », rapporte le Yediot Ahronot.
Même affirmation sur le site d’informations israélien Walla, qui a rapporté la conclusion d’un responsable israélien qui a participé à la session du cabinet : « Il n’y a pas de grand optimisme. Nous ne serons pas surpris si, dans quelques semaines, un accord est signé entre les Etats-Unis et les grandes puissances et l’Iran », lui a-t-il confié.
Conviction partagée par le Mossad et la division du renseignement militaire israélien dont deux hauts fonctionnaires ayant participé à la session du cabinet ont révélé selon le site qu’ils estiment que les négociations actuellement en cours à Vienne entre les États-Unis et le reste des grands pays et l’Iran « conduiront à un retour à l’accord nucléaire, la levée des sanctions américaines imposées pendant le mandat de Trump, la reprise par l’Iran de ses obligations de restreindre son programme nucléaire conformément à l’accord ».
Pour expliquer la fermeté des Iraniens, des ministres du cabinet ont remarqué un certain recul de la part de la nouvelle administration américaine qui leur a permis de deviner que l’option militaire n’existe pas.
Même constat de laxisme chez les Etats-Unis de la part de sources israéliennes non identifiées pour le Yediot Ahronot : « Les Américains font des concessions beaucoup plus que ne le veulent les Iraniens. Leur objectif est de se démener pour s’entendre à tout prix. Ils courent comme des fous vers un accord. Ils entendent nos inquiétudes, mais la question est de savoir s’ils écoutent », ont-elles dit.
Trois choses qui ne sont pas dans l’intérêt d’Israël
Selon le chroniqueur pour les affaires arabes de la chaîne 12 israélienne, Ehud Yaari, il y a 3 choses qui arrivent rapidement et qui ne sont pas dans l’intérêt d’Israël.
Il évoque des progrès dans les pourparlers de Vienne de sorte « qu’ils se sont assis pour la formulation » de l’accord. Ce qui signifie qu’il est fortement probable qu’un accord soit trouvé entre Washington et Téhéran.
D’après Yaari, l’allusion américaine qu’il y aura une levée des sanctions contre l’Iran est « très claire », et pas seulement celles liées à la question nucléaire depuis l’ère Trump, mais aussi certaines sanctions liées aux missiles et autres questions similaires. En conséquence, les Iraniens recevront de larges incitations financières.
Comme troisième point, l’analyste israélien constate que les États du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, se dépêchent de chercher des accords et un compromis avec les Iraniens.
Les Américains friands de l’accord
Un ancien chef du Conseil de sécurité nationale, le professeur Yaqoub Nagel estime quant à lui que « les membres de l’actuelle administration américaine sont friands de l’accord signé en 2015 ».
« De nombreux responsables actuels de l’administration actuelle étaient à l’origine du premier accord nucléaire, dont la vice-ministre des Affaires étrangères, Wendy Sherman, qui était l’une de ses ingénieurs dans l’administration de l’ancien président Barack Obama », a-t-il précisé pour le site d’informations israélien Makor Rishon.
Ce site s’est fait aussi l’écho des dernières divergences entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’administration américaine.
Lui met en garde Joe Biden contre le retour à l’accord, tout en assurant qu’«Israël n’acceptera pas programme nucléaire iranien ».
Alors que l’administration américaine, lui envoie un message dans lequel elle dit : « Nous sommes prêts à vous emmener avec nous et à entendre ce que vous avez, mais nous ne tolérerons pas des actions comme celles de l’ère Obama. »
Le comportement israélien froisse les Américains
« La semaine dernière, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, était ici, et lors de sa visite, il a été confronté à toute l’arrogance israélienne », a rapporté la chroniqueuse des affaires politiques de la chaîne 12, Dana Weiss selon laquelle « l’administration américaine qui voudrait qu’Israël lui permette de mener à bien les négociations semble avoir moins peur des menaces de Netanyahu ».
Washington avait aussi fait part à Netanyahu que les récentes attaques anti iraniennes nuisent aux négociations avec l’Iran, et les Américains étaient particulièrement en colère contre les mots de « fanfaronnade » en « Israël » à la suite des attaques, taclant que l’affaire les embarrassait et pourrait saboter les négociations avec l’Iran.
Revers israélien
Même dans les médias israéliens, l’efficacité et la rentabilité de ces attaques sont amplement contestées.
La première contre un navire iranien en face des côtes érythréennes aurait dû dissuader les Américains d’aller vers les négociations de Vienne.
La seconde, en l’occurrence l’acte de sabotage du site de Natanz, n’a pas réalisé les attentes prévisibles.
Des commentateurs militaires se targuaient le lendemain qu’il allait neutraliser le travail du réacteur pendant 9 mois, et ôter à Téhéran une importante carte de pression sur les pourparlers, alors qu’il venait d’entamer l’enrichissement de l’uranium à 20%.
Mais deux jours plus tard, l’attaque a eu l’effet inverse en poussant les Iraniens à procéder à un enrichissement de 60%.
Après ces deux attaques, les négociations sont reparties de plus belle.
Source: Divers