Au lendemain de l’investiture de Donald Trump, le professeur italien d’histoire économique Giulio Sapelli a confié aux journalistes de Sputnik son avis sur le développement ultérieur des relations bilatérales entre Moscou et Washington.
Interviewé par Sputnik, le professeur d’histoire économique de l’Université de Milan, Giulio Sapelli, s’est prononcé sur les enjeux politiques des relations russo-américaines dans la foulée de l’investiture de Donald Trump, notamment face à la puissance croissante de la Chine.
D’après le professeur, Vladimir Poutine et Donald Trump ont un intérêt commun à assurer la stabilité au Proche-Orient et à restreindre les revendications territoriales de la Chine dans l’océan Pacifique.
« Le fait que le président Trump ait tendu une main de coopération au président Poutine dénote une prise de conscience de Washington, pour lequel une poursuite ultérieure du rapprochement entre la Russie et la Chine reviendrait une tragédie. En outre, le président américain ne croit pas en la capacité de l’Europe de se réunir politiquement et économiquement et il est prêt à reconnaître le rôle clé de Moscou dans le règlement de la crise actuelle au Proche-Orient », a souligné le locuteur de Sputnik.
À l’en croire, la Guerre froide a touché à sa fin depuis longtemps, et ces derniers temps il n’y avait « aucun risque réel d’une guerre nucléaire ».
« Les États-Unis, suppose le professeur, souhaiteront sous peu développer des relations diplomatiques avec la Russie. Cependant, la Chine — épaulée par le Royaume-Uni — y fera obstacle par tous les moyens possibles. Pékin est en train d’ouvrir à Londres une banque du Fonds de la Route de la soie en vue d’élargir davantage les relations bilatérales. La Grande-Bretagne parie gros sur cette coopération, notamment après le Brexit. »
D’autre part, la première ministre britannique Theresa May mise sur « le développement des relations bilatérales avec les États-Unis », ce qui pourrait compliquer davantage la donne.
Concernant les sanctions antirusses, le professeur affirme qu’elles doivent être levées au bénéfice de tous les pays. « Qu’à cela ne tienne, je ne m’en remettrais pour le moment pas aux promesses de Donald Trump à cet égard, une partie de l’establishment ne le considère pas encore comme président. Par conséquent, il a besoin de s’affirmer dans sa fonction, ce qui pourrait prendre beaucoup de temps. »
Ainsi, dans la perspective du sommet à Taormine, qui aura lieu en mai prochain, l’Italie pourrait selon lui proposer à la Russie de réintégrer le G8, sinon « il ne vaudrait pas la peine de parler de stabilité à l’échelle mondiale ».
« Il était erroné de la part du président Obama et des dirigeants de l’UE d’accorder trop d’importance aux réclamations de la Pologne et de certains pays d’Europe de l’Est vis-à-vis de la Russie, qui ne sont toujours pas parvenus à appréhender leur nouveau rôle dans le monde suite à la chute de l’USSR », a conclu le professeur.
Source: Sputnik